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Note sur l'invasion des Sarrasins dans le Lyonnais

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«Quand on chemine à pied de Mâcon à Saint-Claude, on trouve d’abord la Bresse, bocagère et plane comme la grasse Attique, ruisselant d’huile, entre le Pyrée et Athènes.

«L’olivier de la Bresse, c’est le pâle saule qui ne verse que l’ombre légère aux vaches blanches des prairies et qui, tondu tous les trois ans par la serpette de l’émondeur, penche son tronc chauve sur les mares ou sur les étangs. On croit lire une églogue de Virgile: «O utinam! et plût aux dieux que je n’eusse été qu’un pauvre émondeur de saules sur les rives du lac ou du Mincio, dans cette laiteuse Lombardie, Bresse de l’Italie!»

«A l’extrémité de cette plaine virgilienne de la Bresse, on rencontre tout à coup, au lieu de l’eau stagnante et fiévreuse des prairies de la Dombes, une rivière bleue comme le firmament de la Suisse italienne, joueuse comme des enfants sur des cailloux, écumante comme l’eau de savon battue par le battoir de la lessiveuse, gazouillante comme une volée de tourterelles bleues et blanches abattues sur un champ de lin en fleurs, jetant ses petits flocons d’écume çà et là, sur son cours, comme ces oiseaux éparpillant leurs plumes en se peignant du bec sur les touffes du lin; on s’arrête, tout étonné, sur la grève des cailloux arrondis par le roulis éternel de cette rivière de montagne, débouchant, tout étonnée elle-même, dans la plaine. On demande son nom au premier batelier qui passe et qui rattache son petit bateau de pêche à un tronc de saule pour verser son filet, frétillant de truites, sur le sable.—C’est la rivière d’Ain, vous dit-il avec un air de fierté locale, la rivière qui descend du Jura et qui donne son nom à toutes ces plaines.

«Si, comme moi, vous avez chevauché dans les déserts et dans les vallées des deux Arabies, vous reconnaîtrez bien vite que les hommes, descendus de Tartarie en Arabie, d’Arabie en Scythie, de Scythie en Hongrie, de Hongrie en Franche-Comté et en Bresse, ont passé par là, ont colonisé ces contrées, et ont imposé, au plus beau fleuve du pays, ce nom arabe et générique d’Ain (l’eau par excellence) dont, en perdant l’accent Aïn, nos pères, moins euphoniques que les Arabes, ont fait Ain, nom rendu guttural et trivial comme le balbutiement à bouche ouverte d’un enfant hébêté. C’est le progrès selon la doctrine des progressistes indéfinis, ces adorateurs obstinés du temps, qui les dément dans les langues comme dans les choses; ces adorateurs du présent, qui les dévore eux-mêmes, et qui anéantit tout autant de choses humaines qu’il en crée.

«Mais pardon de cette digression déplacée à propos de la rivière d’Ain, à laquelle les Arabes avaient donné un nom sonore comme l’écho des rochers d’où il tombe en cascades de saphir, et que les Gaulois ont rendu muet comme leur langue de corne et de caoutchouc.

«Après s’être rafraîchie et enivrée comme l’Arabe lui-même au vent, cette rivière, femelle du Rhône, se précipite vers lui en face des plaines du Dauphiné.»

Ainsi donc, croyance poétique et gracieuse, ce serait aux Musulmans que ce torrent bleu, que nos paysans appellent la grand’rivière, doit son nom? Ce mot est, dans le désert, le nom de l’eau par excellence; c’est aussi le cristal de l’œil, limpide et pur comme l’eau des fontaines; c’est l’onde, pour nos populations qui n’ont jamais à souffrir de sa privation, Aïn pour la caravane altérée qui voit devant elle la délivrance et la vie. D’après M. de Lamartine, les tribus poursuivies par l’épée de Charles-Martel ont salué ces flots d’un cri de joie; ce cristal si pur, ce miroir étincelant, c’était la barrière infranchissable pour leurs ennemis; c’était la fin de leurs angoisses et de leur terreur; c’était, comme au désert, la délivrance, Aïn, la rivière! Pardonnons la distraction du poète, qui a fait venir nos parrains par la Hongrie et l’Allemagne; acceptons ce baptême dont se porte garant un homme de génie, et voyons-y une preuve de plus du rôle immense que les guerriers de l’Yemen et du Nedjd ont joué dans nos pays.

Mais, diront à leur tour les hommes graves, oubliez-vous le vieux nom, l’antique nom de notre poétique rivière, le Danus des chartes et des cartulaires, le Dain de notre ancien langage, dont la racine paraît être la même que celle du Danube, nom autochthone, imposé, avant les Arabes, par nos pères les Gaulois21? Eh puis! ajouteront les personnes délicates, est-il convenable de s’enorgueillir d’une appellation qui rappellerait un peuple mécréant, souillé de sang, ennemi de notre culte, destructeur de nos lieux saints, enrichi des dépouilles de notre patrie, chargé de la malédiction de nos pères? La première observation seule a du poids, la seconde nous paraît futile.

On n’a point horreur du souvenir des Romains; leurs monuments ont couvert notre sol, et cependant qu’étaient les compagnons de Romulus? d’infames bandits. Qu’étaient les guerriers de César? d’avides et rapaces conquérants. Qu’étaient nos gouverneurs? des proconsuls, dont le nom est resté comme une tache et une injure. Si, au lieu de maudire chaque trace de leurs pas sur le sol sacré de la Gaule, on se pare et on se vante des stygmates que nous ont laissés ces cruels dominateurs, toute vérité historique mise à part, toute étymologie réservée, que notre rivière s’appelle Aïn ou Dain, nous ne voyons pas qu’on ait à rougir de ce qui peut rappeler dans nos contrées les compatriotes de Job, d’Avicennes et d’Antar22.

21«Mots qui se rapportent également au kymrique et au gaëlique: dan, audacieux, violent.» (Roget, baron de Belloguet, Ethnogén. gaul.) «Si le nom originaire est Ain, c’est un vieux mot celtique qui signifie source, fontaine, et qui même a cette signification dans les langues orientales.» (Bacon-Tacon, Recherches sur les origines celtiques, t. I, p. 192).
22Voyez Paradin, Chorier, J.-Cl. Martin, Jean Brunet, Lapierre, Thomas Riboud, Lateyssonnière, MM. Paul Guillemot, Chaix, Borel d’Hauterive, Fauché-Prunelle, D. Monnier, etc.
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