Бесплатно

Raison de Tuer

Текст
Из серии: Un Polar Avery Black #1
0
Отзывы
iOSAndroidWindows Phone
Куда отправить ссылку на приложение?
Не закрывайте это окно, пока не введёте код в мобильном устройстве
ПовторитьСсылка отправлена
Отметить прочитанной
Шрифт:Меньше АаБольше Аа

CHAPITRE VINGT-CINQ

Avery n’avait nulle part où aller. Son endroit favori, le stand de tir, était réservé aux policiers, et elle ne se sentait plus comme en étant un. Sa maison était sombre et vide, et elle savait que si elle retournait chez elle, elle allait simplement ramper dans son lit et rester là pendant des jours.

Un pub local, juste au coin de la rue depuis sa maison, était ouvert.

Elle débutait la matinée du bon pied.

« Scotch », dit-elle, « du bon. »

« Nous avons beaucoup de bons produits », répondit le barman.

Avery ne le reconnaissait pas. Elle était toujours passée au bar de nuit. Plus maintenant, pensa-t-elle avec un abandon irréfléchi. Je suis une buveuse de jour à présent.

« Lagavulin ! », demanda-t-elle, et elle frappa le bar.

Il n’y avait qu’une paire d’autres personnes autour du bar à cette heure, toutes du coin, deux hommes âgés qui avaient l’air de boire dans la vie.

« Un autre ! », s’exclama Avery.

Après quatre verres, elle était ivre.

Étrangement, la sensation lui rappela son passé. Après que Howard Randall ait tué à nouveau après sa libération grâce à la défense de génie d’Avery, elle était allée se saouler pendant des semaines. Tout ce dont elle se souvenait de cette période était les nuits solitaires dans sa chambre obscure, les gueules de bois, et la couverture médiatique constante qui semblait tourner en boucle.

Elle se regarda elle-même fixement, ses mains, ses habits et les gens dans le bar.

Regarde jusqu’où tu es tombée, pensa-t-elle. Même plus une policière.

Rien.

Le visage de son père lui vint à l’esprit, riant : « Tu penses que tu es si spéciale », lui avait-il dit une fois avec un pistolet braqué sur la tempe. « Tu n’es pas spéciale. Je t’ai faite, et je peux te prendre. »

Avery tituba jusque chez elle.

Des images du tueur se mélangèrent avec des routes et son père et Howard Randall, et la dernière chose sont elle se souvint avant de perdre connaissance était ses propres sanglots.

* * *

Avery passa le reste de la journée au lit, les rideaux fermés. Aléatoirement durant l’après-midi et la nuit elle se leva pour s’hydrater, descendre une bière ou s’empiffrer de restes dans le frigo avant de retourner dans sa chambre et s’effondrer.

À dix heures samedi matin, le téléphone sonna.

L’identifiant indiquait Rose.

Avery décrocha, sonnée et encore rongée par le sommeil.

« Salut. »

La voix de l’autre côté était dure et opiniâtre.

« Tu as l’air endormie. Est-ce que je t’ai réveillée ? »

« Non, non », dit Avery, et elle s’assit pour essuyer la salive de son menton. « je suis debout. »

« Tu n’as jamais répondu à mon e-mail. »

« Quel e-mail ? »

« J’ai répondu à ton e-mail. J’ai dit oui pour le déjeuner. Ça tient toujours ? »

Il fallut une seconde à Avery pour comprendre ce qu’elle voulait dire, mais ensuite elle se souvint d’avoir envoyé un e-mail à Rose au sommet de son excitation, quand elle pensait qu’elle était sur le point d’attraper le tueur. Maintenant, la bouche empâtée et sèche, un paria au travail, et pas même certaine de sa propre place, elle éprouvait de la répugnance à habiller sa misère dans des habits, à se maquiller et essayer d’agir comme une mère aimante devant une fille éloignée.

« Ouais », dit-elle. « Bien sûr. J’ai hâte de te voir. »

« Tu es sûre ? Tu n’as pas l’air d’aller bien. »

« Je suis juste, je vais bien chérie. Midi. C’est ça ? »

« À plus tard alors. »

La ligne coupa.

Rose, pensa Avery avec un soupir.

Elles étaient des étrangères. Avery ne l’avait jamais admis à quiconque, mais s’occuper de Rose et essayer d’être une mère avait été un cauchemar. À l’époque, l’idée de la maternité avait été magnifique : une nouvelle vie, le miracle de la naissance, la possibilité que Rose puisse sauver sa relation avec Jack. En pratique, toutefois, elle l’avait trouvé épuisant, ingrat, et encore une autre raison de se disputer avec Jack. Dès qu’elle en avait la chance, Avery avait engagé une nourrice, ou mit Rose à la crèche, ou l’avait confiée à son ex-mari. Le travail avait été son seul refuge. »

J’étais une si mauvaise mère, pensa-t-elle.

Non, elle essaya de se rappeler. Ce n’était pas si mal.

Elle avait véritablement aimé Rose.

Il y avait de bons souvenirs en abondance. Parfois elles riaient et se mettaient sur le trente-et-un ensemble. Avery lui avait même appris comment porter des chaussures à talon. Il y avait eu des câlins, des larmes, des films tard dans la nuit et de la glace.

Tout cela semblait si loin à présent.

Elles avaient été séparées pendant des années.

Après Howard Randall, Jack avait déposé une demande de garde, et il l’avait obtenue. Il avait dit qu’Avery avait été une mère inapte, et cité de nombreux incidents, y compris des photographies de quand Rose avait commencé à se taillader elle-même, des messages et e-mails à sa mère qui n’avaient jamais reçu de réponse.

Quand était-ce, la dernière fois que tu l’as vue ? s’interrogea Avery.

Noël, pensa-t-elle. Non, il y a quelques mois. Tu l’as dépassée dans la rue. Tu ne l’avais pas vue depuis si longtemps qu’elle était presque méconnaissable.

Maintenant, Avery voulait être une mère, une véritable mère. Elle voulait être la personne que Rose appellerait pour avoir des conseils, avec laquelle elle ferait des soirées pyjamas et se goinfrerais de glace.

La douleur continuait à se tenir en travers du chemin d’Avery, une douleur sans fin dans son cœur et son ventre, en rapport avec ce qu’elle avait fait par le passé, et ce qu’elle devait encore faire pour se faire pardonner en tant qu’inspectrice. Tout cela était dévorant, un monstre géant et sombre qui exigeait d’être nourri.

Il n’y a pas de justice.

Avery se reprit.

Dans un jean, un t-shirt et une veste marron, elle se dévisagea dans le miroir. Trop de maquillage, pensa-t-elle. Tu as l’air fatiguée. Déprimée. Avec la gueule de bois.

Un sourire éclatant fit peu pour dissimuler son tourment intérieur.

« Merde », dit-elle.

Jane's Place sur Harrisson Avenue était un restaurant obscur et caverneux avec des box marron et beaucoup d’endroits où les gens pouvaient savourer un bon repas et demeurer largement anonymes. À plusieurs occasions, Avery avait repéré des stars de cinéma et des célébrités. Rose avait d’abord choisi le lieu durant la dispute pour la garde, et même si Avery n’était pas sûre que la raison soit que Rose ne voulait pas être vue avec sa propre mère, c’était devenu un lien qui les maintenait ensemble, et le seul endroit où elles se rencontraient après de longs mois séparés.

Rose était là tôt, déjà assise dans un box loin des autres clients.

À bien des égards, elle était un clone d’Avery quand elle était jeune : yeux bleus, des cheveux châtain clair, les traits d’un mannequin, et d’excellents goûts pour l’habillement. Elle portait une blouse à manches courtes qui dévoilait ses bras musclés. Un minuscule piercing avec un diamant avait été placé près de sa narine gauche. Avec une posture parfaite et un regard prudent, elle esquissa un sourire de façade avant que ses traits ne redeviennent une fois encore dénués d’expression et indéchiffrables.

« Salut », dit Avery. »

« Salut », la réponse fut brève.

Avery se pencha pour un câlin maladroit qui ne fut pas rendu.

« J’aime bien le piercing », dit-elle.

« Je pensais que tu détestais les piercing. »

« C’est joli sur toi. »

« J’ai été surprise par l’e-mail », dit Rose. « Tu ne me contactes pas si souvent. »

« Ce n’est pas vrai. »

« Je retire ça », pensa Rose. « Tu ne me contactes que quand les choses vont très bien, mais d’après ce que j’ai lu dans les journaux, et d’après ce que je peux voir par moi-même », dit-elle avec une observation à l’oblique, « ce n’est pas le vas. »

« Merci beaucoup. »

Pour Avery, qui ne voyait sa fille que par à-coups chaque année, Rose paraissait bien plus âgée et plus mature que ses seize ans auraient pu l’indiquer. Admission en avance à l’université. Bourse complète à Brandeis. Elle travaillait même en tant que baby-sitter pour une famille près de sa maison.

« Comment va Papa ? », demanda Avery.

Le serveur passa et les interrompit.

« Bonjour », dit-il. « Mon nom est Pete. Je suis nouveau ici donc soyez indulgent avec moi. Puis-je vous apporter quelque chose à boire ? »

« Juste de l’eau », dit Rose.

« Moi aussi. »

« D’accord, voici vos menus. Je serais de retour dans une minute pour prendre votre commande. »

« Merci », dit Avery.

« Pourquoi est-ce que tu demandes toujours pour Papa ? », dit sèchement Rose quand elles furent seules.

« Juste curieuse. »

« Si tu es si curieuse, pourquoi ne l’appelles-tu pas toi-même ? »

« Rose— »

« Pardon », dit-elle. « Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça. Tu sais quoi ? Je ne sais même pas pourquoi je suis ici », se lamenta-t-elle. « Pour être honnête, Maman, je ne sais pas pourquoi tu me veux ici. »

« Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? »

« Je vois un thérapeute », dit Rose.

« Vraiment ? C’est super. »

« Elle dit que j’ai beaucoup de problèmes en lien avec ma mère. »

« Comme quoi ? »

« Comme, quand tu nous a quittés. »

« Rose, je n’ai jamais— »

 

« Attends », insista Rose, « s’il te plaît. Laisse-moi finir. Ensuite tu pourras parler, d’accord ? Tu es partie. Tu as confié la garde à Papa et ensuite tu es partie. As-tu la moindre idée de la manière dont ça ma détruite ? »

« J’ai quelques idées— »

« Non, tu n’en as pas. J’étais genre, super populaire avant que tout ça ne s’effondre. Ensuite, pratiquement du jour au lendemain, je suis la fille dont tout le monde doit se tenir éloigné. Les gens se moquaient de moi. Me traitaient de meurtrière parce que ma mère avait laissé sortir un tueur. Et je ne pouvais certainement pas te parler à toi, ma propre mère. J’avais besoin de toi alors. J’en avais vraiment besoin, mais tu m’as quasiment abandonnée juste à ce moment-là. Tu as refusé de me parler, refusé de parler de l’affaire. Est-ce que tu réalises que tout ce que je savais à propos de toi à cette période, je l’apprenais par les journaux ? »

« Rose— »

« Et bien sûr, il n’y avait pas d’argent », rit Rose avec une chiquenaude de la main. « Nous étions ruinés après que tu aies perdu ton travail. Tu n’as jamais pensé à ça, n’est-ce pas ? Tu es passée d’avocate vedette à policière. Excellente initiative, Maman. »

« Je devais faire ça », répondit brusquement Avery.

« Nous n’avions rien », insista Rose. « Tu ne peux pas juste commencer une nouvelle carrière au milieu de ta vie. Nous avons dû déménager. N’as-tu jamais pensé à ça ? À comment cela nous affecterait ? »

Avery se redressa.

« C’est pour ça que tu es venue ici ? Pour me crier dessus ? »

« Pourquoi est-ce que tu as voulu venir ici, Maman ? »

« Je voulais reprendre contact, voir comment tu allais, pour essayer de parler et arranger les choses. »

« Eh bien, rien de cela ne va arriver à moins que nous ne surmontions ça d’abord, et je ne m’en suis pas encore remise. Simplement pas. »

Rose secoua la tête et regarda le plafond.

« Tu sais ? Pendant des années j’ai pensé que tu étais une superstar. Personnalité incroyable, gros travail, nous vivions dans une grande maison, et c’était genre – waouh – ma mère est formidable. Mais ensuite tout s’est désagrégé, et tout est parti avec, la maison, le travail et toi – plus que tout, toi. »

« Ma vie tout entière s’est effondrée », dit Avery. « J’étais dévastée. »

« J’étais ta fille », protesta Rose. « J’étais là aussi. Tu m’as ignorée. »

« Je suis là maintenant », jura Avery, « je suis ici maintenant. »

Le serveur revint.

« Ok mesdames ! Savons-nous ce que nous voulons ? »

Simultanément, Avery et Rose crièrent : « Pas encore ! »

« Wow, d’accord. Pourquoi ne me faites-vous pas signe quand vous serez prêtes. »

Personne ne répondit.

Le serveur s’écarta et partit.

Rose frotta son visage.

« C’est trop tôt », réalisa-t-elle. « Je suis désolée, Maman. Mais c’est trop tôt. Tu m’as demandé pourquoi je voulais venir ici ? Parce que je pensais que j’étais prête. Je ne le suis pas. »

Elle se faufila hors de son siège et se leva.

« Rose, s’il te plaît. Assieds-toi. Nous venons tout juste d’arriver. Tu me manques. Je veux discuter. »

« Ce n’est pas à propos de toi, Maman. Ça n’a jamais été seulement à propos de toi. Tu ne saisis pas ça ? »

« Donne-moi une autre chance », dit Avery. « Recommençons à zéro. »

Rose secoua la tête.

« Je ne suis pas encore prête. Je suis désolée. Je pensais l’être, mais je ne le suis pas. »

Elle partit.

« Rose ? Rose ?! »

CHAPITRE VINGT-SIX

Pendant un long moment, Avery resta dans le box du restaurant, seule. Elle commanda des œufs et des toasts, une petite salade, un café et demeura simplement assisse là, passant en revue tout ce qui venait d’être dit.

Ma fille me hait, se rendit-elle compte.

Plus déprimée qu’elle ne l’avait été depuis des années, elle voulait ramper dans un trou et mourir. À la place, elle régla la note et sortit.

La lumière du soleil la fit grimacer.

Pourquoi ça ne peut pas être un jour de pluie ? se demanda-t-elle.

Les gens dans la rue semblaient passer à toute vitesse. Des voitures filaient à toute allure dans son champ de vision. Elle se tenait seule au milieu de l’animation comme un esprit, pas encore mort, pas vraiment vivant.

C’est ce que le tueur veut, pensa-t-elle. Il est dans ta tête. Il est en train de rire de toi. Exactement comme Howard. Exactement comme Howard.

Avery retourna à sa voiture et partit.

Sans aucune pensée délibérée quant à sa destination, elle se retrouva à aller en direction du sud – vers la prison. Les corps de ces trois filles ne cessaient d’apparaître dans son esprit, ainsi que le tueur, la voiture, les routes et une maison, une maison où elle imaginait qu’il puisse vivre : petite, dissimulée par des arbres avec une pelouse négligée, car il avait mieux à faire que de tondre la pelouse. Ses suspects furent abandonnés, chacun d’entre eux.

Elle avait besoin d’un nouveau départ. Un nouveau point de vue.

Le parking de la prison était tel qu’elle s’en souvenait. La marche à l’intérieur la même. Des gardiens murmuraient dans son dos et la montraient du doigt. La femme derrière les portes la réprimanda pour son absence de rendez-vous.

« Il a dit qu’il savait que vous reviendriez », rit un garde. « Vous êtes quoi, amoureux maintenant ? J’imagine que je devrais croire tout ce que je lis dans les journaux. »

Il n’y avait pas de vraie raison d’y retourner. Elle ne croyait pas vraiment qu’il l’aiderait, ou pourrait l’aider, pas après la désastreuse tournure à Art pour la Vie. Il aimait tout bonnement jouer, comprit-elle. Mais Avery était d’humeur à jouer. Il ne lui restait rien à cacher, nul autre endroit où aller, et pour une étrange raison – à ce moment-là – Howard Randall semblait être le seul véritable ami qu’elle ait au monde.

Howard était assis dans la salle de réunion du sous-sol comme il l’avait été auparavant, seulement cette fois, le sourire avait disparu, il paraissait inquiet.

« Vous n’avez pas vraiment l’air d’être vous-même aujourd’hui, Avery. Vous allez bien ? »

Avery rit.

Si elle avait eu une cigarette, elle aurait pu la sortir et commencé à fumer. Elle n’avait pas fumé depuis qu’elle était jeune, mais c’était ainsi qu’elle se sentait : intrépide, intouchable.

Elle prit un siège et posa les coudes sur la table.

« Votre dernier tuyau, c’était de la merde », dit-elle. « Un artiste ? Vous vouliez dire John Lang ? »

« J’ignore de quoi vous parlez. »

« C’est des conneries ! »

Elle sourit avec agressivité.

« Vous vous êtes joué de moi », dit-elle. « Bien joué. Tout ça pour que nous puissions voyager dans mes souvenirs et que vous puissiez me regarder fondre en larmes ? »

« Je ne trouve pas de réconfort dans votre douleur », dit-il sérieusement.

« Allez-vous faire foutre ! », hurla-t-elle. « Vous me faites marcher là maintenant. Vous m’avez dit qu’il était un artiste. Vous me l’avez pratiquement servi sur un plateau. »

« Votre tueur est un artiste », dit-il. « Un véritable artiste. »

« Qu’est-ce que ça peut vouloir dire ? »

« Il tire une grande fierté de son travail. Ce n’est pas un tueur aléatoire. Il n’est pas un boucher. Il y a une raison d’être à sa cause. Des filles signifient quelque chose pour lui. Il les connaît, personnellement, et en échange de leurs vies il leur donne l’immortalité, dans l’art. »

« Comment est-il possible que vous sachiez ça ? »

Howard se pencha en avant.

« Vous ne m’avez jamais demandé comment je choisissais mes victimes », répondit-il, « ou pourquoi elles étaient positionnées de telle sorte. »

En tant qu’avocate de Howard, Avery avait couvert toutes les pistes possibles pour le faire acquitter. Une de ces pistes avait inclus la compréhension de l’esprit du tueur et pourquoi il avait commis de tels actes abominables, pour qu’elle puisse effectivement distancier Howard des meurtres, basé sur sa propre histoire personnelle.

« C’était une déclaration sur les gens qui prétendent être morts dans la vraie vie », dit-elle. « Vous avez sélectionné vos meilleures étudiantes et les avez inculpées pour un quelconque crime contre l’humanité, et ensuite vous les avez démembrées et placé leurs morceaux par terre pour avoir l’air de plusieurs personnes essayant de s’échapper des enfers. »

« Non », dit sèchement Howard.

Il se pencha en arrière.

« Qu’est-ce que la vie ? », demanda-t-il avec insistance. « Que cela signifie-t-il ? Pourquoi sommes-nous ici ? »

« En quoi cela a-t-il un rapport avec quoi que ce soit ? »

« C’est tout ! », hurla-t-il et il martela la table.

Un garde jeta un coup d’œil par le trou.

« Tout va bien ? »

« Oui, Thomas », dit Howard, « je suis juste, excité. »

Le garde partit.

« La vie est courte », essaya d’expliquer Howard, « et elle est cyclique. Nous vivons et nous mourrons encore et encore dans un cercle constant au sein de cette atmosphère. Comment nous vivons – dans cette vie – affecte toutes les autres fois où nous renaissons, l’énergie même de nous et notre monde. Mes victimes ont été choisies car elles avaient des défauts, certains défauts qu’elles n’auraient jamais corrigés dans cette vie. C’est la raison pour laquelle je devais les aider, pour qu’elles puissent s’épanouir dans la vie suivante. »

« Est-ce ainsi que vous justifiez vos actes ? »

« Ce monde est ce que nous en faisons, Avery. Tout ce que nous souhaitons peut être à nous. Mes actes sont basés sur mes croyances. Comment justifiez-vous vos actes ? »

« J’essaie de faire amende honorable pour mon passé, et je le fais chaque jour. »

Il soupira, secoua la tête et parut prêt à rougir, comme un homme qui avait enfin, étonnamment, trouvé la femme de ses rêves.

« Vous êtes si spéciale », s’extasia-t-il, « tellement si spéciale. Je l’ai su à l’instant où je vous ai vue. Solide, intelligente, drôle et pourtant, imparfaite, brisée par votre passé. Je peux vous aider à réparer ça, Avery. Laissez-moi vous aider. Il est encore temps. Ne voulez-vous pas être heureuse, libre ? »

Je veux récupérer ma fille, pensa-t-elle.

« Je veux trouver un tueur », dit-elle tout haut.

Howard se pencha délicatement en avant, aussi tranchant qu’une hache.

« Quel effet cela a-t-il fait quand votre père a assassiné votre mère ? »

Avery se raidit.

Comment sait-il pour ça ? s’interrogea-t-elle. Tout était dans les journaux, se dit-elle. C’est dans le domaine public. N’importe qui peut trouver cette information.

« Vous voulez à nouveau déterrer mon passé ? », dit-elle. « Me faire pleurer ? Je suis déjà au fond. Il n’y a nul autre endroit où aller pour moi. »

« Parfait », dit-il. « Maintenant, vous pouvez vous élever. »

Le jour de la mort de sa mère était clair dans l’esprit d’Avery.

Cela s’était produit derrière la maison, après l’école. Elle était rentrée à la maison et avait entendu le coup de feu. Elle n’avait que dix ans à cette époque. Un coup de feu, silence, et ensuite un autre. Une course dans la forêt et elle avait vu son père là, debout au-dessus de son corps, un fusil à la main. « Va me chercher une pelle », avait-il dit.

« Je n’ai rien ressenti », admit Avery à Howard. « Ma mère était une alcoolique et jamais là pour moi. Elle a bien fait comprendre que j’étais une erreur. Je n’ai rien ressenti quand elle est morte. »

« Quel genre de mère êtes-vous ? »

Une fêlure. Avery sentit une fêlure dans la coquille vide et désolée de son existence. Et bien qu’elle soit vide et diminuée, elle commença à réaliser qu’elle pouvait encore être blessée.

« Je ne veux pas parler de Rose. »

Un profond froncement de sourcils rida le front d’Howard.

« Je vois », dit-il. « Je comprends. »

Il fouilla le plafond des yeux, pensa à quelque chose d’autre, et ensuite se tourna de nouveau vers elle.

« Votre tueur connaît ces filles », dit-il. « Qu’ont-elles toutes en commun ? »

Avery secoua la tête.

« La troisième fille est un mystère pour le moment », dit-elle. « Les deux premières, toutes les deux à l’université, toutes les deux dans des confréries. Une est en troisième année, l’autre en première, donc il n’y a pas de lien. »

 

« Non », murmura-t-il.

« Quoi ? »

« Non », dit-il une fois encore. « Vous avez tort. »

« À propos de quoi ? »

La déception s’insinua dans ses yeux.

« Avez-vous déjà entendu l’histoire du garçon et du papillon ? », demanda-t-il. « Quand une chenille se transforme en papillon, le papillon utilise son corps et ses ailes pour se libérer du cocon. C’est une tâche difficile et prenante, mais tandis que le papillon lutte et œuvre, il gagne en muscles, et en force, et quand il se libère enfin, il est capable de s’élancer dans le ciel, d’attraper de la nourriture avec aisance et de survivre. Cependant, un jour, un garçon qui gardait des chenilles comme animaux de compagnie vit un de ses cocons s’agiter et bouger. Il se sentait désolé pour la créature naissante et voulait l’aider, pour qu’elle n’ait pas à souffrir autant. Il demanda à sa mère de couper une mince ouverture dans le cocon pour l’aider dans sa sortie. Mais ce simple acte, né d’amour et de souci, déroba son pouvoir au papillon, et quand finalement il émergea – bien trop tôt – son corps, ses membres et ses ailes n’étaient pas encore assez forts pour chasser ou voler, et en quelques jours, il mourut. »

« Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? », demanda Avery. « Suis-je le papillon ou le garçon ? »

Howard ne voulut pas répondre.

Il baissa simplement la tête et demeura silencieux, même quand Avery continua à l’interroger, puis à crier, et ensuite à tambouriner sur la table pour avoir une réponse.

Купите 3 книги одновременно и выберите четвёртую в подарок!

Чтобы воспользоваться акцией, добавьте нужные книги в корзину. Сделать это можно на странице каждой книги, либо в общем списке:

  1. Нажмите на многоточие
    рядом с книгой
  2. Выберите пункт
    «Добавить в корзину»