Бесплатно

Tout est bien qui finit bien

Текст
iOSAndroidWindows Phone
Куда отправить ссылку на приложение?
Не закрывайте это окно, пока не введёте код в мобильном устройстве
ПовторитьСсылка отправлена

По требованию правообладателя эта книга недоступна для скачивания в виде файла.

Однако вы можете читать её в наших мобильных приложениях (даже без подключения к сети интернет) и онлайн на сайте ЛитРес.

Отметить прочитанной
Шрифт:Меньше АаБольше Аа

SCÈNE IV

Même lieu. – Un autre appartement
Entrent HÉLÈNE ET LE BOUFFON

HÉLÈNE. – Ma mère me salue avec bonté. Est-elle bien?

LE BOUFFON. – Elle n'est pas bien, et pourtant elle jouit de sa santé: elle est gaie, mais pourtant elle n'est pas bien; mais Dieu soit loué! elle est bien et n'a besoin de rien dans ce monde, et pourtant elle n'est pas bien.

HÉLÈNE. – Si elle est bien, quel mal a-t-elle donc, qu'elle ne soit pas bien?

LE BOUFFON. – Vraiment, elle serait très bien s'il ne lui manquait pas deux choses.

HÉLÈNE. – Quelles sont ces deux choses?

LE BOUFFON. – La première, c'est qu'elle n'est pas dans le ciel, où Dieu veuille l'envoyer promptement; la seconde, c'est qu'elle est sur la terre, d'où Dieu veuille la renvoyer promptement.

(Entre Parolles.)

PAROLLES. – Salut, mon heureuse dame!

HÉLÈNE. – Je me flatte d'avoir votre aveu pour ma bonne fortune.

PAROLLES. – Vous avez mes voeux pour qu'elle augmente, et mes voeux encore pour qu'elle dure. (Au bouffon.) Ah! mon vaurien! comment se porte ma vieille dame?

LE BOUFFON. – Si vous aviez ses rides, et moi ses écus, je voudrais qu'elle fût comme vous dites.

PAROLLES. – Eh! je ne dis rien.

LE BOUFFON. – Vraiment, vous n'en êtes que plus sage; car souvent la langue d'un homme est la ruine de son maître: ne dire rien, ne faire rien, ne savoir rien, et n'avoir rien, font une grande partie de vos titres, qui ne diffèrent pas grandement de rien.

PAROLLES. – Va-t'en; tu es un vaurien.

LE BOUFFON. – Vous auriez dû dire, monsieur, devant un vaurien, tu es un vaurien; c'est-à-dire, devant moi tu es un vaurien; et cela aurait été la vérité, monsieur.

PAROLLES. – Va, va, tu es un rusé fou: je t'ai découvert.

LE BOUFFON. – Me découvrez-vous en vous-même, monsieur? ou bien, vous a-t-on appris à me découvrir? La recherche, monsieur, était des plus profitables; et vous pourriez trouver beaucoup du fou en vous, au grand déplaisir du monde, et pour augmenter les risées.

PAROLLES. – Un bon drôle, ma foi, et bien nourri! – Madame, mon seigneur va partir ce soir. Une affaire très-sérieuse l'appelle: il sait les grandes prérogatives et les droits de l'amour, que la circonstance réclame comme vous étant dus; mais il est contraint, malgré lui, de les remettre à un autre temps. Cette privation et ce délai sont rachetés par les douceurs qui vont se préparer dans cet intervalle forcé, pour inonder de joie l'heure à venir, et faire déborder la coupe des plaisirs.

HÉLÈNE. – Quelles sont ses autres intentions?

PAROLLES. – Que vous preniez à l'instant congé du roi, et que vous donniez cette précipitation pour votre propre décision en l'appuyant de toutes les raisons que vous pourrez trouver pour rendre cette nécessité vraisemblable.

HÉLÈNE. – Que commande-t-il encore?

PAROLLES. – Qu'après avoir obtenu ce congé, vous vous conformiez sur-le-champ à ses autres intentions.

HÉLÈNE. – En tout je suis soumise à sa volonté.

PAROLLES. – Je vais l'en assurer de votre part.

(Parolles sort.)

HÉLÈNE. – Je vous en prie. (Au bouffon.) Viens, drôle.

(Ils sortent.)

SCÈNE V

Un autre appartement dans le même lieu
Entrent LAFEU, BERTRAND

LAFEU. – Mais j'espère que Votre Seigneurie ne le regarde pas comme un guerrier?

BERTRAND. – Comme un guerrier, seigneur, et qui a fait ses preuves de courage.

LAFEU. – Vous le tenez de sa bouche?

BERTRAND. – Et de bien d'autres témoignages valables.

LAFEU. – Allons, mon cadran ne va donc pas bien? j'ai pris cette allouette pour un traquet 25.

BERTRAND. – Je vous assure, seigneur, qu'il a de grandes connaissances et qu'il n'a pas moins de bravoure.

LAFEU. – J'ai donc péché contre son expérience et prévariqué contre sa valeur; et je suis à cet égard dans un état dangereux, car je ne puis trouver dans mon coeur le moindre désir de m'en repentir. – Le voici qui vient, je vous en prie, réconciliez-nous: je veux rechercher son amitié.

(Entre Parolles.)

PAROLLES. – Tout cela se fera, monsieur.

LAFEU, à Bertrand. – Je vous en prie, monsieur, dites-moi quel est son tailleur?

PAROLLES. – Monsieur?

LAFEU. – Oh! je le connais bien. Oui, monsieur; c'est vraiment, monsieur, un bon ouvrier, un fort bon tailleur.

BERTRAND, bas à Parolles. – Est-elle allée trouver le roi?

PAROLLES. – Elle y est allée.

BERTRAND. – Partira-t-elle ce soir?

PAROLLES. – Comme vous le lui avez ordonné.

BERTRAND. – J'ai écrit mes lettres, enfermé mon trésor dans ma cassette, donné mes ordres pour nos chevaux; et ce soir, à l'heure où je devrais prendre possession de la mariée, je finirai avant d'avoir commencé.

LAFEU. – Un honnête voyageur est quelque chose à la fin d'un dîner; mais un homme qui débite trois mensonges et se sert d'une vérité connue de tout le monde pour faire passer un millier de balivernes mérite d'être écouté une fois et fustigé trois. (A Parolles.) Dieu vous assiste, capitaine!

BERTRAND, à Parolles. – Y aurait-il quelque mésintelligence entre ce noble seigneur et vous, monsieur?

PAROLLES. – Je ne sais pas comment j'ai mérité de tomber dans la disgrâce de mon noble seigneur.

LAFEU. – Vous avez trouvé moyen d'y tomber et de vous y enfoncer tout entier, en bottes et éperons, comme celui qui saute dans la crème 26, et vous en ressortirez promptement plutôt que de souffrir qu'on vous demande raison de ce que vous restez dedans.

BERTRAND. – Il se pourrait que vous vous fussiez mépris sur son compte, seigneur.

LAFEU. – Et je m'y méprendrai toujours, quand même je le surprendrais en prières. – Adieu, seigneur, et croyez ce que je vous dis, qu'il n'y a point d'amande dans cette noix légère: toute l'âme de cet homme est dans ses habits; ne vous fiez à lui dans aucune affaire de conséquence; j'ai apprivoisé de ces gens-là, et je connais leur naturel. (A Parolles.) Adieu, monsieur; j'ai mieux parlé de vous que vous n'avez mérité et que vous ne mériterez de moi; mais il faut rendre le bien pour le mal.

(Il sort.)

PAROLLES. – Un frivole vieillard, je jure!

BERTRAND. – Je le crois.

PAROLLES. – Eh mais! ne le connaissez-vous pas?

BERTRAND. – Oui, je le connais bien, et l'opinion commune lui donne du mérite. – Voici venir mon entrave.

(Entre Hélène.)

HÉLÈNE. – J'ai, monsieur, suivant l'ordre que vous m'en avez donné, parlé au roi, et j'ai obtenu son agrément pour partir sur-le-champ. Seulement, il désire vous parler en particulier.

BERTRAND. – J'obéirai à sa volonté. – Il ne faut pas, Hélène, vous étonner de mon procédé, qui ne paraît pas s'accorder avec les circonstances et qui ne remplit pas l'office qu'elles exigent de moi. Je n'étais pas préparé à cet événement, voilà pourquoi je me trouve si fort en désordre; cela m'engage à vous prier de vous mettre en route sur-le-champ pour vous rendre chez moi, et de chercher à deviner plutôt que de me demander le motif de cette prière; car mes raisons sont meilleures qu'elles ne paraissent, et mes affaires sont d'une nécessité plus pressante qu'il ne le semble à première vue, à vous qui ne les connaissez pas. – Cette lettre est pour ma mère. (Il lui remet une lettre.) Il se passera deux jours avant que je vous revoie. Adieu; je vous abandonne à votre sagesse.

HÉLÈNE. – Monsieur, je ne puis vous répondre autre chose, sinon que je suis votre très-obéissante servante.

BERTRAND. – Allons, allons, ne parlons plus de cela.

HÉLÈNE. – Et que je chercherai toujours, par tous mes efforts, à réparer ce que mon étoile vulgaire a laissé en moi de défectueux pour être de niveau avec ma grande fortune.

BERTRAND. – Laissons cela; je suis extrêmement pressé. Adieu; allez-vous-en chez moi.

HÉLÈNE. – Je vous prie, monsieur, permettez…

BERTRAND. – Eh bien! que voulez-vous dire?

HÉLÈNE. – Je ne suis pas digne du trésor que je possède, et je n'ose pas dire qu'il soit à moi, et cependant il est à moi; mais, comme un voleur timide, je voudrais bien dérober ce que la loi m'accorde de droit.

BERTRAND. – Que voulez-vous avoir?

HÉLÈNE. – Quelque chose, – et à peine autant; – rien dans le fond. – Je ne voudrais pas vous dire ce que je voudrais, seigneur. – Mais pourtant, si. – Les étrangers et les ennemis se séparent et ne s'embrassent pas.

BERTRAND. – Je vous en prie, ne perdez pas de temps; mais vite à cheval.

HÉLÈNE. – Je n'enfreindrai pas vos ordres, mon bon seigneur.

BERTRAND, à Parolles, d'un air fort empressé. – Où sont mes autres gens, monsieur? (A Hélène.) Adieu. (Hélène sort.) Va chez moi, où je ne rentrerai de ma vie tant que je pourrai manier mon épée ou entendre le son du tambour. – Allons, partons, et songeons à notre fuite.

 

PAROLLES. – Bravo! coragio!

(Ils sortent.)
FIN DU DEUXIÈME ACTE

ACTE TROISIÈME

SCÈNE I

A Florence. – Appartement dans le palais du duc
Entrent LE DUC DE FLORENCE, DEUX SEIGNEURS FRANÇAIS; Gardes. Fanfares

LE DUC. – Ainsi, vous voilà instruits de point en point des raisons fondamentales de cette guerre, dont les grands intérêts ont déjà fait verser bien du sang, en restant toujours altérés d'en répandre.

PREMIER SEIGNEUR. – La querelle paraît sacrée de la part de Votre Altesse; mais de la part des ennemis, elle semble inique et odieuse.

LE DUC. – C'est pourquoi je m'étonne fort que notre cousin le roi de France puisse, dans une cause aussi juste, fermer son coeur à nos prières suppliantes.

SECOND SEIGNEUR. – Mon bon seigneur, je ne puis vous éclairer sur les motifs de notre gouvernement, ni en parler que comme un homme ordinaire qui n'est pas dans les affaires, et qui s'imagine l'auguste machine du conseil d'après ses imparfaites notions: aussi je n'ose pas vous dire ce que j'en pense, d'autant moins que je me suis vu trompé dans mes incertaines conjectures toutes les fois que j'ai tenté d'en faire.

LE DUC. – Qu'il fasse suivant son bon plaisir.

SECOND SEIGNEUR. – Mais je suis sûr du moins que notre jeunesse, rassasiée de son repos, va accourir ici tous les jours pour se guérir.

LE DUC. – Ils seront bien reçus, et tous les honneurs que nous pouvons répandre iront s'attacher sur eux. Vous connaissez vos postes. Quand les premiers de l'armée tombent, c'est pour votre avantage. – Demain au champ de bataille!

(Ils sortent.)

SCÈNE II

En Roussillon. – Appartement dans le palais de la comtesse
LA COMTESSE, LE BOUFFON

LA COMTESSE. – Tout est arrivé comme je le désirais, excepté qu'il ne revient point avec elle.

LE BOUFFON. – Sur ma foi, je pense que mon jeune seigneur est un homme fort mélancolique.

LA COMTESSE. – Et sur quel fondement, je te prie?

LE BOUFFON. – Eh! c'est qu'il regardait ses bottes, et puis chantait; qu'il rajustait sa fraise, et puis chantait; qu'il faisait des questions, puis chantait; qu'il se curait les dents, et chantait encore. J'ai connu un homme avec ce tic de mélancolie, qui a vendu un bon manoir pour une chanson.

LA COMTESSE. – Voyons ce qu'il écrit et quand il se propose de revenir.

LE BOUFFON. – Je n'ai plus de goût pour Isabeau depuis que je suis allé à la cour. Nos vieilles morues et nos Isabeau de campagne ne ressemblent en rien à vos vieilles morues et à vos Isabeau de cour. La cervelle de mon Cupidon est fêlée, et je commence à aimer comme un vieillard aime l'argent, – sans appétit.

LA COMTESSE, ouvrant la lettre. – Qu'avons-nous ici?

LE BOUFFON. – Précisément ce que vous avez là.

(Il sort.)

LA COMTESSE lit la lettre. – Je vous envoie une belle-fille: elle a guéri le roi et m'a perdu. Je l'ai épousée; mais je n'ai pas couché avec elle, et j'ai juré que ce refus serait éternel. On ne manquera pas de vous informer que je me suis enfui. Apprenez-le donc de moi, avant de le savoir par le bruit public. Si le monde est assez vaste, je mettrai toujours une bonne distance entre elle et moi. Agréez mon respect.

Votre fils infortuné, BERTRAND.

–Ce n'est pas bien, jeune homme téméraire et indiscipliné, de fuir ainsi les faveurs d'un si bon roi, d'attirer son indignation sur ta tête en méprisant une jeune fille trop vertueuse pour être dédaignée, même de l'empereur.

(Le bouffon entre.)

LE BOUFFON. – Oh! madame, il y a là-bas de tristes nouvelles entre deux officiers et ma jeune maîtresse.

LA COMTESSE. – De quoi s'agit-il?

LE BOUFFON. – Et cependant il y a aussi quelque chose de consolant dans les nouvelles; oui, de consolant: votre fils ne sera pas tué aussitôt que je le pensais.

LA COMTESSE. – Et pourquoi serait-il tué?

LE BOUFFON. – C'est ce que je dis, madame, s'il s'est sauvé, comme je l'entends dire. Le danger était de rester auprès de sa femme: c'est la perte des hommes, quoique ce soit le moyen d'avoir des enfants. Les voici qui viennent; ils vous en diront davantage. Pour moi, je sais seulement que votre fils s'est sauvé.

(Hélène entre accompagnée de deux gentilshommes.)

PREMIER GENTILHOMME. – Dieu vous garde! chère comtesse.

HÉLÈNE. – Madame, mon seigneur est parti, parti pour toujours.

SECOND GENTILHOMME. – Ne dites pas cela.

LA COMTESSE. – Armez-vous de patience. – Eh! je vous prie, messieurs, parlez. J'ai senti tant de secousses de joie et de douleur, que le premier aspect et le choc imprévu de l'une ou de l'autre ne peuvent plus me faire éprouver l'émotion d'une femme. – Où est mon fils, je vous prie?

SECOND GENTILHOMME. – Madame, il est allé servir le duc de Florence. Nous l'avons rencontré là, car nous en venons, et après avoir remis quelques dépêches dont nous sommes chargés pour la cour, nous y retournons.

HÉLÈNE. – Jetez les yeux sur cette lettre, madame. Voici mon congé. -(Lisant.) «Quand tu auras obtenu l'anneau que je porte à mon doigt, et qui ne le quittera jamais, et que tu me montreras un enfant né de toi, dont j'aurai été le père, alors appelle-moi ton mari. Mais cet alors, je le nomme jamais.» – C'est une terrible sentence!

LA COMTESSE. – Avez vous apporté cette lettre, messieurs?

SECOND GENTILHOMME. – Oui, madame; et d'après ce qu'elle contient, nous regrettons nos peines.

LA COMTESSE. – Je t'en conjure, ma chère, prends courage. Si tu gardes pour toi seule toutes ces douleurs, tu m'en dérobes la moitié. Il était mon fils; mais j'efface son nom de mon coeur, et tu seras mon unique enfant. – Il est donc allé du côté de Florence?

SECOND GENTILHOMME. – Oui, madame.

LA COMTESSE. – Et pour être soldat?

PREMIER GENTILHOMME. – Telles sont, en effet, ses nobles intentions, et je suis persuadé que le duc lui rendra tous les honneurs convenables.

LA COMTESSE. – Y retournez-vous?

PREMIER GENTILHOMME. – Oui, madame, et avec la plus grande diligence.

HÉLÈNE, lisant. -Jusqu'à ce que je n'y aie plus de femme, la France ne me sera rien.

–C'est amer!

LA COMTESSE. – Y a-t-il cela là-dedans?

HÉLÈNE. – Oui, madame.

PREMIER GENTILHOMME. – Ce n'est peut-être qu'un écart de sa main auquel son coeur n'a pas consenti.

LA COMTESSE. -La France ne lui sera rien tant qu'il y aura une femme? Il n'y a qu'elle seule qui soit trop bonne pour lui, et elle méritait un prince que vingt jeunes étourdis comme lui suivissent avec respect pour l'appeler à toute heure leur maîtresse. – Qui avait-il avec lui?

PREMIER GENTILHOMME. – Un seul domestique et un gentilhomme que j'ai connu jadis.

LA COMTESSE. – Parolles, n'est-ce pas?

PREMIER GENTILHOMME. – Oui, madame, c'est lui-même.

LA COMTESSE. – C'est une âme corrompue et pleine de scélératesse. Mon fils, séduit par ses conseils, pervertit un coeur bien né.

PREMIER GENTILHOMME. – En effet, madame, cet homme a bien de la scélératesse, trop, et cela l'oblige à en user.

LA COMTESSE. – Soyez les bienvenus, messieurs. Je vous prie, quand vous reverrez mon fils, de lui dire que son épée ne peut jamais acquérir autant d'honneur qu'il en a perdu. Je vais lui en écrire davantage, et je vous prierai de lui remettre ma lettre.

SECOND GENTILHOMME. – Nous sommes prêts à vous servir, madame, en ceci et dans toutes vos affaires les plus importantes.

LA COMTESSE. – A condition que nous ferons échange de politesses. Voulez-vous m'accompagner?

(La comtesse et les gentilshommes sortent.)

HÉLÈNE. -Jusqu'à ce que je n'y aie plus de femme, la France ne me sera rien!-La France ne lui sera rien tant qu'il aura une femme en France. Tu n'en auras plus, Roussillon; tu n'en auras plus en France. Reprends-y donc tout le reste. Pauvre comte! est-ce moi qui te chasses de ton pays et qui expose tes membres délicats aux chances de la guerre, qui n'épargne personne? Est-ce moi qui t'exile d'une cour charmante, où tu étais le point de mire des plus beaux yeux, pour t'exposer aux coups des mousquets fumants? O vous, messagers de plomb, qui volez rapidement sur des ailes de feu, détournez-vous et manquez votre but! Percez l'air invulnérable qui siffle quand on le perce, et ne touchez pas mon seigneur. Quiconque tire sur lui, c'est moi qui le dirige; quiconque avance le fer levé contre son sein intrépide, c'est moi, malheureuse, qui l'y excite. Et quoique ce ne soit pas moi qui le tue, je suis cependant la cause de sa mort. Il aurait mieux valu pour moi que je rencontrasse le lion féroce quand il rugit, pressé par la faim. Il aurait mieux valu que toutes les calamités qui assiègent la nature fussent tombées sur ma tête. Non, reviens dans ta patrie, Roussillon; quitte ces lieux, où l'honneur ne recueille du danger que des cicatrices et où souvent il perd tout. Je vais m'en aller. C'est parce que je suis ici que tu t'éloignes. Y resterais-je pour t'empêcher d'y revenir? Non, non; quand on respirerait chez toi l'air du paradis, et qu'on y serait servi par des anges, je m'en irais. Puisse la renommée, touchée de pitié, t'annoncer ma fuite pour te consoler! O nuit! viens; et toi, jour, hâte-toi de finir; car, pendant l'obscurité, je veux me dérober de ces lieux comme un pauvre voleur.

(Elle sort.)

SCÈNE III

La scène est à Florence, devant le palais du duc
Fanfares. LE DUC DE FLORENCE, BERTRAND,
Seigneurs, officiers et soldats

LE DUC. – Tu seras commandant de notre cavalerie; fort de nos espérances, nous t'accordons notre amitié et plaçons notre confiance dans les promesses de ta fortune.

BERTRAND. – Seigneur, c'est un fardeau trop pesant pour mes forces; cependant je m'efforcerai de le soutenir, pour l'amour de Votre Altesse, jusqu'à la dernière extrémité.

LE DUC. – Pars donc, et que la fortune joue avec ton cimier comme une maîtresse propice!

BERTRAND. – Ce jour même, ô puissant Mars! j'entre dans tes rangs. Rends-moi seulement égal à mes voeux, et je me montrerai amoureux de ton tambour et l'ennemi de l'amour!

SCÈNE IV

Roussillon. – Appartement du palais de la comtesse
LA COMTESSE, L'INTENDANT

LA COMTESSE. – Hélas! et pourquoi avez-vous accepté d'elle cette lettre? Ne deviez-vous pas vous douter qu'elle allait faire ce qu'elle a fait, dès qu'elle m'envoyait une lettre? Relisez-la-moi encore.

L'INTENDANT lit.-Je vais en pèlerinage à Saint-Jacques. Un amour ambitieux m'a rendue criminelle. Pour expier mes fautes par un saint voeu, je veux marcher pieds nus sur la terre glacée. Écrivez, écrivez, afin que mon très-cher maître, votre fils, puisse se retirer de la sanglante carrière des combats. Bénissez son retour, et qu'il jouisse des douceurs de la paix, tandis que moi je bénirai de loin son nom par les plus ardentes prières. Dites-lui de me pardonner toutes les peines que je lui ai causées. C'est moi, sa fatale Junon, qui l'ai éloigné de ses amis de la cour pour l'envoyer vivre dans les camps ennemis, où le danger et la mort marchent sur les pas des braves. Il est trop bon et trop beau pour moi et pour la mort, que je vais chercher moi-même pour le laisser libre!

LA COMTESSE. – Ah! quels traits aigus percent dans ses plus douces paroles! Rinaldo, vous n'avez jamais tant manqué de réflexion qu'en la laissant partir ainsi. Si je lui avais parlé, je l'aurais bien détournée de ses projets, sur lesquels elle m'a prévenue.

L'INTENDANT. – Pardonnez, madame; si je vous eusse donné la lettre hier au soir, on aurait pu rejoindre Hélène et cependant elle écrit que toute poursuite serait vaine.

LA COMTESSE. – Quel ange s'intéressera à cet indigne époux? Il ne peut prospérer, à moins que les prières de celle que le ciel se plaît à entendre et à exaucer ne le sauvent des vengeances de la justice suprême. Écris, écris, Rinaldo, à cet époux si indigne de son épouse. Que chaque mot soit plein de son mérite, qu'il pèse, lui, trop légèrement. Fais-lui sentir vivement mon extrême douleur, quoiqu'il y soit peu sensible. Dépêche vers lui le courrier le plus prompt. Peut-être, quand il apprendra qu'elle s'en est allée voudra-t-il revenir; et j'espère qu'aussitôt qu'elle apprendra son retour, elle hâtera aussi le sien dans ces lieux, conduite par le plus pur amour. Je ne puis démêler lequel des deux m'est le plus cher. Cherche le messager. J'ai un poids sur le coeur, et ma vieillesse est faible. Ma tristesse voudrait des larmes, et ma douleur me force de parler.

 
(Ils sortent.)
25Espèce d'oiseau qui fait son nid à terre. Penancola, avis alaudæ similis.
26Allusion à une pasquinade des baladins qui sautaient, dans les fêtes de Londres, tout bottés dans un plat de crème.
Купите 3 книги одновременно и выберите четвёртую в подарок!

Чтобы воспользоваться акцией, добавьте нужные книги в корзину. Сделать это можно на странице каждой книги, либо в общем списке:

  1. Нажмите на многоточие
    рядом с книгой
  2. Выберите пункт
    «Добавить в корзину»