L'Espion

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CHAPITRE 2: Les adieux

Je n’avais même pas trente ans quand je vis l’une des histoires les plus bizarres de toute ma vie. Je m’en souviens très bien parce que je dus travailler sans arrêt pour l’événement le plus important de l’histoire américaine: l’arrivée de l’homme dans la lune.

Ce fait changea toute conception existant jusqu’à présent par rapport à l’univers et l’on commença à penser que tout était plus proche, plus accessible et que, dans quelques années, nous pourrions coloniser aussi cet astre voisin.

Mais comment nous étions naïfs! Tant d’émissions à la télé où les journalistes et les intellectuels passaient les heures à discuter sur les questions qu’on devait aborder premièrement, ou à dire que ce fait était le premier pas pour coloniser d’autres planètes… tout ces discussions, tant de projets et sans aucun résultat. Il y avait même des individus qui décidèrent de vendre des parcelles de terrain pour ceux qui voulaient avoir un endroit là-bas au moment de la colonisation. Maintenant, après tous ces dizaines années, rien ne reste de cette histoire parce que rien n’était vrai. Les techniciens à ce moment n’y croyais pas, et on pourrait dire que son intérêt à la colonisation continue à être nul.

A l’époque je faisais partie d’une opération secrète qui ne se développait pas sur le territoire ennemi, mais dans un pays allié. Je devais découvrir, reproduire et renvoyer toutes les avancées technologiques en matière de codification et de déchiffrage, c’est à dire, dévoiler l’art du décryptage, et j’étais autorisé à utiliser tous les moyens à ma disposition. J’admets de les avoir utilisés à chaque fois qu’il le fallait, parce que mes patrons voulaient des résultats, mais il y avait toujours une justification acceptable. Parfois les scientifiques disparaissaient pendant les vacances ou l’on devait mener l’enlèvement d’une personne de leur famille pour obtenir leur coopération… Cela n’était pas agréable, mais c’est du boulot!

Au moins je n’étais pas en charge du sale boulot. Je devais seulement poser des questions et vérifier les informations que j’obtenais de la part des scientifiques. Une fois les codes étaient découverts, on les libérait parce qu’ils n’étaient plus dangereux. Il est vrai que nous dûmes visiter à nouveau certains d’entre eux parce qu’ils essayèrent de recréer d’autres codes afin de continuer à cacher des messages, mais ce n’est pas grave.

D’autre part, pour maintenir ma position dans ce pays, je menais une deuxième vie en tant que professeur d’université que j’utilisais comme couverture. Ce travail m’autorisait à accéder les bibliothèques et me mettait en relation avec les autres professeurs pour connaître tout le progrès dans leur carrières pendant que je restais aussi au courant des nouvelles découvertes d’autres scientifiques qui m’intéressaient. Le corps professoral ne le savait pas, mais ils étaient mes oreilles. A chaque fois qu’ils apprenaient des informations à propos d’une découverte ils venaient m’en parler et après, sans que personne ne l’ait su, je visitais ces scientifiques pour obtenir davantage d’informations.

Je commençai même à avoir du succès dans le monde des échecs, mais toujours de manière amicale parce que je ne voulais pas être reconnu dans des parties publics et perdre ma couverture, au cas où je devais changer de destination d’un coup, il était mieux que personne n’ait pu me reconnaître. En dépit des dangers, parfois d’autres universités m’invitaient à faire des exposés et, plus tard, je jouais deux ou trois parties avec ceux qui étaient apparemment les plus forts de l’établissement.

Je dois dire que je gagnais toujours la première partie sans problèmes et dans la deuxième, j’aimerais pas dire que je me laissais gagner, mais je ne voulais pas humilier l’institution qui m’avait accueilli.

Quand finalement j’étais tout seul, je rédigeais le rapport concernant mes avancées et toutes les informations recueillies avec la coopération des scientifiques dont je réussissais à faire parler. Tout semblait assez simple et je dirais même d’être devenu un expert. Cependant, d’une manière soudaine, je reçus une nouvelle destination: L’Israël.

Au début j’étais un peu décontenancé parce que je n’avais rien entendu auparavant par rapport à ce déplacement ni personne m’avait rien suggéré ou posé des questions à ces propos. Alors, je demandai une confirmation des instructions, vu que ce n’était pas la première fois que je pourrais être l’objectif des fausses informations à cause de ma position et des détails dont j’étais toujours au courant.

Comme on le dit parfois, j’appris de force à me méfier puisque j’étais déjà tombé dans le piège d’autres fois, en Espagne par exemple, et malgré le temps qui s’était déjà passé, je n’arrivais pas encore à identifier ceux qui me souhaitaient le pire.

Après confirmer mes instructions, je séparai mon équipe de soutien (ceux qui menaient à terme le sale boulot, les enlèvements et les extorsions), je pris mes valises et je m’adressai de nouveau vers un avenir incertain dans cette colonie britannique qui montrait une progression très faible.

Au début je pensai qu’il s’agissait d’une punition, mais personne m’avait jamais dit d’avoir mal fait mon travail, alors je ne comprenais pas qu’est-ce que je faisais là. C’est vrai aussi que beaucoup de fois ils envoyaient directement ces personnes gênantes (ou qui ne travaillaient pas bien) aux pires destinations et, souvent, elles ne retournaient jamais.

Je ne connaissais presque rien à propos de ce nouvel endroit, sauf qu’il était dans le désert et que tout ce dont j’étais habitué était bien le contraire: des étés tempérés et doux, des hivers pluvieux, mais toujours avec des températures très agréables, pas le désert!

J’allais tout abandonner: mon poste à l’université, ma position privilégiée et le confort de ma façon de vivre pour partir au désert? Je ne comprenais rien. Néanmoins, c’est comme ça que les ordres fonctionnent, il faut toujours être prêt à les suivre. J’imaginais que cela serait comme rentrer à la maison, bon, pas à ma vrai maison mais au moins aux entraînements militaires en Arizona (c’était en Arizona, ou non? Si, si! C’était là-bas! Alors qu’est-ce qu’il s’est passé en Pennsylvanie? Peut-être c’était là-bas que je rencontrai mon premier amour).

C’est terrible ce problème de mémoire qui me fait tout échanger, les dates avec les endroits, les noms… et le pire est que je ne me rends pas compteà moins que quelqu’un ne me prévienne, et parfois même pas comme ça.

Un jour je me souviens de parler par téléphone avec quelqu’un à propos d’un rendez-vous, pour le médecin je pense, et je demandais si le 6 du mois suivant était libre:

–Bien sûr, monsieur! La voix me dit de l’autre côté du téléphone, à jeudi prochain, alors!

–Jeudi prochain? Excusez-moi, je vous avais dit le 6, c’est mardi.

–Désolée, monsieur, mais j’ai le calendrier juste devant moi et le 6 c’est jeudi.

–C’est impossible, madame! Jeudi prochain c’est le 9.

–Nous parlons bien du mois de mars, n’est-ce pas?

–Mais si! Qu’est-ce que vous en pensez madame? Je sais quel mois on est!

–Mais… de quelle année? elle se doutait.

–Comment la quelle? Ben, 1984, je répondis déconcerté par sa question.

–Non, monsieur! Nous sommes en 1990! Vous devez avoir un vieux calendrier, elle me dit.

–1990? Mais comment serait-il possible, madame? Pensez-vous vraiment que je ne sais pas dans quelle année nous sommes? demandai-je assez contrarié.

–Excusez-moi, monsieur, je ne veux pas vous contredire, mais nous sommes en 1990.

–Je vous crois pas! Qui est le président…?

–Monsieur, je ne vois pas comment cette conversation pourrait nous aider. Pourrais-je parler avec quelqu’un d’autre afin de trouver une solution?

Ensuite, ma femme prit le téléphone et s’excusa de ma cervelle d’oiseau. Le pire était qu’après avoir fini la conversation j’étais toujours convaincu d’avoir raison. Heureusement, j’avais ma femme pour me calmer en me disant:

–Mais ce n’est pas grave! T’inquiète pas, je t’emmènerai chez le médecin le jour du rendez-vous.

Voilà la mémoire! C’est normal qu’au fil du temps elle commence à échouer un peu parfois, mais je détestais quand quelqu’un m’embarrassait lorsque j’oubliais quelque chose. Il y avait des fois où je passais les heures à tourner et retourner dans ma tête ce que j’avais oublié pour essayer de comprendre comment ou pourquoi c’était passé. Bien entendu, je ne restais pas longtemps fâché parce que quelques minutes après j’avais aussi oublié la raison de mon irritation et je m’arrêtais.

J’ai gaspillé autant de temps en essayant de rappeler! Quelques fois j’y réussissais et je restais étonné de m’avoir fâché à cause d’une telle bêtise, mais pour moi il était vraiment compliqué de contrôler mes sentiments.

Je devins de plus en plus intransigeant, tout m’embêtais… surtout quand j’attendais quelque chose de quelqu’un et ils ne tenaient pas leurs promesses. Lorsque je me trompais, par contre, ou lorsque j’oubliais quelque chose, je trouvais toujours des justifications et, pour minimiser mes erreurs, je me persuadais d’être déjà un peu âgé, il n’y avait pas de problème, tout se passait bien.

Comment on change au cours des années! Avant j’accomplissais toutes mes tâches évitant toute possibilité d’erreur. C’est évident aussi que je n’avais des problèmes de mémoire à l’époque, au contraire, grâce à mon travail et aux échecs ma mémoire était privilégiée et souvent comparée avec une encyclopédie avec des pattes.

Pour le reste du monde, les mitzvot (les 613 mandats de la Torah) pourraient sembler très nombreux, mais pour moi ils étaient tout à fait la façon de vivre la plus courante. Tout était déjà préétabli, on savait ce que l’on devait et ce que l’on devait pas faire sans ambiguïté et cela m’apportait du calme parce que je saurais comment réagir quand je trouverais des nouvelles situations dans la vie.

 

Bien que je ne sois pas extrêmement dévoué à la religion, je pense que j’étais un bon juif (au moins c’est cela que je disais à mon capitaine dans nos voyages entre la base anglaise et l’Israël. Il s’avère qu’ils me voulaient là-bas en tant qu’interprète parce que mon chef ne parlait pas l’hébreu et, même si cela semble bizarre, l’anglais n’était pas la langue officielle du territoire, mais l’hébreu, qui était la langue la plus abondante entre les migrants européens.

Mon capitaine avait demandé mes références pour être sûr de ma loyauté, puisqu’ils avaient eu quelques problèmes avec les collaborateurs civiles qui s’étaient proposés à faire l’interprète. Cependant, mes documents étaient en règle et, même si mes références ne portaient pas de manière explicite sur mes origines militaires, il était impossible de trouver des ambiguïtés parce que le service d’intelligence ne laissait jamais de questions en suspens.

J’avais déjà passé tellement de temps infiltré dans d’autres pays que parfois je n’arrivais à m’en souvenir du nom, du métier ou de «mon passé» pour les missions de chaque jour. Pour éviter de me tromper et pour savoir quelle langue et quelles traditions il y avait dans chaque pays, je essayais de porter avec moi un photo avec la tenue la plus typique que j’avais trouvé dans ce pays spécifique, de manière que d’un clin d’œil je m’en souvenais d’où j’étais, quelle était ma mission et quelle était mon identité à ce moment.

Bien qu’il ne s’agisse que d’apparences, j’étais très méticuleux dans mon travail parce que je valorisais beaucoup le travail de toutes ces personnes qui avaient consacré son temps à chercher ma destination, mon identité et à créer une histoire persuasif: parfois j’étais père de famille ou je venais de me marier ou j’étais célibataire… Justement l’histoire la plus convaincant pour éviter les soupçons dans chaque pays.

De même, je devais adapter mon accent à «mon pays d’origine» à travers le changement de ton, qui était très persuasif et qui me semblait assez facile parce que j’étais assez fort en langues. En plus, nous apprenions avec des natifs, ce qui nous aidait beaucoup à trouver le bon registre. Presque personne connaissait la vérité de mon histoire ou de mon vrai passé, parce que nous changions de camarade dans chaque mission et nous étions obligés de ne pas dévoiler trop d’informations personnelles, ce qui rendait la vie très, très solitaire, mais la solitude était un impératif pour notre travail.

Je naquis en Pologne, dans une famille juive orthodoxe et c’est de cette manière que je commençai à être si doué pour les langues, parce que chez-moi nous en parlions plusieurs.

Quand j’étais très petit ma mère s’obstina à me faire apprendre l’anglais et le français. Je ne comprenais pas pourquoi je devais apprendre des langues des endroits où je n’avais même pas écouté en parler, mais cela me permit de pouvoir communiquer dans quatre langues alors que je n’avais que dix ans: l’anglais, le français, l’hébreu et, bien entendu, le polonais.

Plus tard je commençai à m’intéresser au russe et à l’espagnol et je pense vraiment que l’étude de langues à un si jeune âge rendit beaucoup plus facile l’acquisition d’autres connaissances. Il y a des fois où les gens me demandent si je m’emmêlais jamais les pinceaux avec toutes ces langues, mais je leur réponds qu’il s’agit de quelque chose de naturel pour moi, je ne dois rien faire de spécial. Lorsque je suis en train de parler en anglais, si quelqu’un arrive et me pose une question en français, par exemple, je peux répondre sans problème puisque je comprends la langue. C’est tout un atout dans ma vie, et il m’a offert beaucoup d’opportunités pour arriver, cette fois-ci, en Israël.

Toujours les mêmes instructions: découvrir des nouvelles clés de codification et les envoyer au commandement. Bien sûr, pour sécuriser l’envoi de données, j’avais développé un code spécial qui portait sur des informations familiales ou, plutôt, sur des informations pour ma famille.

Je faisais semblant d’écrire à la maison et leur raconter mes voyages. Je demandais à propos d’un membre spécifique de la famille et, comme ça, je leur disait si j’avais trouvé des détails importants ou pas. Il s’agissait d’un code tout simple, mais très efficace pour éviter de le déchiffrer, parce que tout le monde penserait qu’il ne s’agissait que d’une autre lettre d’un soldat, comme les centaines qu’ils envoient tous les jours.

Cependant, lorsque j’découvrais un nouveau code, j’envoyait quelque chose de plus spécial, comme par exemple un petit souvenir enveloppé de papier journal dans lequel j’écrivais à l’encre invisible les caractères dont ils auraient besoin pour déchiffrer le message caché.

Au début, il me semblait un peu compliqué de transporter un pot d’encre indétectable partout où j’allais, mais après j’appris la méthode la plus ancienne: utiliser du citron. Il crée de taches invisibles et sans odeur sur le papier qui ne deviennent visibles qu’avec le reflet à contre-jour, avec une bougie ou une lampe, de manière qu’on peut voir clairement la trace de l’acide.

L’entraînement d’intelligence était composé par une large quantité de méthodes pour recevoir et envoyer tout genre d’informations, bien à l’intérieur de certains objets ou cachées entre ces objets. J’utilisais cette méthode partout mais, évidement, il fallait attendre que le récepteur ait des détails à propos de la réception pour pouvoir identifier correctement le paquet, afin d’éviter des malentendus ou des pertes d’informations.

Au contraire qu’en Espagne, je fus très bien accueilli en Angleterre où, apparemment, ils étaient très surpris de mes ruses pour y arriver. Après communiquer avec mon commandement, et après quelques jours sans nouvelles, ils m’envoyèrent avec les capitaine pour aider à examiner les troupes dans une colonie près de l’Egypte.

Au début j’aimais bien l’idée d’y aller parce que je pensais que je n’aurais pas beaucoup à faire, vu que je ne connaissais pas l’arabe, mais lorsque j’appris que je devais aller en Israël, je tremblais comme une feuille!

Je ne suis pas trop radicale, mais je fus élevé en tant qu’orthodoxe et, pour nous, l’Israël est un pilier comme par exemple le monument à Lincoln pour les américains. C’est un endroit si spécial, notre rêve, cela me prit totalement au dépourvu. En plus, j’aurais enfin l’opportunité de ressortir l’hébreu parce que je ne l’avais plus utilisé depuis la dernière fois que je vis mes parents aux États-Unis. En fait, je n’utilisais ni l’hébreu ni le polonais, parce que je n’avais pas encore eu l’occasion.

Quelques jours après, nous arrivâmes en Israël. Le capitaine m’envoyait (un peu trop insistant) de bout en bout pour vérifier chaque poste de contrôle et pour interroger toute personne juive qu’on se croisait dans la rue. Je ne sais pas qu’est-ce qu’il voulait ou cherchait en réalité, mais il me mettait dans des situations très tendues, surtout quand ces juifs me demandaient en hébreu comment je pouvais être au service de ces personnes. Je me limitais à traduire et à leur demander de répondre aux questions des agents, même quand je pensais que certaines étaient très malvenues.

Finalement, j’étais libre les soirs parce que mon capitaine à peine sortait de la base et, s’il le faisait, il emmenait toujours ses gardes du corps. Cependant, comme il détestait ce climat, il préférait rester à la base pour se reposer, parce que c’était dans sa chambre qu’il se sentait le mieux.

Moi, par contre, je sortais de la base toujours que je pouvais pour me balader entre ces ruelles et passer du temps avec les gens. Comment c’était bizarre d’être là! Un jour je me promenais pendant que j’étais dans la lune quand, soudain, j’entendis:

–Regardez-là! Vous venez pas avec votre garde du corps?

–Quel garde du corps? Je lui demandai un peu surpris par ces mots.

–Comment pouvez-vous travailler pour eux?

Je fis demi-tour et je vis un homme assez âgé avec une barbe très longue et habillé en noir de la tête aux pieds. Il était évident que je me trouvais devant un rabbin, ou au moins il le rassemblait beaucoup.

–Excusez-moi, monsieur, mais c’est mon métier!

–Et pourquoi vous avez choisi ce métier? Il y en a plein d’autres beaucoup plus respectables!

–Désolé, mais c’est comme ça que je donne à manger à ma famille. J’ai passé des années à travailler pour aider les miens.

–Un noble propos, sans doute, mais pas sur le bon chemin. Vous devez penser si vous servez les hommes ou le Créateur!

A ce moment là je restai muet, sans savoir quoi dire, parce que de même qu’il faisait longtemps que je ne parlais pas en hébreu ou en polonais, il faisait les mêmes années que je ne pratiquais pas ma religion, malgré l’importance et l’insistance de ma mère de suivre la Loi de manière minutieuse et jusqu’aux dernières conséquences.

Lorsque je levai le regard, cet homme était disparu sans m’offrir l’opportunité d’y répondre, mais peut-être il connaissait déjà la réponse. Je déambulai par les rues, de droite à gauche sans direction pour essayer de m’éclaircir les idées. Cet homme ne m’avait posé qu’une seule question, mais ce n’était pas simple du tout pour moi d’y répondre. Je continuai à marcher pendant quelques minutes jusqu’à ce que je trouvai une chaise sous une toile qui faisait de parasol dans un café.

–Qu’est-ce que je peux vous offrir! Me demanda ce jeune-là.

–Un thé, s’il vous plaît, très, très froid! Je répondis.

Quelques instants plus tard il m’apporta le thé et je me perdis dans ma pensée et dans les mots de cet inconnu pendant que je faisais tourner le sucre que j’avais mis dans le verre.

Si quelqu’un me voyait… Je sais que je ne paye pas de mine avec ses airs militaires. Personne ne pourrait me reconnaître. La première chose que je dus faire à l’entrée dans l’armée fut de me raser les cheveux et c’était très touchant pour moi quand ils enlevèrent mon peiot, les deux boucles typiques qu’il ne faut jamais couper selon le mitzvah, je perdis mon signe d’identité. Heureusement que mes parents ne m’ont jamais vu comme ça. Ils pensaient toujours que je deviendrais quelqu’un de très important, par contre, pas pour les hommes, mais pour le Créateur.

Ma mère me parlait souvent de l’importance d’accomplir nos devoirs tout le temps puisqu’Il nous observait en tout moment et, quoi qu’il arrive, nous ne devions jamais perdre la protection d’en haut. Tant et tant d’anecdotes qu’elle me racontait… Comment elles étaient loin! Cela pourrait bien être la vie d’une autre personne. Où sont toutes ces heures d’étude et toutes les discussions entre camarades ou avec les rabbins à propos du Talmud? Eh oui, c’était l’un de mes passe-temps préférés, essayer de mettre en doute tous les aspects de la vie et les réfuter avec des arguments et des explications.

Dès que j’arrivai dans l’armée tout devint différent, mon passé et ma vie restèrent en arrière pour essayer de m’intégrer et de cacher que ma famille et mes origines n’étaient pas les mêmes que celles du reste. Par contre, maintenant que j’étais à Jérusalem, tout semblait d’avoir pris plus de sens en quelque sorte.

Qui pourrait imaginer que j’allais passer du temps dans ces territoires? En marchant sur les sols de mes ancêtres, là où l’histoire de mon peuple commença, cette terre me semblait néanmoins très inconnue et me provoquait des sentiments très drôles.

Je passai la main sur mon visage rasé, comme les ordonnances l’indiquait, et je me rendis compte que se visage ne montrait pas qui j’étais en réalité, je n’étais pas l’image dont j’avais été élevé. Cependant, je voyais les autres juifs qui respectaient la mishnah, les lois juives, avec leur kippah qui était indispensable, ou les autres juifs provenant d’Europe qui portaient aussi le caftan noir et la steimel, une sorte de bonnet en cuir. Après il y avait moi, avec mon uniforme militaire de soldat britannique.

J’étais plongé dans mes réflexions quand deux femmes passèrent devant moi et l’une d’elles sourit après me regarder. Je n’accordai pas d’importance à ce fait mais, en me réveillant de mes distractions, je me levai et suivant la stimulation la plus bizarre que j’eus en moi, je dis:

–Bonsoir mesdames! Pourriez-vous me dire quelle heure il est?

–Mesdames? Elles rirent, à quoi sert votre montre sur le poignet alors?

 

J’avais cherché la première excuse que je pus! Alors je regardai ma montre et dis:

–Ah, elle ne marche pas!

L’une des femmes saisit mon poignet, le leva et dit:

–Apparemment maintenant elle marche!

–Ah bon? Merci… Je réussis à dire avant qu’elles soient parties en rigolant.

Je me sentais très mal, je ne savais pas pourquoi je m’étais levé et, surtout, pourquoi j’avais utilisé une excuse si terrible! Après toutes ces années de service j’avais oublié une partie très importante de ma personnalité: devenir homme de famille, de ma famille. Nous avons tous l’obligation de former notre famille afin de transmettre nos connaissances et les idées que nous avons apprises aux nouvelles générations.

En échange l’armée m’avais attrapé pendant si longtemps que maintenant je ne faisais rien d’autre que travailler. Qu’est-ce qu’il s’était passé avec ces femmes? Elles avaient réveillé quelque chose en moi… ou c’était le thé? ou peut-être cette ville? Ah, je me sentais complètement perdu.

Bien sûr à ce moment-là je n’avais pas tous les informations que j’ai aujourd’hui. Si j’avais su tout ce que je sais maintenant, j’aurais préféré rentrer aux États Unis ou même en Angleterre. Au moins ma vie là-bas aurait été différente, je ne dis pas mieux, mais elle aurait été beaucoup plus simple probablement.

En Angleterre je serais de nouveau à l’université et, aux États Unis, ils m’auraient envoyé diriger un centre d’intelligence ou de support logistique, ou dans un endroit où ils accorderaient de l’importance à mes années d’expérience. J’étais en Israël, par contre, et c’est là-bas que je vécus la situation la plus risquée et la plus bizarre que j’ais jamais connue.

Après toutes ces années je vois comment la scène commença à prendre sa forme pour me conduire jusqu’à mon destin, si l’on peut dire que c’était mon destin! Je pense que cela serait l’idée d’une personne athée, mais j’en suis sûr qu’il y avait quelqu’un qui me guidait pour accomplir une mission.

Comment ça change quand on regard les faits au fil du temps! Toutes les bêtises et tout le temps perdu juste par méfiance et par le manque de foi dans le Créateur.

Cela me fait de la peine quand je vois maintenant un jeune soldat tout habillé, tout enthousiaste et plein d’espoir, mais tellement perdu en même temps, puisqu’il ne connaît pas ce que l’avenir lui réserve.

Il y a très peu de soldats qui continuent sa carrière militaire. Au maximum ils passent quelques années dans l’armée, que cinq ou six années, et c’est fini. D’autres abandonnent directement le corps, bien qu’ils n’aient nulle part où aller.

L’armée aussi commence à rejeter certains d’entre eux pour quelques positions à l’avant-garde, parce qu’ils savent que les soldats perdent son enthousiasme et les reflets au cours du temps.

Par contre, c’est différent pour d’autres postes. Plus d’expérience on acquiert, plus on progresse! On remonte petit à petit parce que les résultats sont positifs et on peut toujours améliorer et offrir des nouvelles réponses. Ces postes appartiennent normalement au département d’intelligence et ce le genre de postes dont j’ai consacré toute ma vie.

Qui pourrait l’avoir imaginé? Moi, un «simple mathématicien» comme mes supérieurs adoraient m’appeler. J’arrivai très, très loin juste parce que j’étais au bon endroitet au bon moment : L’Israël.

L’Israël fut l’endroit qui changea vraiment ma vie dans tous les sens. C’était très différent de ce que j’avais imaginé et je trouvai des gens dont leur vie était un combat sans cesse pour la survie. En plus, c’est aussi là-bas que je découvris mes origines malgré la distance avec mes terres et avec mes parents.

J’ai l’impression que c’était hier quand je leur dis au revoir, presque sans préavis et après beaucoup y réfléchir. Tout commença pendant le long voyage en bateau qui nous amena en Amérique. Après, nous dûmes nous inscrire au registre et, ensuite, quelqu’un vint nous récupérer.

Tout se passait assez bien au début. Nous arrivâmes dans une communauté juive qui augmentait chaque jour davantage. Ils nous accueillirent totalement et partagèrent tout ce qu’ils en avaient, même leurs maisons et leurs aliments.

A ma mère lui manquait beaucoup notre pays d’origine. Ce nouveau territoire lui semblait très étrange et elle ne sortait pas beaucoup parce qu’elle ne se sentait pas à l’aise et ne maîtrisait pas la langue. Elle pensait qu’elle aurait des problèmes si les policiers l’arrêtait dans la rue et lui posait des questions, mais elle ne se rendait pas compte qu’elle était déjà en sûreté dans ce pays et ne pouvait pas surmonter les choses qu’elle avait vécu auparavant.

Mon père, de son côté, passait les journées dehors pour chercher du travail. Certaines de nos nouvelles connaissances lui avait proposé un travail, mais mon père rejetait toujours leurs offres. Je ne sais pas s’il était trop orgueilleux ou s’il ne voulait pas trop abuser de la gentillesse de nos confrères.

Le problème était qu’en réalité aucun ne parlait l’anglais que pour dire bonjour, alors c’était très compliqué de pouvoir mener une vie normale. Moi, en échange, comme ma mère avait voulu que j’apprenne cette langue quand j’étais petit, je me débrouillais très bien et faisais l’interprète pour eux toujours qu’il le fallait.

C’est vrai que ce pays était très différent. Il y avait une atmosphère très étrange de diversité. Il ne s’agissait pas d’une culture, mais d’un mélange de plusieurs cultures et de personnes qui avaient des couleurs de peau très bariolées et des religions très différentes.

Pardon, allons au faits! Pendant que nous étions dans le bateau, j’avais écouté d’autres jeunes parler de l’armée et de ses intentions de s’enrôler puisque, apparemment, c’était la manière la plus facile de recevoir la nationalité. D’autres disaient qu’ils pourraient comme ça apprendre un métier et, aussi, ce qui m’intéressait le plus: l’armée couvrait les repas, offrait un toit et payait un salaire. J’étais assez étonné! Si l’on recevait à manger, un hébergement et des habits, qu’est-ce qu’on allait faire avec le salaire?

Cela me sembla la meilleure des solutions si mon père ne trouvait pas de travail (justement c’est comme ça que tout se passa). Alors, un matin, après mes prières, je réunis ma famille dans la salle à manger et je leur dis:

–Je vais m’enrôler dans l’armée des États Unis!

–Mais de quoi tu parles, mon fils? dit ma mère déconcerté.

–Dans l’armée? Mais t’es fou toi? demanda mon père.

–J’ai beaucoup y réfléchi et j’ai pris ma décision. J’aimerais bien avoir ta bénédiction.

–Ma bénédiction? demanda-t-il étonné, Tu sais qu’on n’utilise les armes que pour nous défendre!

–Mais c’est ça l’armée, n’est-ce pas? Elle sert à nous protéger.

–Ce n’est même pas ton pays! Pourquoi tu voudrais le faire?

–Vous m’avez toujours appris à prendre les décisions correctes et je pense que c’est ça que je dois faire.

Mon père se leva et s’en alla sans un mot et ma mère se mit à pleurer sans consolation. J’attendis quelques instants pour voir si mon père retournait, mais il ne retourna pas, alors j’abandonnai la maison et plus jamais je ne rentrai.

Cela fut sans doute l’un des pires moments de ma vie. Mon père avait toujours voulu que je devienne rabbin et maintenant il voyait que je n’allais pas accomplir ce qu’il voulait, mais en plus j’allais me consacrer à une cause très peu convenable. En tant que fils, ma mère ne pouvait pas supporter que je m’éloigne comme ça du jour au lendemain sans préavis.

A chaque fois que je trouve des difficultés dans mon travail je me demande si j’agis correctement ce triste jour que je laissai la maison avec les seuls vêtements que je portais. C’est vrai qu’après tout le reste devint plus facile, plus ou moins. Je me présentai devant le bureau de recrutement dont je connaissais déjà l’adresse et, lorsque j’arrivai, tout se passa tranquillement. Ils me dirent d’attendre quelques heures jusqu’au moment où l’autobus serait plein, et on partit vers la base militaire la plus proche pour commencer l’entraînement.

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