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La Pensée de l'Humanité

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CHAPITRE VI
PÉCHÉS, TENTATIONS, SUPERSTITIONS

La vie humaine serait un bonheur continuel si les superstitions, les tentations et les péchés n'avaient pas privé les hommes de ce bien qui leur est accessible. Le péché est l'encouragement aux désirs charnels; les tentations sont la conception erronée que l'homme a de ses relations avec le monde; les superstitions sont les fausses doctrines acceptées sur parole.

I. —La vraie vie n'est pas dans le corps, mais dans l'âme
1

Le terme de péché, dans le langage populaire, est employé par le laboureur lorsque la charrue lui échappe des mains, et qu'elle sort du sillon sans retourner la terre.

Il en est de même dans la vie. Le péché est la déviation du corps humain de la bonne voie et son impuissance, par suite, d'accomplir son devoir.

2

Dans leur jeunesse, lorsqu'ils ne connaissent pas le but réel de la vie qui est la communion dans l'amour, les hommes pensent que le but est de satisfaire leurs désirs charnels. Il n'y aurait pas grand mal, si cette illusion n'était qu'une erreur de la raison; mais le malheur est que l'assouvissement des désirs charnels souille l'âme et que celle-ci perd la faculté de trouver son bonheur dans l'amour.

N'est-ce pas vouloir puiser de l'eau potable avec un récipient bien souillé préalablement?

3

Tu voudrais procurer à ton corps les plus grands plaisirs. Mais ton corps, vivra-t-il longtemps? Se soucier des plaisirs charnels, c'est construire sa maison sur de la glace. Quelle joie pourrait-on attendre d'une telle vie, quel repos? Ne crains-tu pas constamment que, tôt ou tard, la glace fondra, que, tôt ou tard, tu devras abandonner ton corps mortel?

Transporte donc ta maison sur la terre ferme; travaille à ce qui ne meurt pas: perfectionne ton âme, débarrasse-toi des péchés, des tentations et des superstitions.

D'après SKOVORODA.
4

L'enfant ne sent pas encore son âme et ne sent pas ce qu'éprouve l'adulte lorsqu'il entend deux voix contradictoires parler en lui. L'une dit: «mange toi-même» et l'autre: «donne à celui qui demande.» L'une dit: «venge-toi», et l'autre: «pardonne». L'une dit: «crois à ce que disent les autres», et l'autre: «réfléchis toi-même».

Plus l'homme devient âgé, plus il entend ces deux voix contradictoires: l'une est la voix du corps, l'autre celle de l'esprit. Et celui qui s'habituera à entendre la voix de l'âme, sera heureux.

5

Nul ne peut servir deux maîtres: car ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon.

MATTH., VI, 24.
6

On ne peut avoir soin en même temps de son âme et de son corps. Si tu veux des plaisirs charnels, renonce à ton âme; si tu veux préserver ton âme, renonce aux plaisirs charnels. Sinon, tu sera tiraillé tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, et tu n'auras ni l'un ni l'autre.

7

L'homme cherche à s'assurer la liberté afin de soustraire son corps à toute entrave et de pouvoir agir à sa guise. C'est là une grande erreur. Les moyens par lesquels les hommes cherchent à délier leur corps de toute entrave: la richesse, la puissance, la bonne réputation, tout cela n'assure pas la liberté souhaitée; au contraire, cela ne fait que les lier davantage. Pour acquérir une liberté plus grande, les hommes construisent une prison de leurs péchés, tentations et superstitions et s'y enferment.

II. —Qu'est-ce que le Péché?
1

La doctrine des Bouddhistes enseigne cinq commandements principaux. Le premier: ne tue sciemment nul être vivant. Le deuxième: ne t'approprie pas ce qu'autrui considère comme son bien. Le troisième: sois chaste. Le quatrième: ne dis pas le contraire de la vérité. Le cinquième: ne te grise ni de boissons, ni de fumée. Les Bouddhistes considèrent donc comme péchés: le meurtre, le vol, la fornication, l'ivrognerie, le mensonge.

2

La doctrine évangélique ne recommande que deux préceptes, tous deux ayant trait à l'amour. Lorsque l'homme de loi, pour éprouver le Christ, lui demanda: – Maître quel est le grand commandement de la loi? Jésus répondit: – Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute la pensée. C'est là le premier et le grand commandement. Et voici le second qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

C'est pourquoi, d'après la doctrine chrétienne, tout ce qui est en désaccord avec ces deux commandements, est péché.

3

Les hommes ne sont pas punis à cause de leurs péchés, mais par les péchés mêmes. C'est là le plus pénible et le plus sûr des châtiments.

Il arrive qu'un imposteur ou un méchant vit et meurt dans l'opulence et les honneurs; mais ceci ne signifie nullement qu'il a échappé au châtiment dû pour ses péchés. Et le châtiment ne se produira pas quelque part où personne n'a jamais été et n'ira jamais, mais ici même. Cet homme est déjà puni par ce fait que chaque nouveau péché l'éloigné de plus en plus du vrai bonheur, de l'amour, et qu'il devient de moins en moins heureux. De même qu'un ivrogne, qu'il soit puni par les hommes ou non, l'est déjà à coup sûr, parce que, indépendamment de son mal de tête immédiat dû à l'ivresse, il est puni par les souffrances qui le tenaillent à mesure qu'il s'adonne à l'ivrognerie.

4

Si l'on s'imagine que l'on peut se débarrasser de ses péchés dans cette vie, on se trompe grossièrement. L'homme peut avoir plus ou moins de péchés, mais il ne saurait être impeccable. Il ne le saurait, parce que toute notre vie se passe dans l'effort de nous libérer de nos péchés et c'est là seulement qu'est le vrai bonheur.

III. —Les Tentations et les Superstitions
1

Le but de l'homme dans cette vie est d'accomplir la volonté de Dieu. Celle-ci commande à l'homme de développer et de manifester l'amour qui est en lui. Que peut faire l'homme pour manifester cet amour? Supprimer tout ce qui l'entrave. Qu'est-ce qui l'entrave? Les péchés.

De sorte que pour accomplir la volonté divine, l'homme n'a qu'une chose à faire: se libérer de ses péchés.

2

Pécher est l'œuvre humaine; justifier les péchés est œuvre diabolique.

3

Tant que l'homme est sans raison, il vit comme une bête et il n'est pas responsable de la suite de ses actes, bons ou mauvais. Mais le moment arrive où il devient capable de réflexion et peut distinguer entre ce qu'il doit et ce qu'il ne doit pas faire. Or, au lieu de comprendre que la raison lui est donnée pour discerner le bien et le mal, il l'emploie souvent à justifier le mal qui lui est agréable et auquel il est habitué.

C'est ce qui engendre les tentations et les superstitions dont le monde souffre le plus.

4

C'est mal quand l'homme se croit sans péchés et n'a pas besoin de faire d'efforts sur lui-même. Mais c'est tout aussi mal quand l'homme s'imagine être né dans les péchés, être condamné à mourir comblé de péchés et qu'il ne servirait à rien de faire des efforts pour s'en débarrasser. Les deux erreurs sont également funestes.

5

C'est mal quand l'homme qui vit parmi les pécheurs ne voit ni ses propres péchés, ni ceux des autres; mais c'est plus mal encore quand l'homme voit les péchés des autres et ne remarque pas les siens.

6

Dans chaque existence, il arrive un moment où le corps vieillit, s'affaiblit, devient de moins en moins exigeant, tandis que le «moi» spirituel grandit de plus en plus. Alors, ceux qui sont habitués à satisfaire leurs désirs corporels imaginent, afin de ne pas renoncer à leurs habitudes, des séductions et des superstitions qui leur permettent de vivre en pécheurs. Mais ils ont beau faire de garantir leur corps contre le «moi» spirituel, ce «moi» vainc toujours, ne serait-ce que dans les derniers moments de la vie.

7

D'abord, le péché est un étranger dans notre âme; puis, il en est l'hôte; et lorsque nous nous habituons à lui, il y devient comme le maître de la maison.

8

Celui qui commet un péché pour la première fois ressent toujours sa faute; celui qui pèche à plusieurs reprises, – surtout lorsque les gens qui l'entourent commettent le même péché, – tombe dans la tentation et ne sent plus son péché.

9

Lorsqu'un homme a commis un péché et s'en rend compte, il a deux issues: l'une de reconnaître sa faute, et de s'efforcer à ne plus recommencer; l'autre est de chercher à savoir ce que les gens pensent du péché qu'il a commis, et si ces gens ne le blâment pas, de continuer à pécher.

«Tous le font, pourquoi donc ne ferai-je pas comme tout le monde?» Lorsque l'homme s'engage sur cette pente, il ne s'aperçoit plus qu'il s'éloigne chaque jour davantage de la bonne voie.

10

«Les tentations doivent exister sur la terre», a dit le Christ. Je crois que le sens de cette sentence est que la connaissance de la vérité ne suffit pas pour détourner les hommes du mal et pour les attirer vers le bien.

Pour que la plupart des hommes puisse connaître la vérité, il est indispensable d'être amené, par les péchés, les tentations et les superstitions, au dernier degré de l'erreur et à la souffrance qui s'ensuit.

11

Les péchés viennent du corps; les tentations, de l'opinion publique; les superstitions, du manque dé confiance en son propre jugement.

 
IV. —L'œuvre essentielle de la vie de l'homme est de se débarrasser des péchés, des tentations, et des superstitions
1

L'homme se réjouit lorsque son corps sort de la captivité, de la prison. Comment donc ne serait-il pas heureux lorsqu'il se débarrasse des péchés, des tentations et des superstitions qui tenaient son âme en captivité?

2

Admettons que les hommes ne sachent vivre que de la vie bestiale, qu'ils ne luttent pas contre leurs passions – quelle vie horrible ce serait, quelle haine il y aurait entre tous les hommes, quelle débauche, quelle cruauté! C'est parce que les hommes connaissent leurs faiblesses et leurs passions et luttent contre elles, qu'ils peuvent vivre ensemble.

3

La vie de l'homme, qu'il le veuille ou non, tend à le débarrasser de plus en plus de ses péchés. Celui qui le comprend, y contribue de ses efforts, et la vie d'un tel homme est facile, parce qu'elle est en accord avec ce qui se produit en lui.

4

Les enfants ne sont pas encore habitués aux péchés et tout péché leur répugne. Les adultes sont déjà tombés dans la tentation et ils pèchent sans s'en rendre compte.

5

Deux femmes vinrent trouver un vieillard pour lui demander conseil. L'une se considérait comme une grande pécheresse. Etant jeune encore, elle avait trompé son mari et vivait dans un tourment continuel. L'autre, ayant toujours vécu selon les bonnes règles, ne se reprochait aucune faute marquante et était satisfaite d'elle-même.

Le vieillard interrogea les deux femmes sur leur vie. L'une, tout en larmes lui avoua son grand péché. Elle le trouvait si grand qu'elle ne croyait pas mériter le pardon; l'autre déclara qu'elle ne reconnaissait aucun péché particulier. Le vieillard dit à la première:

– Va derrière le clos et trouve-moi une grande pierre, la plus grande que lu pourras soulever, et apporte-la.

– Et toi, dit-il à celle qui ne se connaissait pas de grands péchés, apporte-moi aussi des pierres, autant que tu pourras en porter, mais des petites.

Les femmes exécutèrent l'ordre du vieillard. L'une apporta un grand bloc, l'autre, tout un sac de cailloux.

Le vieillard examina les pierres et dit:

– Voici ce que vous allez faire maintenant: rapportez les pierres là où vous les avez prises, et lorsque vous l'aurez fait, revenez me trouver.

Les femmes s'en furent exécuter l'ordre du vieillard. La première trouva facilement l'endroit où elle avait pris la pierre et la remit à sa place. La seconde, n'arrivant pas à se rappeler les places où se trouvaient chacune de ses pierres, revint avec son sac vers le vieillard, sans avoir exécuté son ordre.

– Il en est de même pour les péchés, dit le vieillard. Tu as pu remettre, sans difficulté, une grande et lourde pierre à son ancienne place, parce que tu te souvenais où tu l'avais prise. Quant à toi, tu n'as pu le faire, parce que tu ne te souvenais plus où tu avais pris les petites pierres.

Puis, se tournant de nouveau vers la première, il ajouta:

– Tu te souvenais de ta faute, tu supportais les reproches des gens et ceux de ta conscience, tu t'humiliais, et tu t'es libérée ainsi des conséquences de ton péché. Quant à toi, dit-il à la femme qui avait rapporté les cailloux, n'ayant commis que des petites fautes, tu ne t'en souvenais plus, tu ne t'en repentais pas, tu t'es habituée à vivre dans les péchés et, en blâmant les fautes d'autrui, tu t'es enlizée de plus en plus dans les tiennes.

6

C'est une grande erreur que de croire à la possibilité de se débarrasser d'un péché par la foi ou le pardon des hommes. On ne peut en aucune façon se libérer d'un péché; on peut seulement le reconnaître et tâcher de ne plus le répéter.

7

Ne sois jamais lâche devant le péché, ne te dis pas: je ne peux pas faire autrement, je suis habitué, je suis faible. Tant que tu vis, tu peux toujours lutter contre le péché et le vaincre, sinon aujourd'hui, demain; sinon demain, après-demain; sinon après demain, sûrement avant ta mort. Mais si tu renonces d'avance à la lutte, tu renonces au sens fondamental de la vie.

8

L'être chez qui est absente la conscience de son unité avec Dieu et avec tout ce qui vit est sans péchés. Tels sont l'animal, la plante.

Au contraire, l'homme reconnaît la présence simultanée en lui de la bête et de Dieu; c'est pourquoi il ne saurait être sans péchés. Nous disons que les enfants sont innocents. Ce n'est pas exact. L'enfant n'est pas innocent. Il a moins de péchés que l'adulte, mais il a déjà des péchés charnels. De même un homme de sainte vie n'est pas sans péchés. Un saint a commis moins de péchés, mais il en a commis quand même: sans péchés il n'y a pas de vie.

9

Pour s'habituer à lutter contre le péché, il est utile de cesser, de temps en temps, ses occupations habituelles, afin de voir si l'on est maître de son corps, ou si c'est le corps qui est le maître.

V. —L'importance des péchés, des tentations, des superstitions, et des fausses doctrines dans la manifestation de la vie spirituelle
1

Ceux qui croient que Dieu a créé le monde demandent souvent: pourquoi Dieu a-t-il créé l'homme tel qu'il soit obligé de pécher? Cela revient à demander pourquoi Dieu a créé la femme qui, pour avoir un enfant, doit souffrir, accoucher, l'allaiter, l'élever? Ne serait-ce pas plus simple si Dieu lui donnait des enfants tout faits, sans accouchement, sans allaitement, sans peines ni soucis? Aucune mère ne posera cette question, car l'enfant lui est cher précisément par ce que c'est dans les tourments de l'accouchement, de l'allaitement, de l'éducation, des soucis qu'était la plus grande joie de sa vie.

Il en est de même de la vie humaine: les péchés, les tentations, les superstitions, la lutte et la victoire obtenue sur eux constituent tout le sens et toute la joie de la vie.

2

Il est très pénible à l'homme de connaître ses péchés: en revanche, il éprouve une grande joie à sentir qu'il s'en débarrasse. S'il n'y avait pas de nuit, nous ne pourrions pas nous réjouir à l'apparition du soleil; s'il n'y avait pas de péché, l'homme ne connaîtrait pas les joies d'une vie exemplaire.

3

Si l'homme n'avait pas d'âme, il ne connaîtrait pas les péchés; et s'il n'y avait pas de péchés, l'homme ne saurait pas qu'il possède une âme.

4

Les péchés, les tentations et les superstitions constituent le terreau qui doit recouvrir les semences de l'amour pour qu'elles puissent lever.

CHAPITRE VII
DES EXCÈS

Le seul et unique bonheur de l'homme est dans l'amour. Mais il est privé de ce bien, lorsqu'au lieu de développer en lui l'amour, il augmente et encourage les exigences de son corps.

I. —Tout le superflu dont jouit le corps est nuisible, tant au corps qu'à l'âme
1

Il ne faut satisfaire les besoins du corps que dans les limites du nécessaire. Imaginer de nouveaux plaisirs pour le corps, c'est vivre à rebours, c'est-à-dire mettre l'âme au service du corps, au lieu du corps au service de l'âme.

2

Moins on a de besoins, plus la vie est heureuse; c'est là une ancienne vérité qui est loin d'être acceptée par tout le monde.

3

Plus tu t'habitues au luxe, plus tu te soumets à la servitude; car plus tu auras de besoins, plus tu limiteras ta liberté. La liberté absolue consiste à n'avoir besoin de rien, et celle plus limitée est de n'avoir besoin que de peu.

JEAN CHRYSOSTOME.
4

On pèche envers les hommes et l'on pèche envers soi-même. Les péchés envers les hommes viennent de ce qu'on ne respecte pas l'Esprit Divin chez son semblable. Les péchés envers soi-même, de ce qu'on ne respecte pas l'Esprit Divin en soi-même.

5

Si tu veux vivre tranquille et libre, déshabitue-toi de ce dont tu peux te passer.

6

Tout ce qui est nécessaire au corps est facile à obtenir. Il n'est difficile de se procurer que ce qui n'est pas nécessaire.

7

C'est bon d'avoir ce qu'on désire; mais c'est mieux de ne rien désirer de plus de ce qu'on a.

MENEDEM.
8

Si tu te portes bien et que tu as travaillé jusqu'à sentir la fatigue, l'eau et le pain te paraîtront meilleurs qu'au riche ses mets choisis, ta paillasse plus moelleuse que tous les lits à ressorts, et ta blouse de travail te sera plus agréable que tous les vêtements de velours.

9

Socrate s'abstenait de toute nourriture qui flattait, seulement le goût, ne mangeait que juste pour satisfaire sa faim, et recommandait à ses élèves de suivre son exemple. Il disait que les excès de boisson et de nourriture étaient très nuisibles non seulement au corps, mais aussi à l'âme, et il conseillait de sortir de table ayant encore faim. Il leur rappelait l'histoire du sage Ulysse et de la fée Circé qui n'a pu ensorceler Ulysse uniquement parce qu'il n'avait pas mangé à l'excès, alors que tous ses compagnons furent métamorphosés par elle en pourceaux dès qu'ils se sont empiffrés de mets délicats.

10

La plupart des hommes d'aujourd'hui sont persuadés que le bonheur est de flatter les exigences corporelles. Cet état d'esprit est révélé par l'extension de la doctrine socialiste. D'après cette doctrine, l'homme dont les besoins sont peu développés est une brute, tandis que l'accroissement des besoins est le premier indice de l'homme civilisé, indice de la conscience de sa dignité. Les hommes de notre temps ont à tel point foi en cette fausse doctrine qu'ils ne font que railler les sages qui voyaient le bien de l'homme dans la diminution de ses besoins.

11

Voyez comment voudrait vivre l'esclave. Il veut, tout d'abord, qu'on le mette en liberté. Il pense que, sans cela, il ne peut être ni libre, ni heureux. Il dit: «Si on m'avait donné la liberté, j'aurais été immédiatement heureux. Je ne serais plus obligé d'exécuter les caprices, ni de gagner les bonnes grâces de mon maître; je pourrais parler à qui me plaira, comme à mon égal; je pourrais aller où je voudrais sans eu demander la permission à personne.»

Mais aussitôt qu'il est en liberté, il se met à chercher qui il pourrait bien flatter pour mieux dîner. Pour y parvenir, il est prêt à toutes les bassesses. Et dès qu'il réussit à s'installer auprès d'un homme riche, il retombe dans le même esclavage que celui d'où il voulait tant sortir.

Lorsqu'un tel homme commence à s'enrichir, il prend une maîtresse et retombe auprès d'elle dans une servitude pire encore. Riche, il possède moins de liberté encore, et alors il souffre et pleure. Et lorsqu'il est très malheureux, il se rappelle sa servitude d'autrefois et dit: «Je n'étais vraiment pas mal chez mon maître. Je n'avais aucun souci, j'étais vêtu, chaussé, nourri, et lorsque j'étais malade on me soignait. Le travail n'était pas trop difficile. Tandis que maintenant, j'ai tant à faire. Je n'avais alors qu'un seul maître; maintenant, j'en ai un grand nombre. Que de gens à satisfaire!»

ÉPICTÈTE.
II. —L'Insatiabilité des passions charnelles
1

Pour entretenir la vie, notre corps a besoin de peu; tandis que les caprices de notre corps ne peuvent jamais être contentés.

2

Flatter le corps, lui assurer le superflus, est une grande erreur. En effet, la vie de luxe n'augmente pas, mais diminue le plaisir de manger, de se reposer, de dormir, de s'habiller, de se loger. Si l'on mange trop, ou sans avoir faim, l'estomac se délabre et on n'a pas de goût à la nourriture. Si l'on roule en voiture quand il est facile de faire le même trajet à pied, si l'on s'habitue à un lit moelleux, à une nourriture délicate et recherchée, à une installation luxueuse, si l'on est habitué à faire faire aux autres ce que l'on peut faire soi-même, on n'a plus de plaisir à se reposer après le travail, à avoir chaud après le froid, à bien dormir, et l'on ne fait que s'affaiblir de plus en plus et diminuer ses joies, sa paix et sa liberté.

5

Les hommes devraient prendre exemple sur les bêtes pour savoir traiter leur corps. Dès que l'animal a ce qui est nécessaire à son corps, il se calme. Pour l'homme, il ne suffit pas de contenter sa faim, de pouvoir s'abriter; il invente continuellement de nouveaux plats et de nouvelles boissons, construit des palais, fabrique une grande quantité d'objets inutiles qui ne le rendent que plus malheureux.

 
III. —Péché d'intempérance dans la nourriture
1

Un sage disait: Je remercie Dieu de nous avoir rendu facile tout ce qui est nécessaire, et difficile tout ce qui ne l'est pas. C'est juste surtout pour la nourriture; celle qui est nécessaire à l'homme pour qu'il se porte bien et puisse travailler est simple et bon marché: le pain, les fruits, les légumes, l'eau. On en trouve partout.

Seuls les plats compliqués sont difficiles à préparer. Non seulement ils sont difficiles à préparer, mais encore ils sont nuisibles.

2

On meurt plus rarement de faim que de la bonne chair.

3

Il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger.

4

Sans la gourmandise, nul oiseau ne serait pris dans les filets de l'oiseleur. On prend les gens au même appât. Le ventre – c'est comme des chaînes aux mains et des fers aux pieds. Celui qui est esclave de son ventre reste toujours esclave. Si tu veux être libre, commence à te libérer de ton ventre. Mange pour calmer ta faim, et non pour y trouver du plaisir.

D'après SAADI.
IV. —Le péché de manger de la viande
1

Pythagore ne mangeait pas de viande. Lorsqu'on demandait à Plutarque, qui avait décrit la vie de Pythagore, pourquoi celui-ci ne mangeait pas de viande, il répondait qu'il s'étonnait non pas de ce que Pythagore ne mangeait pas de viande, mais de ce qu'il y avait, encore des gens qui, au lieu de se nourrir de graines, de légumes et de fruits, captivent des êtres vivants et les tuent pour les manger.

2

«Tu ne tueras point» ne se rapporte pas uniquement au meurtre de l'homme, mais de tout ce qui vit. Ce commandement avait été gravé dans le cœur de l'homme avant de l'être au Sinaï.

3

La compassion pour les animaux est si étroitement liée à la bonté que l'on peut affirmer avec assurance que celui qui est cruel pour les bêtes, ne peut avoir bon cœur.

SCHOPENHAUER.
4

Ne lève pas ta main sur ton frère et ne verse pas le sang des êtres qui peuplent la terre: hommes, animaux domestiques, bêtes fauves et oiseaux; des profondeurs de ton âme s'élève une voix qui le défend de répandre le sang, car le sang c'est la vie, et tu ne peux pas rendre la vie.

LAMARTINE.
5

Les joies que la pitié et la compassion pour les animaux donnent à l'homme rachètent au centuple les plaisirs dont, il se prive en renonçant à la chasse et à la chair abattue.

V. —Péché de la griserie: vin, tabac, opium, etc
1

Pour pouvoir bien vivre, les hommes ont surtout besoin de leur raison. Ils devraient donc tenir tout particulièrement à leur saine raison. Pourtant, ils trouvent du plaisir à l'étouffer par le vin, le tabac et l'opium, et c'est parce qu'ils désirent mener une mauvaise vie et que leur raison non obscurcie leur montre que leur vie est mauvaise.

2

Pourquoi les hommes, ayant des habitudes différentes, gardent-ils l'habitude de fumer et de boire? Parce que la plupart parmi eux sont mécontents de leur vie. Ils en sont mécontents parce qu'ils-recherchent les plaisirs charnels sans jamais pouvoir les satisfaire. C'est pourquoi les pauvres comme les riches cherchent l'oubli dans l'ivresse.

3

Si l'homme mange trop, il lui est difficile de ne pas être paresseux. S'il boit des boissons grisantes, il lui est difficile de rester chaste.

4

Personne ne s'est jamais enivré ni grisé de fumée pour accomplir une bonne action: travailler, prendre une décision, soigner un malade, prier Dieu. Mais la plupart des mauvaises actions sont faites dans un état d'ébriété.

Ce n'est pas un crime de se griser; mais c'est créer l'état qui dispose au crime.

VI. —Servir le corps, c'est nuire à l'âme
1

Si un homme a beaucoup plus qu'il ne lui faut, c'est que d'autres manquent du nécessaire.

2

Qui est plus heureux: celui qui se nourrit par son travail juste assez pour ne pas avoir faim, s'habille pour ne pas rester nu, se loge pour ne pas souffrir de la pluie et du froid; ou bien celui qui se procure une bonne nourriture, des vêtements riches et une habitation luxueuse par la mendicité, la servilité, ou par l'escroquerie et la force?

3

Si nous n'avions pas inventé le luxe, tous ceux qui sont maintenant dans la misère pourraient vivre sans manquer de rien, et les riches sans craindre pour leur vie ou leurs richesses.

4

De même que le premier principe de la sagesse est la connaissance de soi-même, parce que celui qui se connaît peut connaître les autres, de même le premier principe de la charité est de se contenter de peu, car seul celui qui se contente de peu, peut être charitable.

J. RUSKIN.
5

Les grands penseurs et les saints étaient sobres et chastes.

6

De même que la fumée chasse les abeilles de leur ruche, la voracité et l'ivrognerie chassent les meilleures forces spirituelles.

BASILE LE GRAND.
7

Ne tuez pas votre cœur par des excès de nourriture et de boisson.

MAHOMET.
VII —Seul celui qui est maître de ses désirs charnels est libre
1

Lorsque l'homme vit, non pour l'âme mais pour le corps, il imite un oiseau qui irait d'un endroit à l'autre sur ses faibles pattes, au lieu de voler en toute liberté sur ses ailes.

2

Vous dites que la bonne chair, les vêtements riches et le luxe sont le bonheur. Moi, je crois que la plus grande félicité est de ne rien désirer, et, afin de se rapprocher de ce bonheur suprême, il faut, s'habituer à avoir besoin de peu.

SOCRATE.
3

Personne ne s'est jamais repenti d'avoir vécu trop simplement.

4

Ce qui arrive à l'estomac lorsqu'on le bourre jusqu'à l'indigestion, arrive quand il y a excès dans les distractions. Plus les hommes s'évertuent d'augmenter le plaisir de manger, en inventant des plats raffinés, plus l'estomac s'affaiblit et plus le plaisir d'absorber la nourriture diminue. Plus les gens s'efforcent à augmenter le plaisir des distractions par des jeux compliqués, plus leur faculté de goûter ce plaisir s'affaiblit.

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