Manque

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C’est ce que j’avais besoin d’entendre, pensa-t-elle.

— Tu devrais me faire plus confiance. Tu devrais compter davantage sur moi. Je suis ici pour te faciliter la vie, après tout. C’est mon travail. Je suis également ici pour faire ma part dans l’éducation des enfants. Je pense que je suis bonne avec les filles, poursuivit Gabriela.

— Oh, tu l’es, dit Riley. Sa voix s’étouffa un peu. Tu l’es vraiment. Tu n’as pas idée à quel point je suis reconnaissante de t’avoir dans nos vies.

Riley et Gabriela restèrent assisses à se sourire l’une à l’autre en silence pendant un moment. Riley se sentit soudain beaucoup, beaucoup mieux.

Puis la sonnette retentit. Riley donna un gros câlin à sa gouvernante et monta au rez-de-chaussée pour aller ouvrir la porte.

Pendant un instant, Riley fut ravie de voir que son beau petit ami, Blaine, venait d’arriver. Mais elle remarqua quelque chose de nostalgique dans son sourire, un air mélancolique dans ses yeux.

Ce ne sera pas une visite agréable, réalisa-t-elle.

CHAPITRE DEUX

Quelque chose n’allait pas, Riley le savait. Au lieu d’entrer directement et de se mettre à l’aise comme d’habitude, Blaine se contenta de se tenir devant sa porte d’entrée. Il y avait une expression vaguement expectative sur ses traits agréables.

Le cœur de Riley se serra. Elle avait une idée assez précise de ce que Blaine avait à l’esprit. En fait, elle s’y attendait depuis des jours. Pendant un moment, elle eut profondément envie de fermer la porte et de prétendre qu’il n’était pas passé maintenant.

— Entre, dit-elle.

— Merci, répondit Blaine, et il entra dans la maison.

Alors qu’ils s’asseyaient dans le salon, Riley demanda :

— Tu veux boire un verre ?

— Euh, non, je ne crois pas. Merci.

Il ne s’attend pas à ce que cette visite soit longue, pensa Riley.

Puis il regarda autour de lui et dit :

— La maison est terriblement calme. Les filles sont sorties cet après-midi ?

Non, elles ne veulent rien avoir à faire avec moi, faillit lâcher Riley.

Mais cela ne semblait pas juste au vu des circonstances. Si les choses avaient été normales entre eux, Riley se sentirait libre de parler des épreuves de la parentalité, et elle pourrait s’attendre à ce que Blaine compatisse joyeusement et même lui remonte le moral avec quelques mots d’encouragement.

Ce n’était pas un de ces moments.

— Comment te sens-tu ? demanda Blaine.

Pendant une seconde, cela lui sembla être une question étrange, et Riley eut envie de dire : Plutôt pleine d’appréhension. Et toi ?

Mais elle réalisa qu’il parlait de la blessure au pic à glace. Il avait été extrêmement attentif et gentil avec elle pendant son rétablissement. De nombreux soirs, il avait apporté de délicieux repas du bon restaurant qu’il possédait et gérait.

Mais sa grande prévenance l’avait avertie que quelque chose de désagréable allait arriver. Il était toujours un homme gentil et dévoué, bien sûr. Mais au cours de la dernière semaine environ, il y avait eu une tristesse révélatrice dans sa gentillesse – avec peut-être un soupçon d’excuses tacites et inexpliquées.

— Je me sens beaucoup mieux, merci, dit-elle.

Blaine hocha la tête, puis dit lentement et posément :

— Alors je suppose que tu vas bientôt retourner au travail.

Voilà, pensa Riley.

— Je ne sais pas, dit-elle. C’est à mon patron de décider. Il ne m’a pas encore donné de nouvelle affaire.

Blaine la regarda, les yeux plissés.

— Mais te sens-tu prête à reprendre le travail ?

Riley soupira. Elle se souvenait de la conversation qu’ils avaient eue peu après qu’elle soit rentrée de l’hôpital. Elle lui avait dit qu’elle s’attendait à pouvoir retourner au travail dans environ une semaine, et il n’avait pas essayé de cacher son anxiété en l’entendant dire cela. Mais ils n’avaient pas essayé de résoudre les choses alors.

Au lieu de cela, Riley lui avait serré la main et lui avait dit : Je suppose qu’on a des choses à se dire.

Plus d’une semaine s’était écoulée depuis lors.

Cette conversation n’a que trop tardé, pensa-t-elle.

— Blaine, cela maintenant fait des jours je me sens prête à retourner au travail. Je suis plus que prête. Je suis désolée. Je sais que ce n’est pas ce que tu veux entendre, lui dit-elle.

Blaine fixa le sol pendant un moment.

— Riley, tu ne penses jamais à… ?

Sa voix s’éteignit.

— À quoi ? demanda Riley, essayant de chasser la note d’amertume de sa voix. M’orienter vers un autre métier ?

— Je ne sais pas, dit Blaine en haussant les épaules. Il y a sûrement des choses que tu peux faire avec le Bureau qui n’impliquent pas un tel… risque. Tu es agent de terrain depuis quoi ? Près de vingt ans ? Je sais que tu as été très douée et je ne peux pas te dire à quel point j’admire ton dévouement et ton courage. Mais n’as-tu pas donné assez pour ce genre de service ? Tu ne penses pas que tu mérites quelque chose de plus ?

Il s’arrêta encore de parler.

— Plus – sûr, tu veux dire ? Moins dangereux ? dit Riley.

Blaine acquiesça.

Riley ne savait pas quoi dire. Il y avait certainement des choix qu’elle pouvait faire, même au BAC. Mais cela signifierait d’énormes changements. Elle ne s’imaginait pas travailler dans un bureau, passant juste en revue les preuves que d’autres agents ramenaient au péril de leur vie. Même si elle avait aimé donner des conférences occasionnelles à l’Académie, elle pensait qu’il serait difficile d’enseigner à temps plein. Décrire des affaires aux recrues ne ferait que lui rappeler ce qu’elle ne faisait plus. Elle ne pouvait pas imaginer une vie sans confronter directement le mal, malgré tous ses dangers.

Cela signifierait abandonner tout ce pour quoi elle était vraiment douée.

Mais comment pouvait-elle expliquer cela à Blaine ?

Puis Blaine dit :

— J’espère que tu comprends, ce n’est pas pour moi que je m’inquiète.

Quand Riley comprit, cela lui fit l’effet d’un coup de poignard.

— Je sais, dit-elle.

En effet, elle savait qu’il était parfaitement sincère. Et cela en disait long sur Blaine. Le travail de Riley avait mis en danger sa propre vie, et il l’avait géré avec courage. En décembre dernier, un criminel désireux de se venger de Riley était venu chez elle alors qu’elle n’était pas là et avait tenté de tuer April et Gabriela. Blaine était venu à leur secours, mais il avait été gravement blessé. Riley était encore secouée par l’horreur quand elle repensait à cette épreuve.

— Je ne m’inquiète même pas pour toi, ou du moins pas essentiellement pour toi, ajouta Blaine.

— Je sais, dit encore Riley.

Il n’avait pas à s’expliquer. Elle savait qu’il s’inquiétait pour leurs enfants – les deux filles de Riley et sa propre adolescente, Crystal.

Et elle savait qu’il avait toutes les raisons de s’inquiéter.

Elle pouvait essayer autant qu’elle le voulait, elle ne pouvait pas garantir leur sécurité tant qu’elle continuait à vivre la vie qu’elle vivait. En fait, la sécurité de tous ceux qui l’entouraient était déjà en danger à cause des criminels qu’elle avait croisés, même ceux qu’elle avait défaits. Plus d’une fois, des personnages du passé étaient revenus pour essayer de se venger.

Blaine ouvrit la bouche comme s’il cherchait les mots justes.

Au lieu de cela, Riley dit :

— Blaine, je comprends. Nous n’avons pas besoin d’avoir cette discussion. Ça fait un moment nous l’avons, mais nous ne l’avons pas dit tout haut. J’ai compris. Vraiment.

Elle déglutit et ajouta :

— Les choses ne vont pas marcher entre toi et moi.

Alors même qu’elle prononçait ces mots, un sentiment de perte la submergea presque.

Blaine hocha la tête.

— Je suis désolée, dit Riley.

— Tu n’as aucune raison d’être désolée, dit Blaine.

Riley dut s’empêcher de dire : Oh, si. J’en ai, vraiment.

Après tout, c’était à cause de ses propres choix de vie que Blaine ressentait ce qu’il ressentait. Blaine avait fait de son mieux pour accepter ces choix. Mais à la fin, il ne pouvait honnêtement pas le faire. Et Riley savait qu’elle ne pouvait blâmer personne d’autre qu’elle-même.

Elle et Blaine se turent pendant un moment. Elle était assise sur le canapé, lui sur une chaise face à elle. Elle se souvint de la première fois qu’ils s’étaient tenu la main, assis sur le canapé, juste là. Cela avait été un moment magique où elle avait eu l’impression que sa vie avait soudainement changé pour le mieux.

Elle aurait aimé qu’ils puissent se tenir la main maintenant. Mais elle savait que la distance entre eux était beaucoup plus grande que quelques dizaines de centimètres entre deux meubles.

Quoi qu’il en soit, une décision semblait avoir été prise. Elle ne savait pas exactement quelle était cette décision, et elle doutait que Blaine le sache aussi. Mais quelque chose entre eux avait pris fin. Et il n’y aurait pas de retour en arrière.

Ils discutèrent un peu de choses et d’autres, embarrassés et pleins d’hésitation. Blaine assura à Riley que sa famille serait toujours la bienvenue pour des repas gratuits dans son restaurant, et il serait heureux de les voir tous.

Et bien sûr, ils resteraient en contact à cause de leurs filles. April et Crystal étaient meilleures amies, après tout, et elles se rendaient beaucoup visite. Et ce n’était pas comme un divorce. Ils resteraient toujours proches.

Blaine sourit faiblement et ajouta :

 

— Peut-être que les choses ne seront pas si différentes après tout.

Riley cligna des yeux et essuya une larme.

— Peut-être pas.

Mais ce n’était pas vrai, et elle le savait.

Puis Blaine dit qu’il ferait mieux de retourner travailler, alors ils se levèrent tous les deux et se firent timidement la bise, puis Blaine quitta la maison.

Riley marmonna à voix haute, pour elle-même :

— C’est l’heure de boire un verre.

Elle alla à la cuisine et se versa un verre de bourbon, puis retourna au salon et s’assit de nouveau. La maison semblait fantomatiquement calme, et Riley se sentait profondément seule. Et bien sûr, elle était vraiment seule, même avec trois autres personnes dans les pièces voisines. Elle pleura doucement pendant un moment.

Puis, après avoir séché ses yeux et commencé à siroter son bourbon, elle essaya de ne plus penser aux souvenirs de moments plus heureux. Mais elle n’y parvenait pas. Elle se remémora la nuit où elle et Blaine s’étaient embrassés pour la première fois sur une piste de danse pendant qu’un groupe jouait sa chanson préférée à sa demande à lui. Elle se remémora la première nuit où ils avaient couché ensemble.

Elle se remémora aussi les deux semaines qu’elle, Blaine et leurs trois filles avaient passées ensemble dans une maison louée sur la plage de Sandbridge. Ils avaient vraiment été comme une famille complète à l’époque. Elle se souvenait surtout d’avoir entendu le doux grondement réconfortant des vagues la nuit où Blaine lui avait montré ses plans pour agrandir sa propre maison afin qu’ils puissent tous vivre ensemble.

Ils avaient vraiment envisagé de se marier.

C’était il y a un peu plus d’un mois.

Mais cela paraît si lointain maintenant.

Un autre souvenir, plus discordant, se glissa dans son esprit. C’était Blaine lui disant, le lendemain de leur première nuit ensemble : Je crois qu’il faut que j’achète une arme.

Et bien sûr, il avait ressenti ce besoin à cause de Riley et des dangers causés par sa relation avec elle. Ils étaient allés chez l’armurier et lui avaient acheté un Smith and Wesson 686, et Riley lui avait donné sa première leçon de tir au champ de tir intérieur, immédiatement.

Riley sourit amèrement en pensant : J’espère qu’il prend mieux soin de cette arme qu’April ne l’a fait avec la sienne.

Mais alors – quel besoin aurait-il pour cette arme maintenant que les choses étaient terminées entre eux ?

Qu’est-ce qu’il allait en faire ?

Juste la laisser cachée dans sa maison et oublier qu’il l’avait ?

Ou la vendrait-il ?

Alors qu’elle examinait ces questions, une émotion inattendue s’engouffra en elle. Son souffle et son pouls s’accélérèrent, et à sa grande surprise, elle réalisa : Je suis en colère.

Elle s’était tenue pour responsable et avait douté d’elle-même depuis la visite de Blaine – même avant, en fait, lorsqu’elle s’était sentie au moins quelque peu coupable de l’accident qu’April avait eu avec l’arme.

Mais est-ce que tout ce qui n’allait pas dans sa vie était vraiment de sa faute ?

Riley grogna dans sa barbe en prenant une autre gorgée de bourbon.

Tant de déceptions, pensa-t-elle.

Et elle en avait assez de s’en vouloir pour toutes – y compris l’échec de son mariage avec Ryan. Était-ce vraiment sa faute si Ryan avait été un imbécile infidèle et égoïste, un mari et un père si mauvais ? Et était-ce sa faute si April ne pouvait pas assumer la responsabilité d’une arme à feu, ou si Jilly était en colère contre elle parce qu’elle n’en avait pas eu une elle-même ?

Et était-ce vraiment sa faute si Blaine ne pouvait pas l’accepter telle qu’elle était vraiment, s’il ne voulait pas rester dans une relation avec elle à moins qu’elle ne devienne quelqu’un qu’elle ne pouvait pas être ? Alors qu’elle nourrissait tant d’espoirs de refaire sa vie avec lui et sa fille, en avait-elle vraiment trop attendu de lui ? Un véritable engagement n’était-il pas toujours d’accepter les bons ainsi que les mauvais côtés ?

N’était-il pas possible que Blaine l’ait déçue, et non pas l’inverse ?

Maintenant que Riley y pensait, elle avait une raison de se blâmer. C’était une unique erreur qu’elle avait commise encore et encore dans sa vie.

Je fais confiance aux gens.

Et tôt ou tard, les gens échouaient à être à la hauteur de cette confiance, peu importe à quel point elle essayait de répondre à leurs exigences et à leurs attentes.

Puis Riley se rendit compte que des bruits s’élevaient de la cuisine. Gabriela était montée et commençait à préparer le dîner. Riley devait se l’admettre, Gabriela était une personne qui ne l’avait jamais laissée tomber, qui n’avait jamais trahi sa confiance.

Et pourtant, il y avait des limites à sa relation avec Gabriela. Même si Gabriela était comme un autre membre de la famille, puisque Riley était l’employeuse de Gabriela, elles ne pouvaient devenir aussi proches, même en tant qu’amies.

Gabriela commença à fredonner une mélodie guatémaltèque dans la cuisine, et Riley sentit sa colère s’atténuer. Bientôt, elle se rendit compte que Gabriela, elle et les enfants allaient s’asseoir pour prendre un bon dîner ensemble.

Même s’ils se parlaient à peine, c’était une bonne chose.

Elle prit une autre gorgée de bourbon et murmura à haute voix :

— La vie continue.

*

Riley fut réveillée tôt le lendemain matin par le vibreur de son téléphone sur la table de nuit. Elle décrocha, endormie, mais se réveilla brusquement en voyant que l’appel venait de son patron, Brent Meredith.

— Je vous ai réveillée, agente Paige ? demanda Meredith de sa voix bourrue et grommelante.

Riley faillit dire que non, mais y repensa vite. Il était toujours mieux d’être honnête avec Meredith, même à propos de choses apparemment insignifiantes. Il avait une façon étrange de détecter la moindre dissimulation. Et il n’aimait vraiment pas qu’on lui mente. Riley l’avait découvert à ses dépens.

— Oui, mais ça va, monsieur, dit Riley. Que puis-je faire pour vous ?

— Je me demandais si vous vous sentiriez prête à reprendre le travail, dit Meredith.

Riley s’assit dans son lit, plus alerte à chaque seconde.

Que devrais-je dire ? se demanda-t-elle.

Même après le souper d’hier, les choses étaient encore tendues entre Riley et ses deux filles. Les filles étaient encore maussades et distantes. Était-ce vraiment le bon moment pour retourner travailler ? Ne devrait-elle pas passer un peu de temps à essayer d’arranger les choses ici à la maison ?

— Y a-t-il une nouvelle affaire ? demanda-t-elle.

— On dirait bien, dit Meredith. Il y a eu deux meurtres dans la banlieue de Philadelphie ces dernières semaines. En raison de bizarreries sur les deux scènes de crime, les policiers locaux pensent qu’ils sont liés, et ils ont demandé notre aide. Je sais que vous êtres en train de vous remettre de votre blessure, et je ne veux pas que…

— Je vais le faire, dit Riley en l’interrompant.

Les mots étaient sortis avant même qu’elle ne sache qu’elle les avait prononcés.

— Je suis content de l’entendre, dit Meredith. Puis il ajouta :

— L’agent Jeffrey est toujours en congé. Je vais mettre l’agente Roston avec vous.

Riley s’y opposa presque. En cet instant, elle voulait vraiment avoir avec elle son partenaire de longue date et son meilleur ami, Bill Jeffreys, mais elle se souvint de leurs récentes conversations téléphoniques. Il avait plutôt eu l’air d’être tendu, et avec raison. Bill avait tiré sur l’homme qui avait attaqué Riley avec un pic à glace – lui avait tiré dessus et l’avait tué.

Ce n’était pas la première personne que Bill ou Riley avaient tuée dans l’exercice de leurs fonctions au fil des ans, mais Bill le prenait très mal, ce qui était inhabituel. C’était la première fois qu’il employait une force létale depuis qu’il avait tiré par erreur sur un innocent en avril dernier. Cet homme avait survécu, mais Bill était toujours hanté par son erreur.

— L’agente Roston irait bien, dit Riley à Meredith. La jeune agente afro-américaine était devenue la protégée de Riley ces derniers mois. Riley en était venue à avoir une haute opinion d’elle.

— Je tiendrai un avion prêt à décoller de Quantico pour Philadelphie dès que vous serez toutes les deux arrivées, dit Meredith. Retrouvez-moi sur le tarmac.

Ils raccrochèrent, et Riley resta assise sur le lit, fixant le téléphone pendant quelques instants.

Ai-je pris la bonne décision ? se demanda-t-elle.

Devrait-elle vraiment partir comme ça alors qu’il y avait tant d’incertitude ici, à la maison ?

La question suscita la même colère que la veille.

Encore une fois, elle n’aimait pas devoir tenir compte des désirs et des besoins des autres – surtout alors qu’ils négligeaient si souvent de penser à elle.

Elle pouvait rester ici à faire de son mieux pour calmer April et Jilly, s’excuser pour des choses qui n’étaient pas vraiment de sa faute, ou elle pouvait sortir et faire quelque chose d’utile. Et en ce moment, elle avait une tâche à accomplir – une tâche que peu de gens, sinon personne, pouvaient accomplir aussi bien qu’elle.

Elle regarda sa montre et vit qu’il était encore très tôt. Elle savait que Gabriela était déjà debout pour préparer le petit-déjeuner, mais les enfants devaient encore être au lit. Riley n’avait pas vraiment envie de leur expliquer sa décision, mais elle savait que Gabriela comprendrait si elle descendait et lui disait. Riley pouvait prendre quelque chose à manger et partir, et Gabriela le dirait aux filles avant de les envoyer à l’école.

Pendant ce temps, Riley devait s’habiller et préparer son bagage. Alors qu’elle se levait de son lit et se dirigeait vers la salle de bain, elle se rendit compte qu’elle se sentait mieux que depuis des jours.

Elle ferait bientôt quelque chose pour quoi elle était douée – même si cela pouvait être extrêmement dangereux.

CHAPITRE TROIS

Alors que l’avion du BAC décollait de Quantico, Riley commença à étudier les dossiers sur son ordinateur. Elle était sur le point de faire un commentaire sur un point particulier quand elle réalisa que Jenn Roston, assise à côté d’elle, ne faisait pas attention. Jenn regardait fixement par le hublot, apparemment perdue dans ses propres pensées.

— J’imagine qu’on ferait mieux de s’y mettre, dit Riley.

Mais elle n’eut pas eu de réponse de sa jeune coéquipière.

— Tu m’as entendue, Jenn ? dit Riley.

Encore une fois, il n’y eut pas de réponse.

Puis Riley dit plus sèchement :

— Jenn.

Jenn se tourna vers Riley avec une expression effrayée.

— Quoi ? dit-elle.

Riley avait l’impression que Jenn avait oublié où elle était.

Qu’est-ce qui se passe avec elle ? se demanda Riley.

Elles s’étaient dépêchées pour prendre l’avion à l’instant. Meredith n’avait même pas appelé les deux agents dans son bureau pour un briefing sur l’affaire. Au lieu de cela, il les avait retrouvées sur le tarmac à côté de l’avion en attente. Juste avant leur embarquement, Meredith avait fourni à la hâte des instructions à Riley sur comment télécharger les rapports de police pertinents. Elle l’avait à peine fait avant le décollage.

Maintenant, à mesure que l’avion prenait de l’altitude, elle s’attendait à tout revoir avec sa coéquipière. Mais Jenn n’avait pas l’air d’être elle-même.

Avec sa peau sombre, ses cheveux courts et raides et ses grands yeux intenses, la jeune partenaire de Riley ressemblait à une femme qui savait ce qu’elle faisait. Et c’était le cas d’habitude, mais aujourd’hui Jenn semblait distraite.

Riley montra son ordinateur.

— On a une affaire à résoudre.

Jenn acquiesça d’un signe de tête hâtif.

— Je sais. Qu’est-ce qu’on a ?

Tandis qu’elle parcourait les rapports de police, Riley dit :

— Pas grand-chose, du moins pas encore. Il y a une semaine, il y a eu un meurtre à Peterborough, dans la banlieue de Philadelphie. Justin Selves, un mari et père, a été tué dans sa maison. On lui a tranché la gorge.

— Quel était le mobile ? demanda Jenn.

— Au début, la police a supposé qu’il s’agissait d’un cambriolage qui avait mal tourné. Puis, pas plus tard qu’hier, une femme nommée Joan Cornell a été retrouvée morte dans sa propre maison à Springett, une banlieue juste à côté de Peterborough. On lui a aussi tranché la gorge, dit Riley.

 

Jenn inclina la tête.

— Peut-être que c’était juste un autre vol loupé. La cause de la mort pourrait n’être qu’une coïncidence. On dirait que ça devrait être facile à gérer sans notre aide pour les policiers locaux. On dirait pas que c’est un tueur en série.

En continuant à parcourir le rapport, Riley dit :

— Peut-être pas – sauf pour une chose étrange. Une chaise a été volée sur chaque scène de crime.

— Une chaise ? demanda Jenn.

— Oui, une chaise de salle à manger.

— Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? demanda Jenn.

— Rien encore, peut-être. C’est notre boulot de donner un sens à tout ça, dit Riley.

Jenn secoua la tête et marmonna :

— Des chaises. Nous enquêtons sur des chaises volées.

Puis elle haussa les épaules et ajouta :

— Je parie que ce n’est rien. Rien à examiner pour le BAC, en tout cas. Juste quelques meurtres stupides et méchants. Nous rentrerons probablement à Quantico avant même de nous en rendre compte.

Riley ne savait pas quoi dire. Elle n’avait pas l’habitude de se forger une opinion avant même qu’une affaire soit en cours. Ce n’était pas le cas de Jenn non plus, mais pour une raison ou une autre, Jenn semblait inhabituellement indifférente en ce moment.

Riley dit d’une voix prudente :

— Jenn, quelque chose ne va pas ?

— Non, dit Jenn. Pourquoi cette question ?

Riley tâtonna pour trouver les bons mots.

— Eh bien, c’est juste que… tu as l’air un peu…

Riley s’interrompit, puis dit :

— Tu me le dirais si quelque chose n’allait pas, n’est-ce pas ?

Jenn sourit faiblement.

— Qu’est-ce qui pourrait ne pas aller ? demanda-t-elle à Riley. Puis elle se tourna et regarda de nouveau par le hublot.

Riley se sentit mal à l’aise face la réponse évasive de Jenn. Elle se demandait si elle ne devrait pas insister. Jenn pouvait devenir susceptible quand les gens posaient trop de questions indiscrètes. Riley essaya de se convaincre que tout allait bien. C’est peut-être une humeur passagère de la part de Jenn.

Mais quand même.

Riley en savait beaucoup sur Jenn, surtout sur son passé. Elle savait que Jenn avait grandi dans une soi-disant “famille d’accueil” dirigée par une femme brillante et sinistre qui se faisait appeler “Tante Cora”. Tante Cora avait formé tous ses enfants placés à jouer un rôle dans son propre réseau criminel.

Jusqu’à présent, Jenn avait été la seule enfant adoptive à s’être échappée des griffes de tante Cora. Avec son esprit vif et sa personnalité décidée, elle avait gagné le respect en tant que policière, puis en tant qu’agente du BAC. Mais Riley savait que tante Cora avait pris contact avec Jenn pendant qu’elles travaillaient ensemble. Ces contacts avaient toujours semblé déranger la jeune agente, mais ils ne l’avaient jamais empêchée de faire son travail.

Qu’est-ce qui se passait maintenant ? Tante Cora essayait-elle de ramener Jenn dans sa sphère d’influence ?

Elle me le dirait sûrement, pensa Riley.

Toutes deux s’étaient méfiées l’une de l’autre lorsqu’elles avaient commencé à travailler ensemble, mais certaines affaires dangereuses les avaient beaucoup rapprochées. Elles avaient appris à se faire confiance au travers de sombres secrets. Jenn en savait même plus que Bill sur les fréquentations passées de Riley avec un génie criminel nommé Shane Hatcher.

Riley et Jenn avaient convenu de ne rien se cacher d’important. Riley hésitait donc à demander une explication maintenant.

Non, décida-t-elle. Je dois lui faire confiance.

Riley fronça les sourcils à sa propre pensée.

Sa rupture avec Blaine était encore très fraîche dans son esprit. Tout comme le comportement irresponsable d’April avec l’arme, et la bouderie de Jilly pour ne pas avoir eu d’arme elle-même.

Riley soupira silencieusement et pensa, La confiance me manque un peu en ce moment.

*

L’avion ne resta dans les airs qu’une heure avant d’atterrir à l’aéroport international de Philadelphie. Là-bas, les agentes furent accueillies par un policier qui les conduisit vers Springett, une banlieue aisée de Philadelphie. La voiture s’arrêta devant une charmante maison de trois étages, où deux autres véhicules officiels étaient déjà garés.

Riley et Jenn sortirent de la voiture et marchèrent vers la maison. Leur chauffeur sortit lui aussi et les suivit.

Un homme en uniforme aux cheveux blancs sortit de la maison et passa le ruban en travers du porche d’entrée. Il se présenta sous le nom de Jeremy Kree, le chef de la police de Peterborough, où le premier meurtre avait eu lieu.

En lui serrant la main, Riley dit :

— L’agente Roston et moi aurons besoin d’un véhicule pour nous déplacer pendant que nous sommes dans le secteur.

Kree acquiesça.

— Vous pouvez utiliser la voiture qui vous a amené ici.

Il dit au policier qui les avait conduits de leur prêter les clés du véhicule banalisé. Puis il introduisit Riley et Jenn à l’intérieur de la maison et les présenta à Burton Shore, un homme plus jeune qui était le chef de police ici à Springett. Burton les conduisit vers la zone où le meurtre avait eu lieu.

La première chose qui attira l’attention de Riley fut la table de la salle à manger, un nouveau design carré avec des chaises placées sur trois de ses côtés. D’après le rapport qu’elle avait lu, une quatrième chaise faisait partie du décor à l’origine, mais avait été volée. La table elle-même lui paraissait si petite pour une si grande maison familiale. Elle avait l’air plutôt étrange dans la grande salle à manger.

Probablement un détail insignifiant, pensa Riley.

Malgré tout, cela la dérangeait, et elle ne savait pas exactement pourquoi.

Shore les escorta autour d’un plan de travail en marbre surmonté d’une tache de sang révélatrice sur le bord. Là, sur le sol de la cuisine, il y avait une silhouette délimitée par du scotch, là où le corps de la victime était tombé. Une grande flaque de sang brunâtre sur le carrelage avait en grande partie coagulé, mais semblait encore quelque peu humide.

Riley demanda au chef Shore :

— Quand le corps a-t-il été emporté ?

— Le légiste du comté a ordonné qu’on l’enlève hier soir. Il voulait commencer l’autopsie dès que possible. Je suppose que c’était ok.

Riley hocha la tête. Elle aurait préféré que la scène de crime soit aussi peu dérangée que possible à son arrivée avec Jenn. Mais la décision du légiste n’avait pas été déraisonnable, d’autant plus qu’ils n’avaient pas établi de lien direct avec le meurtre précédent.

— Qu’est-ce que vous avez en termes de photos ? demanda-t-elle aux deux chefs.

Shore ouvrit un dossier pour montrer des photos de la scène de crime ici même, où le corps de Joan Cornell avait été trouvé, et Kree sortit des photos de l’autre victime tuée. Riley et Jenn regardèrent les images en silence pendant un moment.

Les deux victimes présentaient des blessures au front, suggérant qu’elles avaient été frappées et au moins assommées avant que les blessures mortelles à la gorge ne leur aient été infligées. À en juger par la tache sur le plan de travail, Riley supposa que le tueur avait dû frapper la tête de la femme sur le bord, puis lui trancher la gorge alors qu’elle gisait sur le sol de la cuisine.

Riley éprouva un étrange frisson de déjà-vu à la vue des blessures béantes à la gorge et de l’abondance de sang. Ils lui rappelaient la première affaire sur laquelle elle avait travaillé, avant même d’envisager de devenir une agente du FBI. C’était il y avait de cela des années, quand elle était étudiante à l’université de Lanton. Un meurtrier avait tué deux de ses amies en leur tranchant la gorge dans leur chambre. À contrecœur, Riley s’était laissée entraîner dans l’enquête, et sa vie n’avait plus jamais été la même.

Riley chassa vite de ce sentiment.

Un nouveau tueur, à une autre époque, se dit-elle.

— Que savons-nous du meurtre qui a eu lieu ici ? demanda-t-elle à Shore.

— La victime s’appelait Joan Cornell, et elle était une mère divorcée de quatre enfants. Trois de ses enfants vivent ailleurs dans le pays, mais son aînée, une fille, vit toujours ici à Springett. Elle s’arrêtait toujours assez régulièrement pour prendre des nouvelles de sa mère. Hier après-midi, elle l’a trouvée morte, ici même, dit le jeune chef.

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