Бесплатно

Le nain noir

Текст
iOSAndroidWindows Phone
Куда отправить ссылку на приложение?
Не закрывайте это окно, пока не введёте код в мобильном устройстве
ПовторитьСсылка отправлена

По требованию правообладателя эта книга недоступна для скачивания в виде файла.

Однако вы можете читать её в наших мобильных приложениях (даже без подключения к сети интернет) и онлайн на сайте ЛитРес.

Отметить прочитанной
Шрифт:Меньше АаБольше Аа

CHAPITRE VIII

 
«Aux armes! à cheval! ne perdons pas leur trace,
«S'écria le Laird en courroux.
«Si quelqu'un refusait de marcher avec nous,
«Qu'il ne vienne jamais me regarder en face.»
 
Ballade des frontières.

– A cheval! à cheval! lance au poing! s'écria Hobby en rejoignant la troupe qui l'attendait.

Plusieurs déjà avaient le pied à l'étrier; et, pendant qu'Elliot cherchait à la hâte des armes, chose difficile dans ce désordre, le vallon retentit de l'approbation bruyante de ses amis.

– A la bonne heure, Hobby, dit Simon d'Hackburn; je vous reconnais. Que les femmes pleurent et gémissent, rien de mieux; mais les hommes doivent rendre aux autres ce qu'on leur a fait; c'est la sainte Écriture qui l'a dit.

– Taisez-vous, dit un vieillard d'un air sévère; n'abusez pas de la parole de Dieu, vous ne connaissez pas la chose dont vous parlez.

– Avez-vous quelques nouvelles, Hobby? êtes-vous sur la voie? Mes braves, ne nous pressons pas trop, dit le vieux Dick de Dingle.

– Que signifie de venir nous prêcher maintenant? dit Simon à celui qui l'avait repris. Si vous ne savez pas vous défendre, laissez faire ceux qui le peuvent.

Puis, s'adressant au vieux Dick: – Est-ce que vous croyez que nous ne connaissons pas la route d'Angleterre aussi bien que la connaissaient nos pères? N'est-ce pas de là que viennent tous les maux? C'est l'ancien proverbe, et il dit vrai: Allons en Angleterre, comme si le diable nous poussait vers le sud.

– Nous suivrons la trace des chevaux d'Earnscliff, dit un Elliot.

– Je la reconnaîtrais dans la lande la plus obscure du Border, quand on y aurait tenu foire la veille, dit Hugh, le maréchal-ferrant de Ringleburn, – car c'est toujours moi qui chausse son cheval.

– Lâchez les limiers, dit un autre; où sont-ils?

– Oui, oui, la terre est sèche: la piste ne ment jamais!

Hobby siffla ses chiens qui erraient en hurlant autour des cendres de la ferme.

– Allons, Killbuck, dit Hobby, prouve-nous ton savoir-faire aujourd'hui. Et puis, comme éclairé d'une lumière soudaine, il ajouta: Mais le sorcier m'a dit quelque chose de tout ceci; il peut fort bien savoir ce qui en est, soit par les coquins de ce monde ou les diables de l'autre: il me le dira, ou je le lui ferai dire avec mon couteau de chasse.

Hobby donna ses instructions à ses camarades: – Que quatre d'entre vous avec Simon courent du côté de Groemes-Gap. Si les brigands sont des Anglais, ils auront pris ce chemin. Que les autres se dispersent de deux en deux ou de trois en trois dans les bruyères, et qu'ils m'attendent au Trysting-pool (L'étang du rendez-vous). Qu'on dise à mes frères, quand ils arriveront, de venir nous y joindre; pauvres garçons, ils seront aussi désolés que moi; ils ne se doutent guère dans quelle maison de deuil ils apportent notre venaison. – Pour moi, je vais au galop jusqu'à Mucklestane-Moor.

– Et si, j'étais que de vous, dit alors Dick de Dingle, je parlerais au bon Elsy, il peut tout vous dire, s'il est d'humeur à répondre.

– Il me le dira, reprit Hobby occupé à préparer ses armes, ou je saurai pourquoi.

– Oui, mon enfant! mais parlez-lui bien. Ces gens-là n'aiment pas qu'on les menace. Leurs communications avec les esprits les rendent assez susceptibles.

– Ne vous inquiétez pas. Je suis en état aujourd'hui de braver tous les sorciers du monde et tous les diables de l'enfer. Et, se jetant sur son cheval, il partit au grand trot.

Bientôt, malgré l'impatience dont il était tourmenté, ne sachant pas le chemin que son cheval aurait à faire dans la journée, il n'osa plus presser sa marche. Il eut donc le temps de réfléchir sur la manière dont il devait parler au Nain, afin de tirer de lui tout ce qu'il pouvait savoir relativement aux malheurs qui lui étaient arrivés. Quoique vif et franc, comme la plupart de ses compatriotes, il ne manquait pas de cette adresse qui est aussi un de leurs traits caractéristiques. D'après la conduite de cet être mystérieux, le soir où il l'avait vu pour la première fois, et d'après tout ce qu'il en avait remarqué depuis ce temps, il prévit que les menaces et la violence n'obtiendraient rien de lui.

– Je lui parlerai avec douceur, pensa-t-il, comme le vieux Dickon me l'a conseillé. On a beau dire qu'il est ligué avec Satan, il n'est pas possible que ce soit un diable assez incarné pour ne pas avoir pitié de la position où je me trouve. D'ailleurs, il a plus d'une fois rendu service au pauvre monde. J'aurai donc soin de me modérer, je tâcherai de toucher son coeur; mais, si je n'en tire rien par la douceur, je serai toujours à temps de lui tordre le cou.

C'est dans ces dispositions qu'il s'approcha de la chaumière du solitaire. Elsy n'était pas sur son siège d'audience, et Hobby ne put le découvrir dans son jardin ni dans son enclos.

– Il est enfermé dans le fond de son donjon, dit-il; il n'en voudra peut-être pas sortir; mais tâchons de le toucher par les oreilles d'abord, avant de m'y prendre autrement.

Élevant alors la voix, et du ton le plus suppliant qu'il lui fut possible de prendre: – Mon bon ami Elsy! criat-il… Point de réponse… – Bon père Elsy!.. même silence.

– Que le diable emporte ta chienne de carcasse! dit-il entre ses dents… Mon bon Elsy, n'accorderez-vous pas un mot d'avis au plus malheureux des hommes?

– Malheureux! dit le Nain, tant mieux!

Ces mots se firent entendre à travers une petite lucarne qu'il avait pratiquée au-dessus de sa porte, et par où il pouvait voir ce qui se passait hors de sa maison, sans être lui-même aperçu.

– Tant mieux! Elsy; et pourquoi tant mieux? N'avez-vous pas entendu que je vous ai dit que j'étais le plus malheureux des hommes?

– Croyez-vous m'apprendre une nouvelle? Avez-vous oublié ce que je vous ai dit ce matin?

– Non, Elsy, et c'est parce que je m'en souviens que je reviens vous voir. Celui qui a si bien connu le mal doit pouvoir en indiquer le remède.

– Il n'y a point de remède aux maux de ce monde. Si j'en connaissais un, je commencerais par l'employer pour moi-même… N'ai-je pas perdu une fortune qui aurait suffi pour acheter cent fois toutes les montagnes? un rang auprès duquel ta condition n'est que celle du dernier paysan? une société où je trouvais tout ce qu'il y a d'aimable et d'intéressant?.. N'ai-je pas perdu tout cela? ne vis-je pas ici comme le rebut de la nature, dans la plus affreuse des retraites, et plus affreux moi-même que les objets horribles qui m'environnent? Et pourquoi d'autres vermisseaux se plaindraient-ils d'être foulés aux pieds de la destinée, quand je me trouve moi-même écrasé sous la roue de son char?

– Vous pouvez avoir perdu tout cela, dit Hobby avec émotion, terres, amis, richesses; mais vous n'avez jamais éprouvé un chagrin comme le mien: jamais vous n'avez perdu Grâce Armstrong. Et maintenant, adieu toutes mes espérances, je rie la verrai plus!

Ces mots furent prononcés avec la plus vive émotion; et, comme s'ils avaient épuisé ses forces, Hobby garda le silence quelques instants. Avant qu'il eût pu reprendre assez de résolution pour adresser au Nain quelques nouvelles prières, le bras nerveux d'Elsy se montra à la lucarne, tenant en main un gros sac de cuir qu'il laissa tomber.

– Tiens, voilà le baume qui guérit tous les maux des hommes. C'est ainsi qu'ils le pensent au moins, les misérables! Va-t'en. Te voilà deux fois plus riche que tu ne l'étais hier. Ne me fais plus de questions ni de plaintes elles me sont aussi odieuses que les remerciements.

– C'est en vérité de l'or! dit Hobby en faisant sonner le sac. Et s'adressant de nouveau au solitaire: – Elsy, lui dit-il, je vous remercie de votre bonne volonté, mais je voudrais vous donner une reconnaissance de cet argent et une sûreté sur nos terres. Cependant, pour vous parler librement, je ne me soucierais pas de m'en servir avant de savoir d'où il vient. Je ne voudrais pas que, lorsque j'en donnerai à quelqu'un, il vînt à se changer en ardoises.

– Sot ignorant! s'écria le Nain, jamais poison plus véritable n'est sorti des entrailles de la terre. Prends-le, fais-en usage, et puisse-t-il te profiter aussi bien qu'à moi!

– Mais je vous dis que ce n'est pas tant l'argent qui me touche. Il est bien vrai que j'avais une jolie ferme, et les trente plus belles têtes de bétail du pays; mais ce n'est pas ce qui me tient au coeur: si vous pouviez me donner quelques nouvelles de la pauvre Grâce, je consentirais volontiers à être votre esclave toute ma vie, sauf le salut de mon âme. Parlez, Elsy, parlez!

– Hé bien donc, reprit le Nain, comme poussé à bout par ces importunités, puisque tes propres malheurs ne te suffisent pas, et que tu veux y ajouter ceux d'une compagne, cherche celle que tu as perdue, du côté de l'ouest.

– L'ouest, Elsy? c'est un mot bien vague!

– C'est mon dernier.

A ces mots, il ferma la lucarne, et ne répondit plus à tout ce qu'Hobby lui dit encore.

– L'ouest, pensa Elliot. Mais le pays est tranquille de ce côté.

Serait-ce Jack du Todholes? Il est trop vieux pour faire un pareil coup. L'ouest! par ma vie ce doit être Westburnflat (Ouest). Elsy, Elsy, encore un mot, un seul mot!

«Est-ce Westburnflat? Répondez-moi! je ne voudrais pas m'en prendre à lui s'il est innocent. Point de réponse! Si vous ne me dites rien, je croirai que c'est le bandit. Est-il devenu sourd ou muet? Allons, allons, c'est lui! je ne l'aurais jamais cru. Il faut qu'il ait quelque autre appui que ses amis du Cumberland. Elsy, Elsy! adieu! je n'emporte pas votre argent, parce que je ne veux pas m'en charger. Reprenez-le donc. Je vais rejoindre mes amis au lieu du rendez-vous. Reprenez votre sac quand je serai parti, si vous ne voulez pas m'ouvrir.

 

Le Nain ne fit aucune réponse.

– Il est sourd ou endiablé, ou l'un et l'autre; mais je n'ai pas le temps de disputer avec lui, dit Hobby; et il partit pour le rendez-vous qu'il avait donné à ses amis.

Cinq ou six d'entre eux y étaient déjà arrivés, et le hasard y amena, presque au même instant, Earnscliff et ses compagnons. Ils avaient découvert les traces des bestiaux jusqu'à la frontière. Mais là ils avaient appris qu'une troupe considérable de jacobites était en armes, et qu'on parlait de plusieurs soulèvements dans différentes parties de l'Écosse.

Earnscliff ne regardait donc plus l'événement de la nuit précédente comme l'effet d'un brigandage ordinaire, ou d'une vengeance particulière, mais comme la première étincelle de la guerre civile.

Le jeune homme embrassa Hobby avec tous les témoignages d'un véritable intérêt, et l'informa du fruit de ses recherches.

– Hé bien! dit Hobby, je parierais ma tête qu'Ellieslaw est pour quelque chose dans cette trahison d'enfer, car il est lié avec tous les jacobites du Cumberland; et, comme il a toujours protégé Westburnflat, cela s'accorde assez bien avec ce qu'Elsy m'a fait entendre.

Un autre se rappela qu'une fille de basse-cour d'Heugh-Foot avait entendu les brigands dire qu'ils agissaient au nom de Jacques VIII, et qu'ils étaient chargés de désarmer tous les rebelles; selon d'autres, Westburnflat s'était vanté tout haut qu'il obtiendrait bientôt un commandement dans les troupes jacobites, sous les ordres d'lllieslaw, lorsque celui-ci se serait déclaré, et qu'alors on ferait un mauvais-parti à Earnscliff, et à tout ce qui était attaché au gouvernement.

Le résultat fut qu'on ne douta plus que la troupe de brigands n'eût agi sous les ordres de Westburnflat, peut-être à l'instigation secrète d'Ellieslaw, et qu'on résolut de se rendre sur-le-champ à la demeure du premier, afin de s'assurer de sa personne. Les amis dispersés des Elliot les avaient rejoints pendant leur délibération, et ils se trouvaient plus de vingt cavaliers bien montés et passablement armés.

Un ruisseau sorti d'une étroite ravine des montagnes se, répandait à Westburnflat, sur la plaine marécageuse qui donne son nom à cet endroit. C'est là que l'onde, naguère rapide comme un torrent, change de caractère et devient stagnante, telle qu'un serpent azuré replié sur lui-même pendant son sommeil. Sur une de ses rives et au centre de la plaine s'élevait la tour de Westburnflat, qui était une de ces anciennes maisons fortifiées, jadis si nombreuses sur les frontières. Le terrain s'étendait en esplanade pendant l'espace d'environ cent toises; mais au-delà, ce n'était plus qui une fondrière impraticable pour des étrangers. Les sentiers qui conduisaient à la tour n'étaient connus que du maître et des siens. Mais, parmi les Écossais rassemblés sous les ordres d'Earnscliff, plusieurs pouvaient servir de guides. Quoique le genre de vie du propriétaire fût généralement connu, on était alors si peu scrupuleux sur l'article de la propriété, qu'il n'était pas aussi mal vu qu'il l'eût été dans un pays plus civilisé.

Parmi ses voisins plus paisibles, il était estimé à peu près comme le serait aujourd'hui un joueur, un amateur de combats de coqs, ou un jockey (Horse-Jockey. Un amateur de chevaux); comme un homme enfin dont les habitudes étaient blâmables, et dont la société devait être évitée en général, mais dont on ne pouvait dire après tout qu'il fût flétri de cette infamie ineffaçable attachée à sa profession dans un pays où les lois sont observées. Dans cette circonstance l'indignation qu'il excitait ne venait pas de la nature de ses torts comme maraudeur, mais il avait attaqué un voisin qui ne lui avait fait aucune injure, et surtout un membre du clan d'Elliot, dont la plupart de nos jeunes gens faisaient partie. Il se trouva donc naturellement dans la bande des personnes qui, familières avec les localités de son habitation, conduisirent facilement leurs camarades jusqu'au pied de la tour de Westburnflat.

CHAPITRE IX

 
«Délivre-moi de la donzelle,
«Emmène-la, dit le géant;
«Je ne suis pas si mécréant
«Que de vouloir mourir pour elle.»
 
Romance du Faucon.

La tour était un bâtiment carré de l'aspect le plus sombre. Les murs en étaient très épais: les fenêtres, ou pour mieux dire les fentes qui en tenaient lieu, semblaient avoir été faites, non pour donner entrée à l'air et à la lumière, mais pour fournir aux habitants de l'intérieur les moyens de se défendre contre ceux qui pourraient les attaquer. Une terrasse pratiquée sur le haut était entourée d'un parapet, et donnait à ses défenseurs l'avantage de pouvoir combattre à couvert. Une seule porte, aussi étroite que solide, et revêtue de grosses laines de fer, introduisait dans la tour par un escalier en spirale.

Dès que la troupe se fut arrêtée devant cette habitation, le bras d'une femme, passant au travers d'un créneau dans la partie supérieure de la tour, agita un mouchoir, comme pour implorer du secours.

Hobby, en l'apercevant, en perdit presque l'esprit de joie. C'est la main de Grâce! s'écria-t-il: c'est le bras de Grâce! je les reconnaîtrais entre mille; il n'y en a point de semblables. Il faut la délivrer, mes amis, quand nous devrions démolir la tour de Westburnflat, pierre à pierre.

Earnscliff doutait qu'il fût possible de reconnaître à une telle distance le bras et la main d'une femme, mais il ne voulut rien dire qui pût diminuer les espérances du jeune fermier. On résolut donc de faire une sommation à la garnison.

Les cris de la troupe et le son du cor de chasse dont on s'était muni firent paraître la tête d'une vieille à une des meurtrières avancées.

– C'est la mère du brigand, dit Simon; elle est cent fois pire que lui. La moitié du mal qu'il fait dans le pays est la suite de ses instigations.

– Qui êtes-vous? Que demandez-vous? dit la respectable matrone.

– Nous désirons parler à Williams Groeme de Westburnflat, dit Earnscliff.

– Il n'y est point.

– Depuis quand est-il absent?

– Je ne puis vous le dire.

– Quand reviendra-t-il?

– Je rien sais rien, répondit l'inexorable gardienne.

– Vous n'êtes pas seule dans la tour?

– Seule. A moins que vous ne vouliez compter les rats.

– Ouvrez donc la porte, afin de nous le prouver. Je suis juge de paix, et nous sommes à la recherche d'un crime de félonie.

– Que le diable leur brûle les doigts à ceux qui tireront les verrous pour vous ouvrir; quant à moi, jamais. N'êtes-vous pas honteux de venir trente hommes le pot de fer en tête, avec des épées et des lances, pour faire peur à une pauvre veuve?

– Nos informations sont positives: un vol considérable a été commis; il faut que nous fassions une visite.

– Et l'on a enlevé, dit Hobby, une jeune fille qui vaut cent fois plus que tout ce qu'on a volé.

– Le seul moyen de prouver l'innocence de votre fils, continua Earnscliff, est de nous ouvrir sans résistance, et de nous laisser visiter la maison.

– Oui-dà! Et que ferez-vous donc si je n'ouvre point à une bande de vauriens? dit la portière d'un ton railleur.

– Nous entrerons avec les clefs du roi, et nous casserons la tête à tous ceux qui tomberont sous nos mains, s'écria Hobby exaspéré.

– Gens qu'on menace vivent long-temps, dit la vieille avec le même accent ironique. Essayez, mes amis, essayez; la porte est solide. Elle a résisté à plus forts que vous.

En parlant ainsi, elle se retira en poussant un grand éclat de rire.

Les assiégeants tinrent alors une consultation sérieuse. L'épaisseur des murs était telle, qu'ils auraient pu braver même le canon pendant quelque temps. La porte, toute couverte en fer, était si solide, qu'aucune force humaine ne semblait en état de la forcer.

– Ni tenailles ni marteaux ne pourront y mordre, dit Hugh le maréchal-ferrant de Ringleburn; autant vaudrait l'enfoncer avec des tuyaux de pipe.

Sous l'entrée, à la distance de neuf pieds qui formaient l'épaisseur de la muraille, il y avait une seconde porte en chêne garnie de clous et assurée par de grandes barres de fer en tous sens. Enfin on ne pouvait trop compter sur la sincérité de la vieille, qui prétendait être seule dans la tour: on voyait même, sur le sentier qui y conduisait, des traces récentes qui prouvaient que plusieurs personnes à cheval y étaient entrées depuis peu.

A ces difficultés se joignaient celles de se procurer les moyens d'attaquer. Il ne fallait pas espérer qu'on pût se procurer des échelles assez hautes pour parvenir aux créneaux, et les fenêtres, outre leur élévation, étaient défendues par des verrous. Il ne fallait pas davantage penser à miner la tour, faute d'outils et de poudre. On pensa à convertir l'attaque en blocus; mais pendant ce temps Westburnflat pouvait être secouru par ses confédérés, surtout s'il était à la tête d'un parti jacobite, comme on le soupçonnait; d'ailleurs on manquait d'abri et de provisions.

Hobby grinçait des dents, et tournait autour de la forteresse, sans pouvoir trouver de moyen pour y pénétrer. – Mes amis, s'écria-t-il tout-à-coup, comme frappé d'une inspiration soudaine, faisons comme nos pères; coupons du bois; formons un bûcher contre la porte, et enfumons la vieille sorcière comme un jambon.

On se mit à l'oeuvre à l'instant même. Tous les sabres et tons les couteaux furent employés à couper les buissons et les saules qui croissaient sur les rives d'un ruisseau voisin. On les empila contre la porte, on se procura du feu avec un fusil, et Hobby, tenant en main un brandon de paille enflammée, s'avançait vers le bûcher, quand on vit le bout d'une carabine sortir d'un créneau, et l'on entendit en même temps le brigand s'écrier: – Grand merci, bonnes gens, vous êtes bien bons de travailler à notre provision d'hiver. Mais si l'un de vous avance d'un pas, ce sera le dernier de sa vie.

– C'est ce qu'il faudra voir, dit Hobby, avançant intrépidement la torche à la main.

Le maraudeur fit feu, mais sans atteindre Hobby Earnscliff avait tiré au même instant, et un coup si bien ajusté à travers la meurtrière étroite, que la balle effleura la joue du scélérat et en fit sortir le sang. Il avait probablement calculé que son poste le mettait plus en sûreté, car il ne sentit pas plutôt sa blessure, quoiqu'elle fût très légère, qu'il demanda à parlementer.

– Pourquoi, leur dit-il, venez-vous attaquer de cette manière un homme honnête et paisible?

– Parce que vous retenez une prisonnière, dit Earnscliff, et que nous avons résolu de la délivrer.

– Et quel intérêt prenez-vous à elle?

– C'est ce que vous n'avez pas le droit de nous demander, vous qui la retenez de vive force.

– Ah! je puis bien m'en douter! Au surplus, je n'ai pas envie de me faire une querelle à mort en versant le sang d'aucun de vous, quoique Earnscliff n'ait pas craint de verser le mien, lui qui sait viser si juste. Pour prévenir de plus grands malheurs, je consens à vous rendre ma prisonnière, puisque vous ne vous en irez qu'à cette condition.

– Et tout ce que vous avez volé à Hobby, s'écria Simon, vous n'en parlez pas? Croyez-vous que nous souffrirons que vous veniez piller nos étables comme si c'était le poulailler d'une vieille femme?

– Je sais ce qui est arrivé à Hobby, dit le brigand; mais sur mon âme et conscience, il n'y a pas dans la tour un clou qui lui appartienne: tout a été emporté dans le Cumberland. Je connais les voleurs, je vous promets de lui faire rendre tout ce qui pourra se retrouver. S'il veut aller à Castleton avec deux amis, dans trois jours je m'y trouverai avec deux des miens, et je tâcherai de lui donner satisfaction.

– C'est bon! c'est bon! cria Hobby. Ne parlez pas de cela, dit-il tout bas à Simon; tâchons seulement de tirer la pauvre Grâce des griffes de ce vieux scélérat.

– Me donnez-vous votre parole, Earnscliff, dit le brigand, qui était toujours derrière sa meurtrière, sur votre honneur et sur votre gant, que je serai libre de sortir de la tour et d'y rentrer? je demande cinq minutes pour ouvrir la porte, et autant pour en fermer les verrous, me le promettez-vous?

– Vous aurez tout le temps qui vous sera nécessaire, dit Earnscliff; je vous en donne ma parole sur mon honneur et sur mon gant.

– Écoutez-moi un instant, Earnscliff; il vaudrait mieux que vous fissiez reculer vos gens hors de la portée du fusil, et nous resterions tous deux sans armes, près de la porte de la tour. Ce n'est pas que je doute de votre parole, Earnscliff; mais il est toujours bon de prendre ses précautions.

– Camarade! pensa Hobby en reculant avec ses compagnons, si je te tenais au coin d'un bois, avec seulement deux honnêtes gens pour témoins, tu souhaiterais bientôt de t'être cassé une jambe plutôt que d'avoir touché à rien de ce qui m'appartenait.

 

– Eh bien! dit Simon, scandalisé de le voir capituler si facilement, ce même Westburnflat, après tout, aune plume blanche dans son aile (Expression populaire pour dire: N'est pas si noir un si brave qu'on le dit): il n'est pas digne de mettre les bottes de son père.

Cependant la vieille ouvrit la porte de la tour; Willie en sortit avec une jeune femme, et sa mère resta près de la porte comme en sentinelle.

– La voilà! dit le brigand: je vous la livre saine et sauve; qu'un ou deux d'entre vous s'approchent pour la recevoir.

Earnscliff était immobile de surprise. Ce n'était pas Grâce Armstrong, c'était miss Isabelle Vere qui était devant ses yeux.

– Ce n'est pas Grâce? s'écria Hobby en accourant vers lui et le couchant en joue: où est Grâce? qu'en as-tu fait? parle, ou tu es mort.

– Songez que j'ai donné ma parole, Hobby, dit Earnscliff en détournant son fusil; et tous ses camarades répétèrent, en le désarmant: – Earnscliff a engagé sa main et son gant, sa parole et sa foi; songez, Hobby, que nous devons ne pas trahir notre gage avec Westburnflat, serait-il le plus =rand coquin du monde.

Le maraudeur avait pâli envoyant le geste menaçant d'Hobby; mais il reprit courage en se voyant ainsi protégé.

– Elle n'est pas entre mes mains, dit-il; si vous en doutez, vous pouvez visiter la tour, j'y consens. Au surplus,.j'ai tenu ma parole, j'ai droit d'attendre que vous tiendrez la votre. Mais si ce n'est pas cette prisonnière que vous cherchiez, dit-il à Earnscliff, vous allez me la rendre, car j'en suis responsable envers qui de droit.

– Pour l'amour de Dieu! monsieur Earnscliff, dit Isabelle en joignant les mains d'un air de terreur, n'abandonnez pas une infortunée que tout le monde semble avoir abandonnée.

– Ne craignez rien, dit tout bas Earnscliff; je vous défendrai aux dépens de mes jours. Misérable! dit-il à Westburnflat; comment avez-vous osé insulter cette dame?

– C'est ce dont je rendrai compte, dit le bandit, à ceux qui ont, pour me faire cette question plus de droits que sous n'en pouvez avoir. Songez seulement que, si vous me l'enlevez à force armée, c'est vous qui en serez responsable. Un homme ne peut se défendre contre vingt. Tous les Hommes des Mearns n'en peuvent faire plus qu'ils ne peuvent (C'est-à-dire: ils ont beau être braves, ils cèdent aussi au nombre. Les Mearns ou le comté de Kincardine sont une province d'Écosse).

– C'est un imposteur! dit Isabelle: il m'a arrachée par violence des bras de mon père.

– Peut-être a-t-il eu ses raisons pour vous le faire croire, dit le brigand; au surplus, ce n'est pas mon affaire. Ainsi donc vous ne voulez pas me la rendre?

– Vous la rendre, mon brave! non certainement. Je suis aux ordres de miss Vere, et je suis prêt à la reconduire partout où elle le désirera.

– Cela est peut-être déjà arrangé entre vous deux.

– Et Grâce! s'écria Hobby; et où est Grâce? Croyez-vous que cela se passe ainsi? Et, pendant qu'Earnscliff était tout occupé de miss Vere, il se précipita sur Willie le sabre à la main.

– Un instant, Hobby, dit celui-ci en reculant vers la tour.

Tout en parlant ainsi, il avança vers la porte, que la vieille tenait entr'ouverte, y passa précipitamment, et elle se ferma à l'instant. Hobby voulut le frapper, et ne l'atteignit pas; mais le coup fut si fort, qu'il emporta un gros morceau du linteau de la porte voûtée; la marque en existe encore, et on la montre comme une preuve de la grande vigueur de nos ancêtres.

– Cela n'est pas bien, Hobby, dit le vieux Dick; voilà deux fois que vous manquez à la parole qui a été donnée sur l'honneur et sur le gant. Pour qui voulez-vous donc nous faire passer dans le pays? Willie Westburnflat a tenu sa promesse, nous devons être fidèles à la nôtre. Attendez-le au rendez-vous qu'il vous a donné à Castleton; alors, s'il ne vous rend pas justice, nous prendrons de nouveau les armes contre lui, nous ferons armer tous nos amis, et nous l'enterrerons sous les ruines de sa tour.

Ce froid raisonnement ne versa pas de baume sur les blessures d'Hobby; mais il ne pouvait rien faire sans ses compagnons, et il fut obligé de se soumettre à leur avis.

Pendant ce temps, miss Vere avait témoigné à Earnscliff le désir d'être reconduite sur-le-champ au château d'Ellieslaw chez son père. Earnscliff se disposa à la satisfaire, et cinq à six jeunes gens s'offrirent pour lui servir d'escorte.

Hobby ne fut pas du nombre. Rongé du chagrin que lui avaient fait éprouver tous les événements de cette journée, désespéré surtout de n'avoir pu réussir à retrouver sa chère Grâce, il reprit tristement le chemin de la chaumière d'Annaple, rêvant à ce qu'il pourrait faire pour améliorer la situation de sa famille. Toute la bande des amis d'Elliot se dispersa quand ils eurent traversé le marais. Le maraudeur et sa mère les suivirent de l'oeil, jusqu'à ce qu'ils eussent disparu.

Купите 3 книги одновременно и выберите четвёртую в подарок!

Чтобы воспользоваться акцией, добавьте нужные книги в корзину. Сделать это можно на странице каждой книги, либо в общем списке:

  1. Нажмите на многоточие
    рядом с книгой
  2. Выберите пункт
    «Добавить в корзину»