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L'enfance et l'adolescence

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Nous parlions de notre avenir, de l'art, des services à rendre à la patrie et à l'humanité, de notre mariage, de l'éducation de nos enfants! Et jamais il ne nous venait à l'idée que tout ce que nous disions n'était que du fatras.

C'est que ce fatras était un fatras spirituel et plein de charme.

Ce que j'aimais par-dessus tout, dans ces discussions métaphysiques qui remplissaient nos entretiens, c'était le moment où les pensées, se pressant dans une succession toujours plus rapide, devenaient de plus en plus abstraites et arrivaient à cet état nébuleux où je ne pouvais plus les exprimer, et où je disais tout autre chose que ce que j'avais l'intention de dire. J'étais heureux lorsque, planant plus haut, toujours plus haut dans la sphère de la pensée, j'embrassais soudain dans mon vol l'étendue infinie de la spéculation, et que je constatais l'impossibilité de pénétrer au delà.

A l'époque du carnaval, Neklioudof se laissa absorber par les plaisirs au point de me négliger complètement. Bien qu'il vint plusieurs fois par jour à la maison, il n'eut pas une seule conversation avec moi. J'en fus piqué au vif, et je me mis de nouveau à le considérer comme un homme orgueilleux et désagréable. Je guettais l'occasion de lui montrer que je ne tenais pas à sa société, et que je ne lui étais nullement attaché.

Lorsque, après le Carnaval, il voulut entamer une discussion, comme par le passé, je lui répondis que j'avais des leçons à préparer, et je montai. Un quart d'heure plus tard la porte de la salle d'étude s'ouvrit, et Neklioudof entra.

«Est-ce que je vous dérange? me demanda-t-il.

– Non, répondis-je malgré moi; j'aurais voulu lui dire que j'étais occupé.

– Alors pourquoi avez-vous quitté la chambre de Volodia? Il y a bien longtemps que nous n'avons pas discuté, et j'ai si bien pris l'habitude de ces entretiens, qu'il me semble qu'il me manque quelque chose.»

Mon dépit s'évanouissait peu à peu, et Dimitri redevenait à mes yeux l'homme aimable et bon que j'avais choisi pour ami.

«Vous avez sans doute deviné pourquoi je suis sorti de la chambre?

– Peut-être, répondit-il, en s'asseyant près de moi; mais, si j'ai deviné juste, je ne peux pas vous dire pourquoi… Vous seul, vous pouvez l'avouer.

– Eh! bien, je vous le dirai: j'ai quitté la chambre parce que j'étais fâché contre vous… Non, pas précisément fâché, mais j'étais mécontent… Voyez-vous, je crains toujours que vous ne me méprisiez parce que je suis trop jeune pour vous.

– Savez-vous pourquoi nous nous sommes liés ainsi? répondit Neklioudof avec un regard bienveillant et plein d'intelligence, savez-vous pourquoi je vous préfère à tous ceux que je connais mieux que vous et avec qui j'ai plus de choses en commun? Je viens à l'instant de m'en rendre compte moi-même; c'est parce que vous possédez une qualité admirable et rare: la sincérité!

– C'est vrai, je dis toujours les choses que j'ai le plus honte d'avouer; mais je ne les dis qu'aux personnes dont je suis sûr.

– Mais, pour avoir toute confiance en quelqu'un, il faut être très intimement lié avec lui, et nous ne sommes pas encore assez étroitement unis. Nicolas, rappelez-vous ce que vous venez de me dire de l'amitié: pour être de véritables amis, il faut être sûrs l'un de l'autre.

– Il faut être certain que nos aveux ne seront jamais divulgués à personne, lui dis-je; car les pensées les plus graves, les plus intéressantes sont celles que nous ne confierions pour rien au monde à qui que ce soit. Et le plus souvent ces pensées sont vilaines!.. si laides, que si nous savions que nous serons contraints de les confesser, elles n'oseraient jamais pénétrer dans notre tête!

– Nicolas! j'ai une idée!» s'écria Neklioudof en se levant de sa chaise; il se frotta les mains et sourit.

«Faisons un pacte, et vous verrez comme il nous sera utile à tous les deux: promettons-nous de tout nous avouer l'un à l'autre. Ainsi nous nous connaîtrons mutuellement, et nous n'aurons pas honte; mais, pour ne pas avoir à redouter les étrangers, échangeons mutuellement la promesse de ne jamais rien répéter à une tierce personne: vous de ce que je vous aurai dit, moi de ce que vous me direz. Voulez-vous?

– Je vous le promets,» répondis-je.

Et nous avons tenu parole.

Alphonse Karr a dit que dans toute affection il y a deux parts inégales: l'un qui aime, et l'autre qui se laisse aimer; l'un qui donne le baiser, et l'autre qui tend la joue. Cette remarque est tout à fait juste.

Dans l'amitié qui me liait à Dimitri, c'est moi qui l'embrassais et lui qui tendait la joue; il est vrai qu'il était aussi tout prêt à m'embrasser de lui-même. Nous nous aimions d'une égale affection, car nous nous connaissions et nous nous appréciions mutuellement; ce qui ne l'a pas empêché d'exercer une grande influence sur moi, et moi de me soumettre à son influence.

On comprend que j'aie pris sans m'en douter les idées de mon ami; elles consistaient dans un culte enthousiaste d'un idéal de vertu et dans la conviction que l'homme est appelé à se perfectionner toujours.

Il nous semblait alors que redresser tous les torts de l'humanité, détruire tous les vices, supprimer tous les malheurs, était une chose très facile à accomplir.

Mais surtout, dans la contemplation de cet idéal, nous ne mettions pas en doute que rien ne serait plus simple que de nous corriger nous-mêmes de tous nos défauts, de pratiquer toutes les vertus et d'atteindre le bonheur!

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