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Son Excellence Eugène Rougon

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Nous sommes tous les ouvriers de la liberté…

– Bravo! bravo!

– On demande la sincérité des élections. Le suffrage universel, appliqué sur sa base la plus large, n'est-il pas la condition primordiale d'existence de l'empire? Sans doute le gouvernement recommande ses candidats.

Est-ce que la révolution n'appuie pas les siens avec une audace impudente? On nous attaque, nous nous défendons, rien de plus juste. On voudrait nous bâillonner, nous lier les mains, nous réduire à l'état de cadavre.

C'est ce que nous n'accepterons jamais. Par amour pour le pays, nous serons toujours là, à le conseiller, à lui dire où sont ses véritables intérêts. Il reste, d'ailleurs, le maître absolu de son sort. Il vote, et nous nous inclinons. Les membres de l'opposition qui appartiennent à cette assemblée, où ils jouissent d'une entière liberté de parole, sont une preuve de notre respect pour les arrêts du suffrage universel. Les révolutionnaires doivent s'en prendre au pays, si le pays acclame l'empire par des majorités écrasantes… Dans le parlement, toutes les entraves au libre contrôle sont aujourd'hui brisées; Le souverain a voulu donner aux grands corps de l'État une participation plus directe à sa politique et un témoignage éclatant de sa confiance. Vous pourrez désormais discuter les actes du pouvoir, exercer dans son plein le droit d'amendement, émettre des vœux motivés. Chaque année, l'adresse sera comme un rendez-vous entre l'empereur et les représentants de la nation, où ceux-ci auront la faculté de tout dire avec franchise. C'est de la discussion au grand jour que naissent les États forts. La tribune est rétablie, cette tribune illustrée par tant d'orateurs dont l'histoire a gardé les noms. Un parlement qui discute est un parlement qui travaille. Et voulez-vous connaître toute ma pensée? je suis heureux de voir ici un groupe de députés opposants. Il y aura toujours parmi nous des adversaires qui chercheront à nous prendre en faute, et qui mettront ainsi en pleine lumière notre honorabilité.

Nous réclamons pour eux les immunités les plus larges.

Nous ne craignons ni la passion, ni le scandale, ni les abus de la parole, si dangereux qu'ils puissent être… Quant à la presse, messieurs, elle n'a jamais joui d'une liberté plus entière, sous aucun gouvernement décidé à se faire respecter. Toutes les grandes questions, tous les intérêts sérieux ont des organes. L'administration ne combat que la propagation des doctrines funestes, le colportage du poison. Mais, entendez-moi bien, nous sommes tous pleins de déférence pour la presse honnête, qui est la grande voix de l'opinion publique. Elle nous aide dans notre tâche, elle est l'outil du siècle. Si le gouvernement l'a prise dans ses mains, c'est uniquement pour ne pas la laisser aux mains de ses ennemis…» Des rires approbateurs s'élevèrent. Rougon, cependant, approchait de la péroraison. Il empoignait le bois de la tribune de ses doigts crispés. Il jetait son corps en avant, balayait l'air de son bras droit. Sa voix roulait avec une sonorité de torrent. Brusquement, au milieu de son idylle libérale, il parut pris d'une fureur haletante. Son poing tendu, lancé en manière de bélier, menaçait quelque chose, là-bas, dans le vide. Cet adversaire invisible, c'était le spectre rouge. En quelques phrases dramatiques, il montra le spectre rouge secouant son drapeau ensanglanté, promenant sa torche incendiaire, laissant derrière lui des ruisseaux de boue et de sang. Tout le tocsin des journées d'émeute sonnait dans sa voix, avec le sifflement des balles, les caisses de la Banque éventrées, l'argent des bourgeois volé et partagé. Sur les bancs, les députés pâlissaient. Puis, Rougon s'apaisa; et, à grands coups de louanges qui avaient des bruits balancés d'encensoir, il termina en parlant de l'empereur.

«Dieu merci! nous sommes sous l'égide de ce prince que la Providence a choisi pour nous sauver dans un jour de miséricorde infinie. Nous pouvons nous reposer à l'abri de sa haute intelligence. Il nous a pris par la main, et il nous conduit pas à pas vers le port, au milieu des écueils.» Des acclamations retentirent. La séance fut suspendue pendant près de dix minutes. Un flot de députés s'était précipité au-devant du ministre qui regagnait son banc, le visage en sueur, les flancs encore agités de son grand souffle. M. La Rouquette, M. de Combelot, cent autres, le félicitaient, allongeaient le bras pour tâcher de lui prendre une poignée de main au passage.

C'était comme un long ébranlement qui se continuait dans la salle. Les tribunes elles-mêmes parlaient et gesticulaient. Sous la baie ensoleillée du plafond, parmi ces dorures, ces marbres, ce luxe grave tenant du temple et du cabinet d'affaires, une agitation de place publique roulait, des rires de doute, des étonnements bruyants, des admirations exaltées, la clameur d'une foule secouée de passion. Les regards de M. de Marsy et de Clorinde s'étant rencontrés, ils eurent tous deux un hochement de tête; ils avouaient la victoire du grand homme. Rougon, par son discours, venait de commencer la prodigieuse fortune qui devait le porter si haut.

Un député, cependant, était à la tribune. Il avait un visage rasé, d'un blanc de cire, avec de longs cheveux jaunes dont les boucles rares tombaient sur ses épaules.

Roide, sans un geste, il parcourait de grandes feuilles de papier, le manuscrit d'un discours qu'il se mit à lire d'une voix molle. Les huissiers jetaient leur cri:

«Silence, messieurs!.. Veuillez faire silence!» L'orateur avait des explications à demander au gouvernement. Il se montrait très irrité de l'attitude expectante de la France, en présence du Saint-Siège menacé par l'Italie. Le pouvoir temporel était l'arche sainte, et l'adresse devait contenir un vœu formel, une injonction même, pour son maintien intégral. Le discours entrait dans des considérations historiques, démontrait que le droit chrétien, plusieurs siècles avant les traités de 1815, avait établi l'ordre politique en Europe. Puis, venaient des phrases d'une rhétorique terrifiée, l'orateur disait voir avec effroi la vieille société européenne se dissoudre au milieu des convulsions des peuples. Par moments, à certaines allusions trop directes contre le roi d'Italie, des rumeurs s'élevaient dans la salle. Mais à droite, le groupe compact des députés cléricaux, près d'une centaine de membres, attentifs, soulignaient les moindres passages par leur assentiment, applaudissaient chaque fois que leur collègue nommait le pape, avec une légère salutation dévote.

L'orateur, en terminant, eut une phrase couverte de bravos.

«Il me déplaît, dit-il, que Venise la superbe, la reine de l'Adriatique soit devenue l'obscure vassale de Turin.» Rougon, la nuque encore mouillée de sueur, la voix enrouée, son grand corps brisé par son premier discours, s'entêta à répondre tout de suite. Ce fut un beau spectacle. Il étala sa fatigue, la mit en scène, se traîna à la tribune, où il balbutia d'abord des paroles éteintes. Il se plaignait avec amertume de trouver parmi les adversaires du gouvernement des hommes considérables, si dévoués jusque-là aux institutions impériales. Il y avait sûrement malentendu; ils ne voudraient pas grossir les rangs des révolutionnaires, ébranler un pouvoir dont l'effort constant était d'assurer le triomphe de la religion. Et, tourné vers la droite, il leur adressait des gestes pathétiques, il leur parlait avec une humilité pleine de ruse, comme à des ennemis puissants, aux seuls ennemis devant lesquels il tremblât.

Mais peu à peu, sa voix avait repris toute son emphase. Il emplissait la salle de son mugissement, il se tapait la poitrine à grands coups de poing.

«On nous a accusé d'irréligion. On a menti! Nous sommes l'enfant respectueux de l'Église et nous avons le bonheur de croire… Oui, messieurs, la foi est notre guide et notre soutien, dans cette tâche du gouvernement, si lourde parfois à porter. Qu'adviendrait-il de nous, si nous ne nous abandonnions pas aux mains de la Providence? Nous avons la seule prétention d'être l'humble exécuteur de ses desseins, l'instrument docile des volontés de Dieu. C'est là ce qui nous permet de parler haut et de faire un peu de bien… Et, messieurs, je suis heureux de cette occasion pour m'agenouiller ici, avec toute la ferveur de mon cœur de catholique, devant le souverain pontife, devant ce vieillard auguste dont la France restera la fille vigilante et dévouée.» Les applaudissements n'attendirent pas la fin de la phrase. Le triomphe tournait à l'apothéose. La salle croulait.

A la sortie, Clorinde guetta Rougon. Ils n'avaient plus échangé une parole depuis trois ans. Lorsqu'il parut, rajeuni, comme allégé, ayant démenti en une heure toute sa vie politique, prêt à satisfaire, sous la fiction du parlementarisme, son furieux appétit d'autorité, elle céda à un entraînement, elle alla vers lui, la main tendue, les yeux attendris et humides d'une caresse, en disant:

«Vous êtes tout de même d'une jolie force, vous.»

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