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La Pensée de l'Humanité

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CHAPITRE VIII
DE LA LUBRICITÉ

Le principe divin demeure dans tous les êtres humains, femmes et hommes. C'est donc un grand péché que de considérer les porteurs de ce principe comme un moyen de plaisir sensuel.

Pour l'homme, chaque femme doit être, avant tout, une sœur, et l'homme pour la femme, un frère.

I. —On doit tendre à la complète chasteté
1

Il est bon de vivre honnêtement marié, mais il vaut mieux encore de ne jamais se marier. Peu de gens en sont capables. Mais celui qui le peut est heureux.

2

Les gens qui se marient lorsqu'ils peuvent s'en passer, agissent comme celui qui tombe sans avoir trébuché. Si l'on trébuche et que l'on tombe, il n'y a rien à y faire, mais si l'on n'a pas trébuché, pourquoi tomber exprès? Si tu peux vivre chaste, sans pécher, il est préférable de ne pas te marier.

3

C'est une erreur de croire que la chasteté est contraire à la nature humaine. La chasteté est possible et donne bien plus de bonheur qu'un mariage, même heureux.

4

Les excès de nourriture sont funestes à une vie honnête; mais les excès sexuels le sont plus encore. C'est pourquoi moins l'homme s'adonne aux uns et aux autres, mieux cela vaut pour sa vie spirituelle. La différence entre les uns et les autres est toutefois très sensible. En renonçant entièrement à la nourriture, l'homme ne peut prolonger sa vie, alors qu'en renonçant au besoin sexuel, il ne supprime ni sa vie, ni la vie de son espèce qui ne dépend pas de lui seul.

5

«Celui qui n'est pas marié, s'occupe des choses du Seigneur pour plaire au Seigneur. Mais celui qui est marié s'occupe des choses du monde pour plaire à sa femme. Il y a cette différence entre la femme mariée et la vierge, que celle qui n'est pas mariée s'occupe des choses du Seigneur pour être sainte de corps et d'esprit, tandis que celle qui est mariée s'occupe des choses du monde pour plaire à son mari.

I COR., 7, 33.
6

Si les gens se marient avec la conviction qu'ils servent ainsi Dieu et les hommes en prolongeant l'espèce humaine, ils s'abusent. Au lieu de se marier pour augmenter le nombre des enfants, ils feraient bien mieux de concourir au sauvetage de millions de petits êtres qui périssent de misère et manquent de soins.

7

Bien que très peu d'hommes puissent atteindre à une chasteté absolue, chacun doit comprendre et se rappeler qu'il peut toujours être plus chaste qu'il ne l'a été, et que plus l'homme se rapproche de la chasteté absolue, plus il sera heureux lui-même et pourra concourir au bonheur des autres.

8

On dit que si tous étaient chastes, le genre humain s'éteindrait. Or, suivant l'Eglise, la fin du monde doit arriver; de même suivant la science, la vie humaine et notre planète même doivent avoir une fin.

Pourquoi dès lors nous révolter à l'idée qu'une vie morale amènerait également le genre humain à sa fin?

En réalité, l'extinction ou la prolongation du genre humain ne doit pas nous préoccuper. Chacun de nous ne doit avoir qu'un souci: vivre honnêtement, ce qui, pour le désir sexuel, veut dire s'efforcer d'être aussi chaste que possible.

9

Un savant a calculé que si l'humanité continue à se doubler tous les 50 ans, suivant la progression actuelle, dans 7.000 ans un couple aura produit tant d'hommes qu'en les entassant l'un contre l'autre sur toute l'étendue du globe, une 27e partie seulement de tous les hommes pourrait s'y placer.

Pour éviter cette alternative, il n'y a qu'un moyen, celui indiqué par tous les sages de la terre et qui s'accorde avec les aspirations de l'âme humaine: la chasteté; il faut tendre à la plus grande chasteté réalisable.

10

«Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens (dit le Christ en citant les paroles de la loi de Moïse): tu ne commettras point d'adultère. Mais moi, je vous dis, que quiconque regarde une femme pour la convoiter, a déjà commis un adultère avec elle clans son cœur.» (MATTH., V, 27-28).

Ces paroles ne peuvent signifier autre chose que la possibilité pour l'homme d'aspirer à la chasteté absolue.

«Comment la réaliser? objectera-t-on. Si les hommes deviennent entièrement chastes, le genre humain disparaîtra.» Mais en parlant ainsi, on oublie qu'indiquer la perfection à laquelle l'homme doit tendre, ce n'est point exiger la perfection absolue. Il n'est pas donné à l'homme d'atteindre la perfection en aucune chose. La destinée de l'homme est dans la marche vers la perfection.

II. —Le péché de luxure
1

Un homme non dépravé éprouve toujours du dégoût et de la honte à parler des rapports sexuels et à y penser. Garde ce sentiment. Ce n'est pas sans raison que ce sentiment est propre à l'homme. Il l'aide à se contenir de l'impudicité et à rester chaste.

2

On désigne par le même mot l'amour spirituel, – pour Dieu et son prochain, – et l'amour charnel de l'homme pour la femme et de la femme pour l'homme.

C'est une grande erreur. Il n'y a rien de commun entre ces sentiments. Le premier, – l'amour spirituel pour Dieu et son prochain – est la voix de Dieu; le second – l'amour entre homme et femme – est la voix de la bête.

3

La loi de Dieu consiste à aimer Dieu et son prochain, c'est-à-dire, tous les hommes sans distinction. Dans l'amour sexuel, l'homme aime une femme plus que tous et la femme n'aime qu'un seul homme. Il s'ensuit le plus souvent que l'amour sexuel empêche l'homme d'observer la loi divine.

III.– Malheurs provoqués par la licence sexuelle
1

Tant que tu n'as pas exterminé dans sa racine le désir sexuel que tu éprouves pour une femme, ton esprit sera lié aux choses de la terre, comme le veau-têtard est lié à sa mère.

Les gens pris de désir s'agitent comme un lièvre pris dans un piège. Dès qu'ils sont pris dans les filets de la passion charnelle, ils restent longtemps sans pouvoir se débarrasser des souffrances.

Sagesse bouddhiste.
2

Le papillon de nuit vole vers la lumière parce qu'il ne sait pas qu'il se brûlera les ailes; le poisson avale l'amorce parce qu'il ne sait pas que cela le fera périr. Mais nous savons que le désir sexuel nous engluera, nous fera sûrement périr; malgré cela, nous nous y abandonnons.

3

De même que les feux follets des marécages conduisent les hommes aux fondrières, puis disparaissent; les plaisirs sexuels illusionnent l'homme.

Il s'égare, empoisonne son existence et, lorsqu'il se dégrise, il n'aperçoit même plus le mirage auquel il avait sacrifié une partie de sa vie.

D'après SCHOPENHAUER.
IV. —Altitude criminelle des conducteurs d'âmes dans la question sexuelle
1

Pour bien comprendre toute l'immoralité, tout esprit anti-chrétien de la vie des peuples chrétiens, il suffit de se rappeler que la situation des femmes qui vivent du vice est reconnue et réglementée dans tous les pays.

2

Les gens riches se sont fait une conviction partagée par la fausse science, suivant laquelle les rapports sexuels seraient indispensables; seulement, le mariage n'étant pas toujours possible, les rapports sexuels n'engageraient à rien, sauf à les payer, et seraient absolument naturels. Cette conviction est devenue tellement générale et inébranlable que les parents, sur les conseils d'un médecin, organisent la débauche pour leurs enfants, et les institutions dont le seul but est de s'occuper du bien-être des citoyens, autorisent l'existence d'une classe de femmes qui doivent périr moralement et physiquement, pour satisfaire à la dépravation de l'homme.

3

Parler de l'utilité ou de la nocivité des rapports sexuels, reviendrait à demander s'il est utile ou nuisible de boire le sangd'autrui.

V. —Lutte contre le péché sexuel
1

L'homme, comme l'animal, est obligé de lutter contre les autres êtres et se reproduire pour assurer l'existence de son espèce. Mais, créature douée de raison et d'amour, l'homme ne doit pas lutter contre les autres êtres et ne doit pas penser à se reproduire; il doit rester chaste. De la combinaison de ces deux aspirations contraires résulte la vie humaine telle qu'elle doit l'être.

2

La lutte contre le désir sexuel est la lutte la plus difficile, et il n'y a pas de situation ni d'âge, excepté l'enfance et la profonde vieillesse, où l'homme en est libéré. C'est pourquoi tout adulte, homme ou femme, doit surveiller l'ennemi qui n'attend qu'une occasion propice pour attaquer.

3

De même que nous devons prendre sur les animaux l'exemple de tempérance dans la nourriture: ne manger que lorsqu'on a faim et sans en abuser, nous devons les imiter dans nos rapports sexuels: s'abstenir comme eux jusqu'à l'âge de puberté, ne s'y adonner que lorsqu'on y est irrésistiblement attiré et s'abstenir encore dès que la conception se manifeste.

VI. —Le Mariage
1

Il est bon à l'homme de ne point toucher la femme. Mais, pour ne pas commettre d'adultère, que chacun ait sa femme et que chaque femme ait son mari.

I COR., VII, 1-2.
2

La doctrine chrétienne ne donne pas les mêmes règles pour tout et pour tous; elle ne fait qu'indiquer la perfection vers laquelle il faut tendre. Il en est ainsi pour la question sexuelle: la perfection, c'est la chasteté absolue. Tout effort vers la chasteté absolue constitue une observation plus ou moins grande dé la doctrine.

 
3

Pour toucher une cible, il faut viser plus loin. De même pour que le mariage soit indissoluble et les deux époux fidèles l'un à l'autre, il faut que tous deux tendent à la chasteté.

4

Si l'homme cherche le plaisir dans les rapports sexuels, même entre époux, ainsi que cela arrive parmi nous, il tombera sûrement dans le vice.

5

La cohabitation entre homme et femme ayant des enfants pour résultat est le mariage réel; toutes les cérémonies extérieures ne font pas le mariage, mais ne s'emploient que pour reconnaître comme mariage une seule union entre beaucoup d'autres.

6

La véritable doctrine chrétienne ne contient aucune allusion à l'institution du mariage. Aussi, les chrétiens de notre temps qui s'en aperçoivent, mais ne voient pas l'idéal du Christ (qui est la chasteté absolue) parce qu'il leur est voilé par l'Eglise, demeurent, quant au mariage, sans aucune règle de conduite. C'est à cela que tient le fait, étrange au premier abord, que chez les peuples professant des doctrines bien moins élevées que le christianisme, mais possédant une définition exacte du mariage, l'esprit de famille, la fidélité conjugale sont bien plus développés que chez les soi-disant chrétiens.

Les peuples qui professent des doctrines inférieures au christianisme admettent le concubinage, la polygamie et la polyandrie dans certaines limites, mais ils évitent en revanche la dépravation qui se révèle par le concubinage, la polygamie et la polyandrie qui régnent parmi les chrétiens et sont masqués par la monogamie apparente.

7

Pour que le mariage soit un acte sage et moral, il faut:

Primo: Ne pas penser que chaque homme ou chaque femme doit absolument se marier, mais se dire, au contraire, qu'il est préférable de rester pur pour que rien ne nous empêche de consacrer toutes nos forces à servir Dieu.

Secundo: Considérer les rapports sexuels comme un mariage indissoluble. (MATTH., XIX, 4-7).

Tertio: Ne pas considérer le mariage comme un encouragement à la satisfaction des désirs charnels, mais comme un péché qui doit être expié par l'accomplissement des devoirs de famille.

VII —Les enfants servent à l'expiation du péché mortel
1

Si les hommes pouvaient atteindre la perfection et devenir chastes, le genre humain s'éteindrait et n'aurait plus de raison d'exister sur la terre, parce que les hommes seraient devenus pareils aux anges qui ne se marient pas, comme il est dit dans l'Evangile. Mais tant que les hommes ne sont pas arrivés à la perfection, ils doivent produire leur progéniture pour qu'en se perfectionnant, la postérité puisse atteindre à la perfection à laquelle l'homme tend.

2

Le mariage, le vrai mariage qui a pour mission la production et l'éducation des enfants, est un moyen indirect de servir Dieu par les enfants. «Si je n'ai pas fait ce que je pouvais et devais faire, mes enfants le feront.»

C'est pourquoi les gens qui se marient éprouvent toujours un certain apaisement. Ils ont le sentiment de la possibilité de transmettre une partie de leurs obligations à leurs enfants à venir. Mais ce sentiment n'est légitime qu'au cas où les époux élèvent leurs enfants de façon qu'ils ne soient pas une entrave à l'œuvre divine, mais ses ouvriers. La conviction que si je n'ai pas pu me consacrer entièrement au service de Dieu, je ferai tout mon possible pour que mes enfants le fassent – cette conviction donne un sens moral au mariage ainsi qu'à l'éducation des enfants.

3

Bénie soit l'enfance qui, au milieu des cruautés de la terre, laisse entrevoir un peu de ciel! Les 80.000 naissances quotidiennes dont parle la statistique, constituent le débordement d'innocence et de fraîcheur, luttant non seulement contre l'extinction de l'espèce, mais encore contre la corruption humaine et contre une infection générale par le vice. Tous les bons sentiments éveillés par le berceau et l'enfance sont un des mystères de la grande Providence; supprimez cette rosée vivifiante, et la rafale des passions égoïstes séchera, comme par le feu, la société humaine.

Si l'humanité se composait d'un milliard d'êtres immortels, dont le nombre ne pourrait ni augmenter ni diminuer, où serions-nous et que serions-nous, Grand Dieu! Nous serions incontestablement mille fois plus savants, mais aussi mille fois plus mauvais.

Bénie soit l'enfance pour le bonheur qu'elle donne elle-même, pour le bien qu'elle fait sans le savoir et sans le vouloir en obligeant, en permettant de l'aimer! Ce n'est que grâce à elle que nous apercevons une parcelle de paradis sur terre. Bénie soit également la mort! Les anges n'ont pas besoin de naître, ni de mourir pour vivre; mais, pour les hommes, l'un et l'autre sont nécessaires, indispensables.

AMIEL.
5

Les gens riches, qui considèrent les enfants comme une entrave au plaisir, un accident malheureux ou une sorte de jouissance quand il en naît un nombre fixé à l'avance, ne les élèvent pas en vue de la mission humaine qu'ils auront à accomplir en tant qu'êtres intelligents et affectueux, mais en vue des plaisirs qu'ils peuvent donner à leurs parents. Les enfants de tels parents sont, pour la plupart, entourés de soins en vue de les rendre propres, blancs, rassasiés, beaux, et, par conséquent, douillets et sensuels.

Les costumes, les lectures, les spectacles, la musique, la danse, la bonne chair, tout l'arrangement de leur existence, depuis les images sur les boîtes, jusqu'aux romans, nouvelles et poèmes, ne fait qu'exciter leur sensualité, ce qui suscite chez les enfants des classes aisées les plus bas vices et les maladies sexuelles.

CHAPITRE IX
DE L'OISIVETÉ

Il est injuste de demander aux hommes plus de travail qu'on ne peut leur en donner soi-même. Mais comme on ne saurait peser si on donne aux autres plus qu'on ne leur demande, qu'en outre, on peut à tout moment faiblir ou tomber malade et qu'on devra alors prendre sans donner, on doit, tant qu'on a des forces, tâcher de travailler pour les autres le plus possible et leur demander le moins de travail possible.

I. —L'homme commet un grand pèché s'il profite du travail d'autrui sans travailler lui-même
1

Celui qui ne veut pas travailler n'a pas le droit de manger.

Apôtre PAUL
2

En te servant de n'importe quel objet, souviens-toi que c'est le produit du travail humain et que, lorsque tu dépenses, supprimes ou abîmes cet objet, tu dépenses le travail et parfois la vie humaine.

3

Celui qui ne se nourrit pas de son propre travail et fait travailler les autres pour soi est un cannibal.

Sagesse orientale.

4

Toute la morale chrétienne en son application pratique se réduit à considérer tous les hommes comme des frères, à être l'égal de tous; et pour arriver à cela, il faut, avant tout, cesser de faire travailler les autres pour soi et, dans l'organisation sociale actuelle, profiter le moins possible du produit du travail des autres, de tout ce qui s'acquiert pour de l'argent, dépenser le moins d'argent et vivre le plus simplement possible.

5

Ne fais pas faire aux autres ce que tu peux faire toi-même. Que chacun balaye devant sa porte. Si chacun agit ainsi, toute la rue sera propre.

6

Quelle est la meilleure nourriture? Celle que vous avez gagnée vous-même.

MAHOMET.
7

Il est très utile pour les gens riches d'abandonner pour un certain temps leur vie luxueuse et de vivre, ne serait-ce que quelques jours, comme les ouvriers, en faisant soi-même tout ce que les salariés font chez les gens riches; si le riche faisait ainsi, il verrait le grand péché qu'il commet en faisant travailler les autres.

8

Ceux qui vivent dans le luxe ne peuvent pas aimer les hommes. Ils ne le peuvent pas, parce que tout ce dont ils se servent est fait à contre-cœur, par nécessité, souvent avec des malédictions, par ceux qu'ils forcent à les servir. Pour que ces gens-là puissent aimer leurs prochains, ils doivent tout d'abord cesser de les tourmenter.

II. —La loi du travail n'est pas pénible, mais agréable à accomplir
1

Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front. C'est une loi immuable. De même que la femme obéit à la loi de l'enfantement dans la souffrance, l'homme doit obéir à la loi dure du travail. La femme ne peut se libérer de son sort. Si elle adopte un enfant qui n'est pas né d'elle, ce sera, malgré tout, un étranger et elle sera privée des joies de la maternité. Il en est de même pour le travail des hommes. Lorsqu'un homme mange le pain qu'il n'a pas gagné, il se prive des joies du travail.

BONDAREV 6.
2

L'homme craint la mort à laquelle il est soumis. L'homme qui ne connaît ni le bien ni le mal semble plus heureux, mais il est irrésistiblement attiré à les connaître.

L'homme aime l'oisiveté et la satisfaction des désirs sans souffrances, mais ce n'est que le travail et les souffrances qui lui donnent la vie, à lui et à toute son espèce.

3

C'est une grande erreur que de supposer que les hommes peuvent avoir une vie spirituelle élevée, alors que leur corps demeure dans le luxe et l'oisiveté. Le corps est toujours le premier élève de l'âme.

THOREAU.
4

Si l'homme vit seul et se dispense de la loi du travail, il en est immédiatement puni par le fait que son corps s'anémie et s'affaiblit. Si l'homme vit dans l'oisiveté et force les autres à travailler pour lui, il s'en trouve immédiatement puni par ce fait que son âme s'obscurcit et s'abaisse.

5

L'homme vit d'une vie spirituelle et d'une vie matérielle. Il y a une loi pour la vie spirituelle et une autre pour la vie matérielle. La loi de la vie matérielle, c'est le travail, et la loi de la vie spirituelle, c'est l'amour. Si l'homme déroge à la loi matérielle, celle du travail, il dérogera inévitablement à la loi spirituelle, celle de l'Amour.

6

Bien que les habits offerts par le roi soient magnifiques, ceux qu'on se fait soi-même sont meilleurs: bien que la nourriture des riches soit bonne, le pain que l'on gagne soi-même est le meilleur plat.

SAADI.
7

La puissance divine égalise les hommes: elle prend à ceux qui ont beaucoup et donne à ceux qui ont peu. L'homme riche a plus de choses, mais elles lui donnent moins de plaisir. Le pauvre a moins de choses, mais plus de plaisir. L'eau puisée à la source et une croûte de pain semblent bien meilleures au pauvre travailleur, que les mets et les boissons les plus chers le paraissent à l'oisif. Le riche blasé ne trouve plus goût à rien. Pour le travailleur, la nourriture, la boisson et le repos sont chaque fois un plaisir nouveau.

8

L'enfer est caché par les plaisirs, le paradis par le travail et les malheurs.

MAHOMET.
9

Sans travail manuel, il n'y a pas de corps sain, il n'y a pas non plus de pensées saines.

10

Si tu veux toujours être de bonne humeur, travaille jusqu'à la fatigue, mais non pas au-dessus de tes forces. L'oisiveté rend les gens mécontents et méchants. Il en est de même lorsqu'on travaille trop.

 
11

La meilleure et la plus pure joie est celle du repos après le travail.

KANT.
III. —Le meilleur travail est le travail agricole
1

Tous les hommes reconnaîtront avec le temps la vérité comprise depuis longtemps par les grands esprits de tous les peuples; la plus grande vertu de l'humanité consiste dans la soumission aux lois de l'Être suprême. «Tu es cendre et tu redeviendras cendre». C'est la première loi que nous apprenons sur notre vie; la deuxième loi commande la culture de la terre dont nous sommes issus et à laquelle nous retournerons. C'est en cultivant cette terre avec l'amour pour des bêtes et des plantes que cette culture exige, que l'homme comprend et vit le mieux sa vie.

J. RUSKIN.
2

L'agriculture n'est pas l'une des occupations propres à l'homme. L'agriculture est une occupation propre à tous les hommes; ce travail leur donne le plus de liberté et le plus d'honneur.

3

La terre dit à celui qui ne la cultive pas: parce que tu ne me travailles pas de la main droite et de la main gauche, tu resteras éternellement à la porte des hommes avec tous les autres quémandeurs; tu n'auras jamais que les restes des riches.

ZOROASTRE.
4

La vie des hommes de notre temps est organisée de façon que la plus grande rémunération est obtenue pour un travail vain et inutile: dans les confiseries, les fabriques de tabacs, les pharmacies, les banques, le commerce, la littérature, la musique, etc.; et l'on paie bien moins le travail agricole. Si l'on attache de l'importance à la rémunération pécuniaire, cet état de choses est très injuste. Mais si l'on envisage principalement la joie du travail, son influence sur la santé corporelle et ses attraits naturels, c'est très juste.

5

Le travail manuel, le travail agricole surtout, est utile non seulement au corps, mais encore à l'âme. Les gens qui ne travaillent pas de leurs mains, éprouvent des difficultés à comprendre sainement les choses. Ils ne cessent de penser, de parler, d'écouter ou de lire. L'esprit n'a pas de repos, il s'irrite et s'embrouille. Le travail agricole est utile, parce qu'en outre du repos qu'il offre à l'homme, il lui permet d'envisager sainement, simplement et clairement la situation de l'homme dans la vie.

6

J'aime les paysans. Ils ne sont pas assez instruits pour raisonner faussement.

MONTAIGNE.
IV. —Ce qu'on appelle la division du travail, n'est qu'une excuse de l'oisiveté
1

Ces derniers temps on parle beaucoup d'une des raisons principales du succès obtenu par les hommes dans la production et la division du travail. Nous disons: division du travail; mais cette expression n'est pas juste. Dans notre société, ce n'est pas le travail qui est divisé, mais les hommes; ils sont divisés, réduits en petites parcelles d'homme. A la fabrique, un homme ne fait qu'une infime partie de l'objet; de sorte que la partie d'initiative laissée à l'homme ne suffit pas pour faire toute une épingle ou tout un clou; il s'épuise à faire un bout d'épingle ou la tête d'un clou. C'est vrai qu'il serait bon et désirable de fabriquer un grand nombre d'épingles par jour; mais si nous pouvions voir seulement de quel sable nous les frottons, nous aurions réfléchi que ce n'est pas avantageux, pour cette raison que nous les frottons avec le sable de l'âme humaine.

On peut tourmenter les hommes, les mettre aux fers, les atteler comme des bêtes, les tuer comme des mouches en été, et cependant, dans un sens, dans le meilleur, ces hommes peuvent rester libres. Mais écraser leurs âmes immortelles, les étrangler et transformer les gens en machines – c'est la vraie servitude. Seule cette humiliation, cette transformation des hommes en machines force les ouvriers à lutter désespérément et inutilement pour leur liberté dont ils ne conçoivent pas le sens eux-mêmes. Leur animosité n'est pas provoquée par la faim, ni par les atteintes à l'amour propre (ces deux causes ont toujours produit leur effet, mais les bases de la société n'ont jamais été aussi ébranlée que maintenant). Cela ne tient pas à ce que les ouvriers se nourrissent mal, mais à ce qu'ils n'ont pas de plaisir au travail par lequel ils gagnent leur pain; ce qui fait qu'ils considèrent la richesse comme l'unique moyen de plaisir. Ils souffrent moins du mépris que leur témoignent les classes impérieuses que du mépris qu'ils ont pour eux-mêmes, parce que le travail auquel ils sont condamnés les humilie, les déprave, les amoindrit. Jamais plus qu'aujourd'hui les classes supérieures n'ont témoigné autant de sympathie et d'affection pour les classes inférieures, et, cependant, elles n'ont jamais été autant méprisées par celles-ci.

JOHN RUSKIN.
2

L'homme, comme l'animal, doit besogner, employer ses mains et ses pieds. Il peut forcer les autres à faire ce qui lui est nécessaire, mais il devra quand même dépenser à quelque chose ses forces corporelles. S'il ne travaille pas à des choses utiles, raisonnables, il travaillera à des choses inutiles et stupides. C'est ce qui se produit, en effet, parmi les classes aisées.

3

Les classes oisives excusent leur fainéantise par ce qu'elles s'occupent des arts et des sciences nécessaires au peuple. Ces gens se chargent d'en fournir à ceux qui travaillent; malheureusement, ce qu'ils apportent au peuple en fait de science et d'art, est une fausse science et un faux art. Aussi, au lieu de récompenser le peuple de son travail, la science et l'art qu'on lui offre ne font que le tromper et le dépraver.

4

Un Européen vantait devant un Chinois les avantages de la production mécanique: «Elle libère l'homme du travail» disait l'Européen. «La libération du travail serait un grand malheur, répondit le Chinois. Sans travail il n'y a pas de bonheur possible.»

5

L'homme ne peut acquérir la richesse que par trois moyens: le travail, la mendicité et le vol. Ceux qui peinent gagnent peu, justement parce qu'une trop grande part revient aux mendiants et aux voleurs.

HENRY GEORGE.
V. —Les occupations des gens qui se sont libérés de la loi du travail sont toujours vaines et inutiles
1

De même qu'un cheval tournant une roue inclinée ne peut pas s'arrêter et doit toujours avancer, l'homme ne peut pas rester oisif. Par conséquent, un homme qui travaille a tout autant de mérite qu'un cheval monté sur une roue et qui remue les jambes. L'important n'est pas dans le fait que l'homme travaille, mais à quoi il travaille.

2

Ceux qui se sont dispensés du travail manuel peuvent être intelligents, mais rarement raisonnables. Si l'on écrit, imprime et enseignelant de futilités dans nos écoles, si notre littérature, notre musique, nos tableaux sont si subtils, si peu compréhensibles pour tous, c'est parce que tous ceux qui s'en occupent se sont libérés du travail manuel et mènent une vie oisive.

D'après EMERSON.
3

Les hommes cherchent le plaisir d'un côté et d'autre parce qu'ils sentent le vide de leur existence, mais ne sentent pas encore le vide du nouveau plaisir qui les attire.

PASCAL.
4

Personne n'a encore calculé les millions de journées de dur travail et, peut-être des milliers de vies qui se dépensent à préparer les distractions. C'est pour cette raison que les distractions de notre monde ne sont pas joyeuses.

VI. —Le mal de l'oisiveté
1

On ne peut avoir honte d'aucun travail même du plus malpropre; seule l'oisiveté doit faire honte.

2

Les gens oisifs et riches n'ont qu'un souci – c'est de tirer orgueil de leur luxe. Ils sentent que, sans cela, tous les mépriseraient comme ils le méritent.

3

Honte à l'homme à qui l'on doit conseiller de prendre sur la fourmi l'exemple de l'amour pour le travail. Doublement honteux à lui quand il ne suit pas ce conseil.

Le Talmud.
4

L'oisiveté devrait figurer parmi les tourments de l'enfer, et c'est elle qui se trouve placée parmi les joies du paradis.

MONTAIGNE.
5

Celui qui ne fait rien a toujours de nombreux aides.

6

Ne fais jamais faire par les autres ce que tu peux faire toi-même.

7

Le doute, la tristesse, l'abattement, l'indignation, le désespoir, tous ces démons veillent sur l'homme, et dès qu'il mène une vie oisive, ils l'attaquent. Le moyen le plus sûr de se protéger contre ces démons, c'est un travail corporel assidu. Dès que l'homme se met à cette besogne, aucun démon n'ose plus l'approcher et ne fait que grogner de loin.

CARLYLE.
8

Le démon, lorsqu'il pèche les hommes à la ligne, se sert de différentes amorces. Mais l'homme oisif n'a pas besoin d'amorce, il se fait prendre sans amorce.

9

Il est préférable de prendre une corde, d'aller chercher du bois dans la forêt et de le vendre pour acheter du pain que de demander aux gens de vous en donner. Si l'on vous refuse, vous en aurez du dépit; si on vous le donne ce sera pis encore: vous aurez honte.

MAHOMET.
10

Il y avait une fois deux frères; l'un travaillait chez un seigneur, l'autre vivait du travail de ses mains. Le frère riche dit un jour au pauvre:

– Pourquoi ne vas-tu pas travailler chez le seigneur? Tu ne connaîtrais pas de besogne pénible.

A cela le pauvre répliqua:

– Pourquoi ne travailles-tu pas? Tu ne connaîtrais pas d'humiliation ni de servitude.

Les sages disent qu'il est préférable de manger tranquillement le pain qu'on a gagné, que de porter une écharpe d'or et d'être le serviteur d'un autre. Il est préférable de pétrir la chaux et l'argile de ses mains, que de joindre ses mains sur la poitrine en signe d'humilité.

SAADI.
11

Ne pas rester à la porte des riches et ne pas parler d'une voix de quémandeur – c'est la meilleure vie. Et, afin que cela n'arrive pas, il ne faut pas craindre le travail.

HOTOPADEZÉ hindou.
12

Si tu ne veux pas travailler, humilie-toi, ou opprime les autres.

13

L'aumône d'une pauvre veuve est égale aux plus riches dons, avec cette différence qu'elle est la vraie charité.

Seuls les pauvres qui travaillent peuvent avoir la joie de la charité. Les riches, les oisifs, en sont privés.

6Paysan russe, auteur d'un ouvrage sur la loi du travail. Tolstoï a connu l'auteur et commenté son ouvrage. (N. du trad.)

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