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Battus à Poitiers, qu’ils traversaient en allant s’emparer du trésor de Saint-Martin, et bien avant d’avoir atteint cette Neustrie qu’on leur avait dite si opulente et si bonne à ravager4, les Arabes et les Bérébères, âpres à la conquête, avides de pillage et ardents à se venger, après avoir, pendant quatre ans, réparé les désastres de leur défaite, attaquèrent le pays des Francs par la partie orientale, plus facile à envahir. D’immenses renforts accourus de l’Afrique et de l’Asie avaient couvert l’Espagne, franchi les Pyrénées et s’étaient répandus dans cette Septimanie où déjà plus d’une fois les Visigoths leur avaient tendu la main5. Organisés en vue de toutes les prévisions; accompagnés de leurs femmes et de leurs troupeaux comme pour coloniser6, mais surtout fiers d’une cavalerie nombreuse et sans égale, les Arabes remontèrent le cours du Rhône sans presque livrer de combats7. La Bourgogne, écrasée par le despotisme et l’avidité des Francs, ouvrit ses portes aux musulmans qu’elle reçut presque comme des libérateurs8. Le clergé seul protesta contre les propagateurs d’une religion nouvelle, et le clergé seul eut à subir les lois de la guerre avec une impitoyable rigueur. Les juifs surtout firent cause commune avec les musulmans, et leur influence, puissante dans toutes les cités, ne contribua pas peu à faciliter l’envahissement du pays9. A Loudun, comme ils appelaient Lyon, les musulmans s’emparèrent des biens de l’Église, renversèrent les couvents10, mais respectèrent la population; le culte extérieur fut seul défendu, les mœurs et les lois furent conservés11. Suivant leur tactique, et pour ne pas affaiblir leur armée, les Arabes confièrent la garde de la cité aux juifs et à quelques seigneurs bourguignons, et, comme force morale, laissèrent un poste de cavaliers autour du drapeau musulman. Ici, particulièrement, l’histoire est muette, mais la tradition parle, et grâce à elle on peut encore suivre le fil des événements.
Lyon était déjà une ville puissante qui, en se soulevant, aurait pu écraser même une forte garnison. Il n’eût pas été prudent de confier à son incertaine amitié la vie ou la liberté des soldats laissés à la garde du drapeau; mais Lyon est arrosé par deux larges fleuves; des collines l’entourent: sur quel point dut s’établir le poste arabe qui devait maintenir la paix de la cité, assez près pour savoir les nouvelles, assez loin pour ne pas être envahi par la révolte? les livres ne le savent pas, mais les gens de la campagne le savent, et c’est d’eux que nous l’avons appris.
Plus haut que la vieille ville gauloise, assise entre le premier confluent de ses deux fleuves; plus haut que le faubourg moderne de la Croix-Rousse, qui n’existait pas alors, la montagne allongée que le Rhône et la Saône entourent perd de sa largeur; on dirait que les deux fleuves amoureux, impatients de s’embrasser, ont fait un effort pour s’unir avant d’avoir à baigner les murs de la ville; en cet endroit fut jadis une villa romaine; aujourd’hui un riche et gracieux village y répand ses maisons. Un double chemin descend d’un côté au Rhône, de l’autre à la Saône; le Mont-d’Or s’étend vis-à-vis, comme un rideau. On a nommé Caluire, c’est là que s’élevait le drapeau du croissant.
Le camp arabe, gourbis ou tentes, était là, en effet, dans une admirable position, non loin des rivières, à l’abri de toute insulte, dominant l’espace, et prêt à s’envoler au rapide galop de ses coursiers si un danger sérieux l’eût menacé. Un conquérant voulant garder Lyon avec une poignée de soldats, ne pourrait choisir un meilleur emplacement; et, en effet, aujourd’hui même, c’est non loin de Caluire que le gouvernement français a établi le camp qui lui répond de la cité, sur l’emplacement où jadis Albin avait campé ses légions. Romains, Français, Arabes, peuples au génie militaire, ont compris que Caluire est la clef de la ville; la topographie n’a pas changé, le secret est resté le même; c’est toujours de là qu’on dominera Lyon.
Nous n’avons pas de preuves écrites de ce que nous avançons, mais le mamelon escarpé qui domine la campagne des Brosses, au levant de Caluire, s’appelle la butte des Sarrasins; le chemin qui descend au Rhône à travers les Brosses s’appelle la voie des Sarrasins; à une faible distance de là, au nord-est, se trouve la ferme des Sarrasins.
Les Arabes et les Bérébères envahirent la Burgondie, et, avides de conquêtes, fidèles à leur mission de convertir le monde, ils se dirigèrent vers le nord à la recherche des soldats de Charles-Martel. L’armée des Francs vaincue, l’Europe appartenait au croissant, c’en était fait de la chrétienté, et le rêve des Musulmans de rentrer dans leur patrie par Constantinople s’accomplissait; mais avant de rencontrer les fiers soldats de l’Austrasie, les Arabes trouvèrent un ennemi bien plus puissant que les Francs, plus terrible que ces géants couverts de fer qui les avaient vaincus à Poitiers, ennemi dont les historiens n’ont jamais parlé, qui arrêta leur élan, brisa leur vigueur, dompta leur courage et méritait cependant d’être signalé pour avoir, mieux que la massue de Martel, protégé le sol gaulois contre la nuée de ses envahisseurs.
Lorsque le peuple de Dieu prévariquait, lorsqu’il épousait des femmes infidèles et encensait les idoles, l’esprit divin se retirait de lui, ses chefs étaient frappés d’aveuglement, et il était livré sans pitié à la fureur des Amalécites et des Philistins. Lorsque les enfants du Prophète eurent prévariqué à leur tour, lorsque la loi la plus formelle du livre sacré eut été violée dans les caves profondes de la Bourgogne, que le vin eut coulé dans leurs festins, que les tables n’eurent plus horreur de se charger des viandes impures et maudites de la Séquanie, que les lèvres des vrais croyants eurent savouré la chair immonde des porcs du pays des Eduens, c’en fut fait du fanatisme guerrier des conquérants; la gloire du croissant s’éclipsa, l’amour du prosélytisme s’éteignit. Ne cherchez pas ailleurs la cause de la défaite des Arabes; la foi n’y était plus; leur élan incertain ne put emporter la citadelle d’Auxerre, et il vint mourir contre les faibles remparts de la ville de Sens.
Alors, des bruits sinistres circulèrent au milieu des tribus. La jalousie qui avait toujours régné entre les Asiatiques et les Africains se réveilla plus active et plus ardente que jamais. Les Bérébères, les premiers, déclarèrent qu’ils se contentaient des biens de la terre, et que d’autres pouvaient porter la semence de la parole jusque dans les neiges d’Upsal, dans ces lieux reculés et inconnus où Odin était encore adoré comme un dieu12. Alors l’archevêque Ebbon n’eut qu’à se montrer à la tête de ses guerriers; l’effroi des grandes forêts de la Gaule du nord, le souvenir des frais coteaux de Dijon et de Nuits firent tourner la tête en arrière aux cavaliers qui avaient bravé le simoun, traversé l’Afrique brûlante, et qui devaient au départ conquérir le monde13. Leurs escadrons légers se répandirent sur les bords de la Saône, et, quand Childebrand vint à marches forcées, par le centre de la France, couper les renforts qui remontaient le Rhône, il y avait longtemps que l’armée d’Athim et d’Amorrhée n’était plus un danger pour les chrétiens.
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