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Le crime de Lord Arthur Savile

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LE ROSSIGNOL ET LA ROSE

– Elle a dit qu'elle danserait avec moi si je lui apportais des roses rouges, gémissait le jeune étudiant, mais dans tout mon jardin il n'y a pas une rose rouge.

De son nid dans l'yeuse, le rossignol l'entendit.

Il regarda à travers les feuilles et s'émerveilla.

– Pas de roses rouges dans tout mon jardin! criait l'étudiant.

Et ses beaux yeux se remplissaient de larmes.

– Ah! de quelle chose minime dépend le bonheur! J'ai lu tout ce que les sages ont écrit; je possède tous les secrets de la philosophie et faute d'une rose rouge voilà ma vie brisée.

– Voici enfin l'amoureux vrai, dit le rossignol. Toutes les nuits je l'ai chanté, quoique je ne le connusse pas; toutes les nuits je redis son histoire aux étoiles, et maintenant je le vois. Sa chevelure est foncée comme la fleur de la jacinthe et ses lèvres sont rouges comme la rose qu'il désire, mais la passion a rendu son visage pâle comme l'ivoire et le chagrin a mis son sceau sur son front.

– Le prince donne un bal demain soir, murmurait le jeune étudiant et mes amours seront de la fête. Si je lui apporte une rose rouge, elle dansera avec moi jusqu'au point du jour. Si je lui apporte une rose rouge, je la serrerai dans mes bras. Elle inclinera sa tête sur mon épaule et sa main étreindra la mienne. Mais il n'y a pas de roses rouges dans mon jardin. Alors je demeurerai seul et elle me négligera. Elle ne fera nulle attention à moi et mon coeur se brisera.

– Voilà bien l'amoureux vrai, dit le rossignol. Il souffre tout ce que je chante: tout ce qui est joie pour moi est peine pour lui. Sûrement l'amour est une merveilleuse chose, plus précieuse que les émeraudes et plus chère que les fines opales. Perles et grenades ne peuvent le payer, car il ne paraît pas sur le marché. On ne peut l'acheter au marchand ni le peser dans une balance pour l'acquérir au poids de l'or.

– Les musiciens se tiendront sur leur estrade, disait le jeune étudiant. Ils joueront de leurs instruments à cordes et mes amours danseront au son de la harpe et du violon. Elle dansera si légèrement que son pied ne touchera pas le parquet et les gens de la cour en leurs gais atours s'empresseront autour d'elle, mais avec moi elle ne dansera pas, car je n'ai pas de roses rouges à lui donner.

Et il se jetait sur le gazon, plongeait son visage dans ses mains et pleurait.

– Pourquoi pleure-t-il? demandait un petit lézard vert, comme il courait près de lui, sa queue en l'air.

– Mais pourquoi? disait un papillon qui voletait à la poursuite d'un rayon de soleil.

– Mais pourquoi donc? murmura une pâquerette à sa voisine d'une douce petite voix.

– Il pleure à cause d'une rose rouge.

– A cause d'une rose rouge. Comme c'est ridicule!

Et le petit lézard, qui était un peu cynique, rit à gorge déployée.

Mais le rossignol comprit le secret des douleurs de l'étudiant, demeura silencieux sur l'yeuse et réfléchit au mystère de l'amour.

Soudain il déploya ses ailes brunes pour s'envoler et prit son essor.

Il passa à travers le bois comme une ombre et, comme une ombre, il traversa le jardin.

Au centre du parterre se dressait un beau rosier et, quand il le vit, il vola vers lui et se campa sur une menue branche.

– Donnez-moi une rose rouge, cria-t-il, et je vous chanterai mes plus douces chansons.

Mais le rosier secoua sa tête.

– Mes roses sont blanches, répondit-il, blanches comme l'écume de la mer et plus blanches que la neige dans la montagne. Mais allez trouver mon frère qui croît autour du vieux cadran solaire et peut-être vous donnera-t-il ce que vous demandez.

Alors le rossignol vola au rosier qui croissait autour du vieux cadran solaire.

– Donnez-moi une rose rouge lui cria-t-il, et je vous chanterai mes plus douces chansons.

Mais le rosier secoua sa tête.

– Mes roses sont jaunes, répondit-il, aussi jaunes que les cheveux des sirènes qui s'assoient sur un tronc d'arbre, plus jaunes que le narcisse qui fleurit dans les prés, avant que le faucheur ne vienne avec sa faux. Mais allez vers mon frère qui croît sous la fenêtre de l'étudiant et peut-être vous donnera-t-il ce que vous demandez.

Alors le rossignol vola au rosier qui grandissait sous la fenêtre de l'étudiant.

– Donnez-moi une rose rouge, cria-t-il, et je vous chanterai mes plus douces chansons.

Mais l'arbre secoua sa tête.

– Mes roses sont rouges, répondit-il, aussi rouges que les pattes des colombes et plus rouges que les grands éventails de corail que l'océan berce dans ses abîmes, mais l'hiver a glacé mes veines, la gelée a flétri mes boutons, l'ouragan a brisé mes branches et je n'aurai plus de roses de toute l'année.

– Il ne me faut qu'une rose rouge, cria le rossignol, une seule rose rouge. N'y a-t-il pas quelque moyen que j'en aie une?

– Il y a un moyen, répondit le rosier, mais il est si terrible que je n'ose vous le dire.

– Dites-le moi, fit le rossignol. Je ne suis pas timide.

– S'il vous faut une rose rouge, dit le rosier, vous devez la bâtir de notes de musique au clair de lune et la teindre du sang de votre propre coeur. Vous chanterez pour moi, votre gorge appuyée à des épines. Toute la nuit vous chanterez pour moi et les épines vous perceront le coeur: votre sang vital coulera dans mes veines et deviendra le mien.

– La mort est un grand prix pour une rose rouge, répliqua le rossignol, et tout le monde aime la vie. Il est doux de se percher dans le bois verdissant, de regarder le soleil dans son char d'or et la lune dans son char de perles. Elle est douce, l'odeur des buissons d'aubépines. Elles sont douces, les clochettes bleues qui se cachent dans la vallée et les bruyères qui couvrent la colline. Pourtant, l'amour est meilleur que la vie et qu'est-ce que le coeur d'un oiseau comparé au coeur d'un homme?

Alors il déploya ses ailes brunes et prit son essor dans l'air. Il passa à travers le jardin comme une ombre et, comme une ombre, il traversa le bois.

Le jeune étudiant était toujours couché sur le gazon là où le rossignol l'avait laissé et les larmes n'avaient pas encore séché dans ses beaux yeux.

– Soyez heureux, lui cria le rossignol, soyez heureux, vous aurez votre rose rouge. Je la bâtirai de notes de musique au clair de lune et la teindrai du sang de mon propre coeur. Tout ce que je vous demanderai en retour, c'est que vous soyez un amoureux vrai, car l'amour est plus sage que la philosophie, quoiqu'elle soit sage, et plus fort que la puissance, quoiqu'elle soit forte. Ses ailes sont couleur de feu et son corps couleur de flammes, ses lèvres sont douces comme le miel et son haleine est comme l'encens.

L'étudiant leva les yeux du gazon, tendit l'oreille, mais il ne put comprendre ce que lui disait le rossignol, car il ne savait que les choses qui sont écrites dans les livres.

Mais l'yeuse comprit et s'attrista, car il aimait beaucoup le petit rossignol qui avait bâti son nid dans ses branches.

– Chantez-moi une dernière chanson, murmura-t-il. Je serai si triste quand vous serez parti.

Alors le rossignol chanta pour l'yeuse et sa voix était comme l'eau jaseuse d'une fontaine argentine.

Quand il eut fini sa chanson, l'étudiant se releva et tira son calepin et son crayon de sa poche.

– Le rossignol, se disait-il en se promenant par l'allée, le rossignol a une indéniable beauté, mais a-t-il du sentiment? Je crains que non. En fait, il est comme beaucoup d'artistes, il est tout style, sans nulle sincérité. Il ne se sacrifie pas pour les autres. Il ne pense qu'à la musique et, tout le monde le sait, l'art est égoïste. Certes, on ne peut contester que sa voix a de fort belles notes. Quel malheur que tout cela n'ait aucun sens, ne vise aucun but pratique.

Et il se rendit dans sa chambre, se coucha sur son petit grabat et se mit à penser à ses amours.

Un peu après, il s'endormit.

Et, quand la lune brillait dans les cieux, le rossignol vola au rosier et plaça sa gorge contre les épines.

Toute la nuit, il chanta sa gorge appuyée contre les épines et la froide lune cristalline s'arrêta et écouta toute la nuit.

Toute la nuit, il chanta et les épines pénétraient de plus en plus avant dans sa gorge et son sang vital fluait hors de son corps.

D'abord, il chanta la naissance de l'amour dans le coeur d'un garçon et d'une fille et, sur la plus haute ramille du rosier, fleurit une rose merveilleuse, pétale après pétale, comme une chanson suivait une chanson.

D'abord, elle était pâle comme la brume qui flotte sur la rivière, pâle comme les pieds du matin et argentée comme les ailes de l'aurore.

La rose, qui fleurissait sur la plus haute ramille du rosier, semblait l'ombre d'une rose dans un miroir d'argent, l'ombre d'une rose dans un lac.

Mais le rosier cria au rossignol de se presser plus étroitement contre les épines.

– Pressez-vous plus étroitement, petit rossignol, disait le rosier, ou le jour reviendra avant que la rose ne soit terminée.

Alors le rossignol se pressa plus étroitement contre les épines et son chant coula plus éclatant, car il chantait comment éclot la passion dans l'âme de l'homme et d'une vierge.

Et une délicate rougeur parut sur les pétales de la rose comme rougit le visage d'un fiancé qui baise les lèvres de sa fiancée.

Mais les épines n'avaient pas encore atteint le coeur du rossignol, aussi le coeur de la rose demeurait blanc, car le sang seul d'un rossignol peut empourprer le coeur d'une rose.

Et la rose cria au rossignol de se presser plus étroitement contre les épines.

– Pressez-vous plus étroitement, petit rossignol, disait-il, ou le jour surviendra avant que la rose ne soit terminée.

Alors le rossignol se pressa plus étroitement contre les épines, et les épines touchèrent son coeur, et en lui se développa un cruel tourment de douleur.

 

Plus amère, plus amère était la douleur, plus impétueux, plus impétueux jaillissait son chant, car il chantait l'amour parfait par la mort, l'amour qui ne meurt pas dans la tombe.

Et la rose merveilleuse s'empourpra comme les roses du Bengale. Pourpre était la couleur des pétales et pourpre comme un rubis était le coeur.

Mais la voix du rossignol faiblit. Ses petites ailes commencèrent à battre et un nuage s'étendit sur ses yeux.

Son chant devint de plus en plus faible. Il sentit que quelque chose l'étouffait à la gorge.

Alors son chant lança un dernier éclat.

La blanche lune l'entendit et elle oublia l'aurore et s'attarda dans le ciel.

La rose rouge l'entendit; elle trembla toute d'extase et ouvrit ses pétales à l'air froid du matin.

L'écho l'emporta vers sa caverne pourpre sur les collines et éveilla de leurs rêves les troupeaux endormis.

Le chant flotta parmi les roseaux de la rivière et ils portèrent son message à la mer.

– Voyez, voyez, cria le rosier, voici que la rose est finie.

Mais le rossignol ne répondit pas: il était couché dans les hautes graminées, mort le coeur transpercé d'épines.

A midi, l'étudiant ouvrit sa fenêtre et regarda au dehors.

– Quelle étrange bonne fortune! s'écria-t-il, voici une rose rouge! Je n'ai jamais vu pareille rose dans ma vie. Elle est si belle que je suis sûr qu'elle doit avoir en latin un nom compliqué.

Et il se pencha et la cueillit.

Alors il mit son chapeau et courut chez le professeur, sa rose à la main.

La fille du professeur était assise sur le pas de la porte. Elle dévidait de la soie bleue sur une bobine et son petit chien était couché à ses pieds.

– Vous aviez dit que vous danseriez avec moi si je vous apportais une rose rouge, lui dit l'étudiant. Voilà la rose la plus rouge du monde. Ce soir, vous la placerez près de votre coeur et, quand nous danserons ensemble, elle vous dira combien je vous aime.

Mais la jeune fille fronça les sourcils.

– Je crains que cette rose n'aille pas avec ma robe, répondit-elle. D'ailleurs le neveu du chambellan m'a envoyé quelques vrais bijoux et chacun sait que les bijoux coûtent plus que les fleurs.

– Oh! ma parole, vous êtes une ingrate! dit l'étudiant d'un ton colère.

Et il jeta la rose dans la rue où elle tomba dans le ruisseau.

Une lourde charrette l'écrasa.

– Ingrate! fit la jeune fille. Je vous dirai que vous êtes bien mal élevé. Et qu'êtes-vous après tout? un simple étudiant. Peuh! je ne crois pas que vous ayez jamais de boucles d'argent à vos souliers comme en a le neveu du chambellan.

Et elle se leva de sa chaise et rentra dans la maison.

– Quelle niaiserie que l'amour! disait l'étudiant en revenant sur ses pas. Il n'est pas la moitié aussi utile que la logique, car il ne peut rien prouver et il parle toujours de choses qui n'arriveront pas et fait croire aux gens des choses qui ne sont pas vraies. Bref, il n'est pas du tout pratique et comme à notre époque le tout est d'être pratique, je vais revenir à la philosophie et étudier la métaphysique.

Là dessus, l'étudiant retourna dans sa chambre, ouvrit un grand livre poudreux et se mit à lire.

LE GÉANT ÉGOÏSTE

Chaque après-midi, quand ils revenaient de l'école, les enfants avaient l'habitude d'aller jouer dans le jardin du géant.

C'était un grand jardin solitaire avec un doux gazon vert. Çà et là, sur le gazon, de belles fleurs brillaient comme des étoiles et il y avait douze pêchers qui, au printemps, fleurissaient une délicate floraison rose et blanche et à l'automne portaient de beaux fruits.

Les oiseaux perchaient sur les arbres et chantaient si délicieusement que les enfants d'ordinaire arrêtaient leur jeu pour les écouter.

– Comme nous sommes heureux ici! s'écriaient-ils les uns aux autres.

Un jour, le géant revint.

Il avait été visiter son ami l'ogre de Cornouailles et il avait séjourné sept ans chez lui. Après que ces sept années furent révolues, il avait dit tout ce qu'il avait à dire, car sa conversation avait des limites et il résolut de rentrer dans son château.

En arrivant, il vit les enfants qui jouaient dans le jardin.

– Que faites-vous là? cria-t-il d'une voix très aigre.

Et les enfants s'enfuirent.

– Mon jardin est à moi seul, reprit le géant. Tout le monde doit comprendre cela et je ne permettrai à personne qu'à moi de s'y ébattre.

Alors il l'entoura d'une haute muraille et y plaça un écriteau.

Défense d'entrer

sous peine

de

poursuites

C'était un géant égoïste.

Les pauvres enfants n'avaient plus de lieu de récréation.

Ils essayèrent de jouer sur la route, mais la route était très poudreuse et pleine de pierres dures et ils ne l'aimaient pas.

Ils avaient pris l'habitude, quand leurs leçons étaient terminées de se promener autour de la haute muraille et de parler du beau jardin qui était par delà.

– Que nous y étions heureux! se disaient-ils les uns aux autres.

Alors le printemps arriva et par tout le pays il y eut de petites fleurs et de petits oiseaux.

Dans le jardin seul du géant égoïste, c'était encore l'hiver.

Les oiseaux ne se souciaient plus d'y chanter depuis qu'il n'y avait plus d'enfants et les arbres oubliaient de fleurir.

Une fois, une belle fleur leva sa tête au-dessus du gazon, mais quand elle vit l'écriteau, elle fut si attristée à la pensée des enfants qu'elle se laissa retomber à terre et se rendormit.

Les seules à se réjouir, ce furent la neige et la glace.

– Le printemps a oublié ce jardin, s'écriaient-elles. Alors nous allons y vivre toute l'année.

La neige étala sur le gazon son grand manteau blanc et la glace revêtit d'argent tous les arbres.

Alors elles invitèrent le vent du Nord à faire un séjour chez elles.

Il accepta et vint.

Il était enveloppé de fourrures. Il rugissait tout le jour par le jardin et renversait à chaque instant des cheminées.

– C'est un endroit délicieux, disait-il. Nous demanderons à la grêle de nous faire visite.

La grêle arriva, elle aussi.

Chaque jour, pendant trois heures, elle battait du tambour sur le toit du château jusqu'à ce qu'elle eût brisé beaucoup d'ardoises et alors elle tournait autour du jardin aussi vite qu'il lui était possible. Elle était habillée de gris et son souffle était de glace.

– Je ne puis comprendre pourquoi le printemps est si long à venir, disait le géant égoïste quand il se mettait à la fenêtre et regardait son jardin blanc et froid. Je souhaite que le temps change.

Mais le printemps ne venait pas. L'été non plus.

Dans tous les jardins, l'automne apporta des fruits d'or, mais il n'en donna aucun au jardin du géant.

– Il est par trop égoïste, dit-il.

Et toujours c'était l'hiver chez le géant et le vent du Nord, et la grêle, et la glace, et la neige, qui dansaient au milieu des arbres.

Un matin, le géant, déjà éveillé, était couché dans son lit, quand il entendit une musique délicieuse. Elle fut si douce à ses oreilles qu'il crut que les musiciens du roi devaient passer par là.

En réalité, c'était une petite linotte qui chantait devant sa fenêtre, mais il y avait si longtemps qu'il n'avait entendu un oiseau chanter dans son jardin qu'il lui sembla que c'était la plus belle musique du monde.

Alors la grêle cessa de danser sur la tête du géant et le vent du Nord de rugir. Un délicieux parfum arriva à lui à travers la croisée ouverte.

– Je crois qu'enfin le printemps est venu, dit le géant.

Et il sauta du lit et regarda.

Que vit-il?

Il vit un spectacle étrange.

Par une petite brèche dans la muraille, les enfants s'étaient glissés dans le jardin et s'étaient juchés sur les branches des arbres. Sur tous les arbres qu'il pouvait voir, il y avait un petit enfant et les arbres étaient si heureux de porter de nouveau des enfants qu'ils s'étaient couverts de fleurs et qu'ils agitaient gracieusement leurs bras sur la tête des enfants.

Les oiseaux voletaient de l'un à l'autre et gazouillaient avec délices et les fleurs dressaient leurs têtes dans l'herbe verte et riaient.

C'était un joli tableau.

Dans un seul coin, c'était encore l'hiver, dans le coin le plus éloigné du jardin.

Là il y avait un tout petit enfant. Il était si petit qu'il n'avait pu atteindre les branches de l'arbre et il se promenait tout autour en pleurant amèrement.

Le pauvre arbre était encore tout couvert de glace et de neige et le vent du Nord soufflait et rugissait au-dessus de lui.

– Grimpe donc, petit garçon, disait l'arbre.

Et il lui tendait ses branches aussi bas qu'il le pouvait, mais le garçonnet était trop petit.

Le coeur du géant fondit quand il regarda au dehors.

– Combien j'ai été égoïste, pensa-t-il. Maintenant je sais pourquoi le printemps n'a pas voulu venir ici. Je vais mettre ce pauvre petit garçon sur la cime de l'arbre; puis je jetterai bas la muraille et mon jardin sera à jamais le lieu de récréation des enfants.

Il était vraiment très repentant de ce qu'il avait fait.

Alors il descendit les escaliers, ouvrit doucement la porte de façade et descendit dans le jardin.

Mais quand les enfants le virent, ils furent si terrifiés qu'ils prirent la fuite et le jardin redevint hivernal.

Seul le petit enfant ne s'était pas enfui, car ses yeux étaient si pleins de larmes qu'il n'avait pas vu venir le géant.

Et le géant se glissa derrière lui, le prit gentiment dans ses mains et le déposa sur l'arbre.

Et l'arbre aussitôt fleurit; les oiseaux y vinrent percher et chanter et le petit garçon étendit ses deux bras, les passa autour du cou du géant et l'embrassa.

Et les autres enfants, quand ils virent que le géant n'était plus méchant, accoururent et le printemps arriva avec eux.

– C'est votre jardin maintenant, petits enfants, dit le géant.

Et il prit une grande hache et renversa la muraille.

Et quand les gens s'en allèrent au marché à midi, ils trouvèrent le géant qui jouait avec les enfants dans le plus beau jardin qu'on ait jamais vu.

Toute la journée, ils jouèrent, et, le soir ils vinrent dire adieu au géant.

– Mais où est votre petit compagnon, dit-il, le garçon que j'ai huché sur l'arbre?

C'était lui que le géant aimait le mieux parce qu'il l'avait embrassé.

– Nous ne savons pas, répondirent les enfants: il est parti.

– Dites-lui d'être exact à venir ici demain, reprit le géant.

Mais les enfants dirent qu'ils ne savaient pas où il habitait et qu'avant ils ne l'avaient jamais vu.

Et le géant devint tout triste.

Chaque après-midi, à la sortie de l'école, les enfants venaient jouer avec le géant, mais on ne revit plus le petit garçon qu'aimait le géant. Il était très bienveillant avec tous, mais il regrettait son premier petit ami et souvent il en parlait.

– Que je voudrais le voir, avait-il l'habitude de dire.

Les années passèrent et le géant vieillit et s'affaiblit. Il ne pouvait plus prendre part au jeu; il demeurait assis sur un grand fauteuil et regardait jouer les enfants et admirait son jardin.

– J'ai beaucoup de belles fleurs, disait-il, mais les enfants sont les plus belles des fleurs.

Un matin d'hiver, comme il s'habillait, il regarda par la fenêtre. Maintenant il ne détestait plus l'hiver; il savait qu'il n'est que le sommeil du printemps et le repos des fleurs.

Soudain il se frotta les yeux de surprise et regarda avec attention.

Certes, c'était une vision merveilleuse.

A l'extrémité du jardin, il y avait un arbre presque couvert de jolies fleurs blanches. Ses branches étaient toutes en or et des fruits d'argent y étaient suspendus et sous l'arbre se tenait le petit garçon qu'il aimait.

Le géant dégringola les escaliers, transporté de joie et entra dans le jardin. Il se hâta à travers le gazon et s'approcha de l'enfant. Et, quand il fut tout près de lui, son visage rougit de colère et il dit:

– Qui donc a osé te blesser?

Sur les paumes des mains de l'enfant il y avait les empreintes de deux clous et aussi les empreintes de deux clous sur ses petits pieds.

– Qui a osé te blesser? cria le géant, dis-le moi. Je vais prendre une grande épée et je le tuerai.

– Non, répondit l'enfant, ce sont les blessures de l'amour.

– Qui est-ce? dit le géant.

Et une crainte respectueuse l'envahit et il s'agenouilla devant le petit garçon.

Et le garçon sourit au géant et lui dit:

– Vous m'avez laissé jouer une fois dans votre jardin. Aujourd'hui vous viendrez avec moi dans mon jardin qui est le Paradis.

 

Et, quand les enfants arrivèrent cet après-midi-là, ils trouvèrent le géant étendu mort sous l'arbre, tout couvert de fleurs blanches.

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